Dans une position qui pourrait surprendre les acheteurs en difficulté à travers le pays, le ministre du Logement nouvellement nommé, Gregor Robertson, s’est déclaré opposé à la chute des prix immobiliers, signalant un potentiel changement dans la stratégie fédérale du logement qui pourrait affecter des millions de Canadiens.
“L’objectif n’est pas de voir un effondrement du marché immobilier. Cela n’aide personne,” a déclaré Robertson lors d’une entrevue avec Global News lundi, marquant sa première position politique significative depuis sa prise de fonction. L’ancien maire de Vancouver, qui a dirigé la ville pendant une période d’augmentation fulgurante des coûts du logement, a souligné que la stabilisation—et non la dépréciation—demeure l’objectif du gouvernement.
La nomination de Robertson survient à un moment critique de la crise du logement au Canada, où le prix moyen d’une maison se situe autour de 700 000 $ à l’échelle nationale, ayant grimpé d’environ 57 % au cours des cinq dernières années selon l’Association canadienne de l’immobilier. Dans les grands centres urbains comme Toronto et Vancouver, la situation est encore plus grave, avec des prix de référence dépassant 1,2 million de dollars.
Les critiques ont immédiatement remis en question les priorités du ministre, soulignant que les familles canadiennes moyennes doivent maintenant consacrer plus de 60 % de leurs revenus aux coûts du logement dans de nombreux marchés. “Le ministre Robertson semble plus préoccupé par la protection de l’équité des investisseurs que par la résolution du décalage fondamental entre les revenus et les prix des maisons,” a déclaré Jennifer Keesmaat, ancienne urbaniste en chef de Toronto et défenseure du logement.
Cette déclaration représente un contraste notable avec la rhétorique d’urgence sur l’abordabilité qui caractérisait le récent remaniement ministériel du premier ministre Justin Trudeau. Lors de la cérémonie d’assermentation de Robertson, Trudeau a souligné que “rendre le logement abordable pour chaque Canadien” demeurait la priorité du gouvernement, laissant certains observateurs se demander si le maintien de valeurs immobilières élevées s’aligne avec cette mission.
Robertson a défendu sa position en soulignant les relations économiques complexes en jeu. “Il y a des millions de familles canadiennes dont la sécurité financière est liée à la valeur nette de leur maison,” a-t-il expliqué. “Notre approche doit équilibrer le besoin d’une plus grande abordabilité avec la protection des propriétaires actuels contre les chocs financiers.”
Le ministre a esquissé une stratégie axée sur l’augmentation spectaculaire de l’offre de logements grâce à des partenariats fédéraux-provinciaux, la simplification des processus d’approbation et l’élargissement des options de financement pour les premiers acheteurs. Ces mesures, a-t-il suggéré, atténueraient les pressions sur les prix sans déclencher d’instabilité du marché.
Les économistes spécialisés dans le logement ont offert des réactions mitigées aux commentaires de Robertson. “Il existe une préoccupation légitime concernant les effets d’entraînement économiques d’un effondrement du marché immobilier,” a noté Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC. “Cependant, les ratios prix-revenu actuels dans de nombreuses villes canadiennes demeurent fondamentalement insoutenables sans une croissance significative des salaires.”
La perspective de Robertson semble influencée par son expérience à la tête de Vancouver de 2008 à 2018, une période qui a vu la ville devenir l’un des marchés immobiliers les moins abordables du monde malgré diverses interventions municipales. Son mandat a vu l’introduction d’une taxe sur les logements vacants et des restrictions sur les locations à court terme, mais les critiques soutiennent que ces mesures n’ont pas réussi à freiner de manière significative la croissance extrême des prix à Vancouver.
La position du ministre soulève de profondes questions sur l’approche du gouvernement en matière d’équité intergénérationnelle dans la politique du logement. Bien que la protection de l’avoir propre des propriétaires actuels profite aux quelque 66 % de Canadiens qui possèdent une maison, elle risque de prolonger la crise d’abordabilité pour les jeunes générations et les nouveaux arrivants qui peinent à entrer sur le marché.
Alors que Robertson commence à mettre en œuvre sa vision pour le paysage du logement au Canada, la tension fondamentale demeure non résolue : un gouvernement peut-il simultanément protéger les valeurs immobilières élevées tout en rendant le logement abordable pour ceux qui sont exclus du marché? Tandis que les Canadiens observent le déploiement de cette approche politique, ils doivent se demander si stabiliser notre marché du logement à ses niveaux actuels élevés sert véritablement les intérêts à long terme d’un pays où trouver un logement abordable est devenu de plus en plus insaisissable.