Au cœur du quartier financier du Québec, des leaders mondiaux, des titans de l’investissement et des innovateurs climatiques se sont réunis cette semaine pour le Sommet de la finance durable Montréal 2024, établissant la ville comme un centre névralgique dans la transition de l’Amérique du Nord vers une économie à faible émission de carbone. Alors que les marchés financiers reconnaissent de plus en plus que le risque climatique est un risque d’investissement, cette rencontre de haut niveau a souligné le rôle émergent du Canada dans la réorientation des flux de capitaux vers des solutions durables.
“Nous assistons à une refonte fondamentale de la finance,” a remarqué Sophie Brochu, ancienne PDG d’Hydro-Québec, lors de son discours d’ouverture. “La question n’est plus de savoir si nous allons faire la transition vers une économie à faible émission de carbone, mais à quelle vitesse nous pouvons mobiliser les capitaux nécessaires pour le faire efficacement.”
Le sommet de trois jours, organisé au Palais des congrès de Montréal, a attiré plus de 1 500 délégués représentant des institutions financières majeures, des fonds de pension et des organisations internationales. Les participants ont exploré des mécanismes de financement innovants conçus pour accélérer la décarbonisation à travers les secteurs économiques tout en veillant à ce que l’équité sociale reste au cœur des solutions climatiques.
La position stratégique du Québec, à la fois comme puissance d’énergie propre et centre financier, a été mise en avant tout au long des discussions. Les abondantes ressources hydroélectriques de la province, combinées à l’écosystème croissant de la finance durable de Montréal, positionnent la région pour potentiellement mener la transition économique verte de l’Amérique du Nord, selon plusieurs panélistes.
“Montréal a tous les éléments nécessaires pour devenir la capitale de la finance durable en Amérique du Nord,” a déclaré Mark Carney, Envoyé spécial des Nations Unies pour l’action climatique et la finance, lors d’un panel sur les centres financiers régionaux. “La concentration d’investisseurs institutionnels, de fonds de pension, d’universités et d’expertise en énergie propre crée un environnement unique pour stimuler l’innovation en matière de finance climatique.”
Un axe majeur du sommet était le besoin pressant de développer les mécanismes de finance climatique. Les leaders de l’industrie ont présenté de nouveaux cadres pour les obligations vertes, les prêts liés à la durabilité et les instruments de financement de transition visant à aider les industries à forte intensité de carbone à se décarboniser. Les présentations ont mis en lumière des études de cas réussies dans les secteurs québécois de la fabrication, du transport et de la construction, démontrant comment des outils financiers stratégiques peuvent considérablement accélérer les réductions d’émissions.
Les leaders financiers autochtones ont offert des perspectives cruciales pour garantir que la finance climatique respecte la souveraineté des communautés et les savoirs traditionnels. “Tout cadre viable de finance climatique doit intégrer les droits et les systèmes de connaissances autochtones dès le départ, pas comme une réflexion après coup,” a souligné Melissa Mollen Dupuis de la communauté innue d’Ekuanitshit lors d’une session sur la finance climatique inclusive.
Le sommet a également abordé les préoccupations croissantes concernant l’écoblanchiment et les défis de crédibilité auxquels font face les allégations de finance environnementale. Les régulateurs et les participants du marché ont discuté des taxonomies en évolution, des exigences de divulgation et des mécanismes de vérification pour assurer l’intégrité des produits financiers durables.
“La transparence est non négociable si nous voulons que la finance durable maintienne sa crédibilité et son efficacité,” a noté Julie Morin, directrice des investissements à la Caisse de dépôt et placement du Québec. “Les investisseurs ont besoin de données cohérentes et comparables pour différencier entre une action climatique significative et un simple effet de façade.”
Au-delà des discussions sur les politiques et la finance, le sommet a présenté une vitrine technologique mettant en avant les innovations canadiennes en technologies climatiques cherchant des investissements pour étendre leurs solutions. Des technologies de capture du carbone à l’optimisation des réseaux électriques par l’IA, ces entreprises représentaient les applications pratiques des cadres financiers discutés dans les salles de conférence.
L’événement s’est conclu avec l’engagement collectif des institutions financières participantes à mobiliser plus de 300 milliards de dollars pour des solutions climatiques d’ici 2030, avec des objectifs d’allocation spécifiques pour les initiatives d’adaptation, d’atténuation et de transition juste à travers le Canada et à l’international.
Alors que les délégués repartaient, une question cruciale planait dans l’air frais du printemps montréalais : les mécanismes financiers sophistiqués et les engagements discutés cette semaine se traduiront-ils par les réductions rapides de carbone dans le monde réel nécessaires pour respecter des échéanciers climatiques de plus en plus urgents?