Dans une démonstration frappante de sélectivité diplomatique, les ministres des Finances du G7 ont conclu leur réunion cruciale à Stresa, en Italie, cette semaine avec une déclaration commune exhaustive qui a notamment omis toute référence aux préoccupations croissantes concernant les tarifs douaniers mondiaux. L’accord, bien qu’abordant de nombreux défis économiques auxquels font face les principales démocraties mondiales, a stratégiquement contourné ce que de nombreux économistes considèrent comme l’éléphant dans la pièce – la marée montante des politiques commerciales protectionnistes.
“Nous avons atteint un consensus sur des questions financières critiques affectant l’économie mondiale,” a déclaré la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland, qui a participé activement tout au long du sommet de trois jours. “L’esprit de collaboration entre les ministres demeure fort malgré la navigation dans des vents économiques complexes.”
Le document soigneusement rédigé de 27 pages se concentre largement sur les initiatives de finance durable, la réglementation des monnaies numériques et le soutien continu à l’Ukraine, représentant un alignement significatif sur ces questions. Cependant, le silence manifeste de la déclaration sur les tarifs douaniers survient dans un contexte de tensions croissantes suite aux récentes annonces du président américain Joe Biden concernant les tarifs sur l’aluminium et l’acier visant la Chine, et les mesures réciproques envisagées par les nations affectées.
Selon des sources proches des négociations, cette omission n’était pas accidentelle mais plutôt une décision calculée pour maintenir la solidarité sur les domaines d’accord tout en évitant les fractures potentielles sur les divergences de politique commerciale. Cette manœuvre diplomatique reflète l’équilibre délicat que les nations du G7 tentent de maintenir entre la protection des industries nationales et la préservation du système commercial international fondé sur des règles qu’elles ont contribué à établir.
“L’absence de discussions sur les tarifs douaniers dans le communiqué final en dit long sur la fragilité actuelle du consensus mondial sur le commerce,” a expliqué Dre Elena Markova, professeure d’économie internationale à l’Université de Toronto. “Les membres du G7 marchent sur une corde raide entre l’adresse des préoccupations légitimes concernant les pratiques commerciales déloyales et l’évitement d’un cycle destructeur de mesures de rétorsion.”
La déclaration commune réaffirme l’engagement à renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, avec un accent particulier sur les minéraux critiques et la production de semi-conducteurs – des domaines où les démocraties occidentales visent à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Les ministres se sont également engagés à accélérer la mise en œuvre du Cadre commun du G20 pour les traitements de la dette, abordant les préoccupations croissantes concernant la viabilité de la dette souveraine dans les pays en développement après la pandémie.
Les discussions sur les actifs numériques ont abouti à un accord substantiel, les ministres approuvant une approche coordonnée pour réglementer les cryptomonnaies tout en explorant les avantages et risques potentiels des monnaies numériques des banques centrales. Cela représente une étape importante vers l’établissement de normes mondiales dans un secteur de plus en plus important du paysage financier.
La finance climatique a également figuré en bonne place, avec des engagements renouvelés pour mobiliser des capitaux privés pour les transitions vertes et développer des mécanismes de financement innovants pour soutenir les pays en développement dans l’atteinte des objectifs climatiques. Les ministres ont spécifiquement souligné la nécessité de mécanismes transparents de tarification du carbone et de cadres d’investissement durables.
La réunion s’est déroulée dans un contexte d’incertitude continue en Ukraine, les ministres des Finances réaffirmant unanimement leur soutien indéfectible à la nation en difficulté. Ils ont annoncé un paquet supplémentaire de 50 milliards de dollars pour l’aide financière immédiate et les efforts de reconstruction à long terme, démontrant la détermination du G7 à maintenir la solidarité sur ce front malgré les tensions dans d’autres domaines.
Le ministre japonais des Finances Shunichi Suzuki a souligné l’importance des réunions, déclarant: “Malgré nos perspectives différentes sur certaines questions, nous restons fondamentalement alignés sur les valeurs fondamentales et la nécessité d’une action coordonnée pour relever les défis mondiaux.”
Alors que les marchés mondiaux digèrent les implications de cette dernière déclaration des ministres des Finances du G7, des questions se posent inévitablement sur l’avenir de la coopération commerciale internationale. Avec les sentiments protectionnistes gagnant du terrain dans de nombreux pays et la restructuration des chaînes d’approvisionnement s’accélérant, les principales économies mondiales peuvent-elles trouver une voie durable qui équilibre les intérêts nationaux légitimes avec les avantages d’un système commercial ouvert?
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