Dans un développement majeur qui rouvre les blessures de l’un des épisodes politiques les plus tumultueux de l’Amérique, l’administration Trump a accepté de verser près de 5 millions de dollars canadiens pour régler une poursuite pour mort injustifiée déposée par la famille d’Ashli Babbitt, la femme mortellement abattue lors de l’émeute du Capitole du 6 janvier 2021.
L’entente, finalisée après des mois de négociations confidentielles, marque une conclusion controversée à une affaire qui a polarisé l’opinion publique depuis que Babbitt, une vétérane de l’Armée de l’air et fervente partisane de Trump, a été abattue par un agent de la police du Capitole alors qu’elle tentait de grimper à travers une fenêtre brisée menant au couloir du Président de la Chambre pendant le point culminant de l’insurrection.
“Ce règlement ne devrait pas être considéré comme une admission de faute par l’une ou l’autre partie,” a déclaré Thomas Windom, avocat principal du ministère de la Justice. “Il représente plutôt un accord mutuel pour éviter un litige prolongé qui traumatiserait davantage toutes les parties concernées.”
L’avocat de la famille, représentant le mari d’Ashli, Aaron Babbitt, a qualifié le règlement de “justification douce-amère” tout en soulignant qu'”aucune somme d’argent ne peut remplacer une vie écourtée.” La poursuite avait initialement réclamé 30 millions de dollars en dommages-intérêts, alléguant un usage excessif de la force et un avertissement insuffisant avant le tir fatal.
Les responsables de la police du Capitole ont constamment soutenu que l’agent, le lieutenant Michael Byrd, a agi conformément aux directives du département lorsqu’il a été confronté à ce qu’il percevait comme une menace imminente pour les membres du Congrès qui étaient évacués de la Chambre des représentants. Une enquête interne avait précédemment disculpé Byrd, concluant qu’il avait agi légalement pour défendre les membres du Congrès.
Le règlement survient dans un contexte de polarisation continue concernant les événements du 6 janvier, certains dépeignant Babbitt comme une martyre tandis que d’autres la considèrent comme faisant partie d’une foule violente qui menaçait la démocratie américaine. Les experts juridiques notent que les règlements de cette ampleur dans les affaires de fusillades policières sont inhabituels, particulièrement lorsque l’agent impliqué a été disculpé par des enquêtes formelles.
L’ancienne procureure fédérale Caroline Anderson a déclaré à notre journal: “Ce montant de règlement soulève des questions sur l’influence politique dans le processus décisionnel, surtout étant donné les déterminations antérieures du ministère de la Justice concernant la légalité des actions de l’agent.”
L’accord stipule que 3,8 millions de dollars seront versés directement à la succession de Babbitt, tandis que les fonds restants couvriront les frais juridiques et les dépenses. Le règlement comprend également un accord de non-divulgation concernant certains aspects des négociations, mais pas le montant final.
Les réactions du Congrès se sont divisées selon les lignes de parti, plusieurs législateurs républicains qualifiant le règlement de “justice longtemps attendue,” tandis que des représentants démocrates ont exprimé leur inquiétude quant au précédent que cela pourrait créer pour les futures affaires impliquant des actions policières lors de troubles civils.
L’émeute du Capitole a entraîné cinq décès et environ 140 policiers blessés. Depuis lors, plus de 1 300 personnes ont fait face à des accusations criminelles liées aux événements du 6 janvier, avec des peines allant de la probation à des peines de prison de plusieurs années pour les infractions les plus graves.
Alors que l’Amérique approche d’une autre élection présidentielle, ce règlement rouvre des questions sur la responsabilité gouvernementale, les protocoles d’usage de la force et les divisions politiques persistantes découlant de ce jour fatidique. Cette résolution apportera-t-elle une clôture à un chapitre traumatisant de l’histoire américaine, ou ne fait-elle qu’approfondir les lignes de faille dans la façon dont les citoyens interprètent les événements du 6 janvier 2021?