Stratégie canadienne d’infrastructure numérique pour l’IA, l’identité et l’avenir de la monnaie

Daniel Moreau
7 Min Read
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La révolution numérique n’attend personne. Pendant que nous, Canadiens, débattons des détails de l’adoption technologique, d’autres pays avancent à grands pas avec des stratégies cohérentes d’infrastructure numérique. Nous nous trouvons à un carrefour critique où notre hésitation pourrait nous coûter non seulement des avantages économiques, mais aussi notre souveraineté même dans le domaine numérique.

En me promenant dans le quartier technologique en plein essor de Montréal, le contraste entre notre potentiel et notre trajectoire actuelle est impossible à ignorer. Le Canada possède des centres de recherche en IA de classe mondiale, des développeurs talentueux et des startups innovantes. Pourtant, nous manquons d’infrastructures numériques fondamentales qui permettraient à ces avantages de s’épanouir en leadership mondial.

Trois composantes critiques exigent une attention immédiate : les cadres d’identité numérique, les environnements réglementaires de l’IA et les systèmes de monnaie numérique. Ce ne sont pas des défis distincts, mais des piliers interconnectés d’une stratégie numérique globale dont le Canada a désespérément besoin.

L’identité numérique représente peut-être l’élément le plus crucial et le plus controversé. La pandémie a accéléré notre besoin de vérification d’identité sécurisée et portable, mais les progrès restent fragmentés entre les provinces. Cette approche fragmentaire crée des inefficacités et des vulnérabilités sécuritaires. L’Estonie, un pays de seulement 1,3 million d’habitants, a mis en œuvre un système d’identité numérique complet il y a près de deux décennies, permettant aux citoyens de voter, de payer leurs impôts et d’accéder aux soins de santé en toute transparence. Pendant ce temps, les Canadiens continuent de jongler avec des cartes physiques et des documents comme en 1995.

Les préoccupations concernant la confidentialité entourant l’identité numérique sont légitimes mais peuvent être résolues. La solution n’est pas d’éviter la mise en œuvre, mais d’exiger des systèmes transparents, contrôlés par les citoyens avec des limitations claires. La question n’est pas de savoir si nous avons besoin d’une infrastructure d’identité numérique, mais quelles valeurs elle incarnera.

En parallèle à nos défis d’identité numérique se trouve notre approche de la réglementation de l’IA. Le Canada a produit certains des chercheurs fondateurs de l’IA, mais risque de devenir un suiveur dans l’établissement de cadres de gouvernance. La loi sur l’IA de l’Union européenne fournit un modèle complet qui équilibre l’innovation avec la protection des droits humains. Les réglementations canadiennes actuellement proposées en matière d’IA restent sous-développées en comparaison.

Les enjeux ne pourraient être plus élevés. Les systèmes d’IA prennent de plus en plus de décisions affectant le logement, l’emploi, les soins de santé et l’accès financier. Sans infrastructure et surveillance adéquates, nous risquons d’intégrer des biais existants dans les systèmes automatisés ou de créer des vides réglementaires où les valeurs canadiennes ont peu d’influence.

La monnaie numérique représente le troisième pilier crucial. Bien que la Banque du Canada explore une monnaie numérique de banque centrale, notre approche globale manque d’urgence. La Chine a déjà testé son yuan numérique avec des millions de citoyens, tandis que la Banque centrale européenne avance dans son projet d’euro numérique. Ce ne sont pas simplement des exercices techniques, mais des mouvements stratégiques pour positionner les monnaies nationales à l’ère numérique.

Un dollar numérique canadien pourrait offrir une plus grande inclusion financière, réduire les coûts de transaction et constituer un contrepoids crucial aux cryptomonnaies privées et aux monnaies numériques étrangères. L’alternative – permettre à d’autres nations de définir l’avenir de l’argent – diminuerait notre souveraineté monétaire et notre influence économique.

Les critiques pourraient soutenir que le Canada devrait procéder avec prudence, en tirant les leçons des erreurs des autres. Cette perspective comprend mal la nature de la transformation numérique. Les nations qui établissent les premières infrastructures ne gagnent pas seulement en efficacité – elles écrivent les règles que les autres doivent suivre. Chaque jour de retard diminue notre capacité à garantir que les valeurs canadiennes sont intégrées dans ces systèmes.

Les implications culturelles vont au-delà de l’économie et de la gouvernance. L’infrastructure numérique façonne les interactions sociales, l’accès à l’information et la participation civique. Une approche typiquement canadienne donnerait la priorité à l’inclusivité, à la confidentialité et à la responsabilité tout en favorisant l’innovation.

Ce qui manque n’est pas la capacité technique, mais la volonté politique et la compréhension publique. Nous avons besoin d’une stratégie nationale cohérente qui transcende les cycles électoraux et les silos ministériels. Cela nécessite un leadership prêt à articuler une vision convaincante de l’avenir numérique du Canada – une vision qui répond aux préoccupations légitimes tout en avançant de manière décisive.

L’infrastructure numérique que nous construisons aujourd’hui façonnera la position du Canada dans l’économie mondiale et la société pour les décennies à venir. D’autres nations comprennent cette urgence. Leurs citoyens ont des conversations matures sur les compromis et les valeurs dans les systèmes numériques, tandis que trop de Canadiens restent pris dans des débats simplistes sur l’opportunité d’adopter ou non la transformation numérique.

La question qui se pose à nous n’est pas de savoir si le Canada adoptera éventuellement une infrastructure numérique complète, mais si nous aiderons à la façonner ou si nous hériterons simplement de systèmes conçus par d’autres selon leurs valeurs et intérêts. Le choix, pour l’instant, reste le nôtre. Mais la fenêtre d’influence significative se rétrécit chaque jour qui passe.

En naviguant dans ces enjeux complexes, une chose devient claire : l’inaction n’est pas de la neutralité, mais de l’abdication. L’avenir numérique arrive indépendamment de notre préparation. La seule vraie question est de savoir si le Canada aidera à le construire ou se contentera d’y vivre.

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