Le spectre d’une perturbation postale nationale se rapproche alors que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a fermement rejeté la dernière proposition de contrat de Postes Canada, préparant le terrain pour une possible grève dès le 11 novembre. Cette situation menace de perturber la livraison du courrier et des colis à travers le pays au moment même où les entreprises et les consommateurs se préparent pour la cruciale saison des achats des Fêtes.
Les négociations entre Postes Canada et ses 55 000 employés ont atteint une impasse critique après des mois de discussions de plus en plus tendues. Les représentants syndicaux décrivent l’offre de la société comme “tristement inadéquate” sur des questions clés, notamment les augmentations de salaire, la sécurité au travail et la sécurité d’emploi—des préoccupations qui se sont intensifiées depuis que la pandémie a fondamentalement transformé le paysage postal.
“Il ne s’agit pas simplement de rémunération,” a expliqué Jan Simpson, présidente nationale du STTP, lors de la conférence de presse d’hier. “Il s’agit de créer des conditions de travail durables dans un environnement où les volumes de colis ont explosé alors que les effectifs restent stagnants. Nos membres font face à des charges de travail croissantes, des risques de blessures et des heures supplémentaires forcées qui sont devenues normales plutôt qu’exceptionnelles.”
Phil Legault, porte-parole de Postes Canada, a défendu la position de la société, affirmant que leur offre comprend une “augmentation salariale compétitive de 11,5 % sur quatre ans et des améliorations substantielles aux avantages sociaux.” Cependant, les analystes de l’industrie notent que cela est bien en deçà de la demande du syndicat d’une augmentation de 15 % sur trois ans qui s’alignerait mieux avec les taux d’inflation actuels et les pressions du coût de la vie auxquelles font face les travailleurs.
L’arrêt de travail potentiel survient à un moment particulièrement vulnérable pour les entreprises canadiennes qui dépendent fortement des services postaux. Les associations de petites entreprises ont déjà sonné l’alarme sur l’impact dévastateur qu’une grève prolongée pourrait avoir pendant la période critique des achats des Fêtes, alors que beaucoup se remettent encore des contrecoups liés à la pandémie.
“Le moment ne pourrait être pire pour les détaillants,” note Dre Amelia Richardson, économiste du commerce de détail à l’Université de Toronto. “De nombreuses entreprises génèrent 30 à 40 % de leurs revenus annuels pendant la période novembre-décembre. Une perturbation postale maintenant pourrait pousser les consommateurs vers les géants du commerce électronique disposant de réseaux de livraison privés, causant potentiellement des dommages permanents aux petits commerçants canadiens.”
Le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a appelé à intensifier les négociations, soulignant la préférence du gouvernement pour un règlement négocié plutôt qu’une loi de retour au travail, qui a été utilisée lors de précédents conflits postaux. Toutefois, avec la pression croissante des groupes d’affaires et l’approche de la saison des Fêtes, l’intervention gouvernementale demeure une possibilité distincte si les pourparlers continuent de s’enliser.
Pour les consommateurs, la planification d’urgence a déjà commencé. Les institutions financières conseillent à leurs clients de passer à la facturation électronique, tandis que les détaillants en ligne développent leurs relations avec des services de livraison alternatifs. Postes Canada traite environ un million de colis par jour en temps normal—un chiffre qui double généralement pendant la période des Fêtes.
Le conflit met en lumière des défis structurels plus profonds auxquels fait face Postes Canada alors qu’elle navigue dans un marché en rapide évolution. Alors que la livraison de colis a connu une croissance exponentielle—stimulée par les tendances du commerce électronique accélérées pendant la pandémie—le courrier traditionnel poursuit son déclin régulier, soulevant des questions fondamentales sur le modèle d’affaires de la société et les besoins en main-d’œuvre.
Les représentants syndicaux ont également souligné des préoccupations persistantes en matière de sécurité, notant que les blessures des travailleurs postaux ont augmenté de 22 % entre 2021 et 2023, selon les données de Sécurité au travail Canada. Ces statistiques soulignent le tribut physique de la manipulation de volumes accrus de colis avec des infrastructures vieillissantes et ce que les travailleurs décrivent comme des niveaux de personnel inadéquats.
À l’approche de l’échéance du 11 novembre, les deux parties ont programmé des séances de négociation supplémentaires, bien que les observateurs demeurent sceptiques quant à la possibilité de combler les écarts substantiels qui subsistent. Pour des millions de Canadiens et d’entreprises à travers le pays, la question demeure: notre infrastructure postale critique restera-t-elle opérationnelle pendant la saison de livraison la plus importante de l’année, ou nous dirigeons-nous vers une période des Fêtes définie par l’incertitude postale?