Alors que le service postal à travers le Canada s’interrompt en raison du conflit de travail en cours à Postes Canada, les banques alimentaires de Lethbridge font face à des défis sans précédent pour maintenir leurs opérations vitales. Ce qui a commencé comme une négociation de travail s’est transformé en un obstacle majeur pour les organismes de bienfaisance qui dépendent fortement des dons postaux pour nourrir les plus vulnérables de la communauté.
“Chaque jour sans service postal signifie potentiellement des centaines de chèques de dons en attente”, explique Danielle McIntyre, directrice générale de la Banque alimentaire interconfessionnelle de Lethbridge. “Décembre est traditionnellement notre période de dons la plus active, avec près de 40% de notre financement annuel qui arrive par le biais des campagnes postales.”
Cette perturbation ne pouvait pas survenir à un pire moment. Les banques alimentaires partout au Canada signalent déjà des taux d’utilisation record, les établissements de Lethbridge connaissant une augmentation de 23% de clients par rapport à l’année dernière. Cette hausse de la demande a épuisé les ressources précisément au moment où le canal de dons postaux a été coupé.
En réponse, les banques alimentaires locales ont rapidement mis en place des méthodes alternatives de don. La Banque alimentaire de Lethbridge a élargi son portail de dons en ligne, tandis que la Banque alimentaire interconfessionnelle a établi des points de dépôt temporaires dans les principaux centres commerciaux de la ville. Les deux organisations ont établi des partenariats avec des entreprises locales pour créer des points de collecte satellites.
“Nous avons dû nous adapter rapidement”, déclare Maral Kiani Tari, directrice générale de la Banque alimentaire de Lethbridge. “Notre équipe a créé un système de don par SMS quelques jours après la perturbation postale, qui a déjà généré environ 7 800 $ de financement d’urgence.”
La situation met en lumière les implications plus larges du conflit de Postes Canada au-delà de l’inconvénient des colis retardés. Pour les entreprises et les organismes de bienfaisance, le service postal reste une infrastructure critique malgré l’ère numérique. Les chèques d’aide gouvernementale, les avis de facturation et les dons caritatifs transitent encore principalement par ce canal traditionnel.
Les dirigeants politiques locaux ont pris note de la situation. Le maire de Lethbridge, Blaine Hyggen, a récemment rencontré des représentants des banques alimentaires pour discuter des options de soutien municipal. “La ville explore des moyens d’aider avec la logistique temporaire et des campagnes de sensibilisation publique”, a confirmé un porte-parole du bureau du maire.
Particulièrement préoccupant est l’impact sur les donateurs âgés, qui constituent une part importante des soutiens réguliers des banques alimentaires et préfèrent souvent les dons par courrier aux alternatives numériques. Les administrateurs des banques alimentaires estiment qu’environ 35% de leurs donateurs réguliers sont des aînés qui pourraient ne pas facilement passer aux plateformes de don en ligne.
Malgré ces défis, la réponse de la communauté a été encourageante. Plusieurs entreprises locales ont proposé des programmes de dons jumelés, tandis que des bénévoles ont organisé des collectes de quartier pour compléter les provisions qui s’amenuisent.
“Les résidents de Lethbridge ont toujours fait preuve d’une générosité remarquable pendant les périodes difficiles”, note McIntyre. “Nous voyons des gens apporter des dons directement à nos installations en nombre record, ce qui a aidé à compenser certains des impacts de la perturbation postale.”
Alors que le conflit entre Postes Canada et les travailleurs se poursuit sans résolution immédiate en vue, les banques alimentaires se préparent à des adaptations potentielles à long terme. Les deux principales banques alimentaires de Lethbridge développent des canaux de dons alternatifs permanents tout en plaidant pour des exemptions de services essentiels qui permettraient au courrier caritatif de continuer à circuler même pendant les actions syndicales.