Le visage de la faim à Calgary change dramatiquement, avec une révélation surprenante que près de la moitié des clients de la banque alimentaire occupent maintenant un emploi à temps plein—une illustration frappante de comment l’inflation et les coûts du logement ont créé une nouvelle classe de travailleurs pauvres dans le centre économique de l’Alberta.
Selon une enquête approfondie publiée mardi par la Banque alimentaire de Calgary, 45% de leurs clients déclarent être employés à temps plein, tandis que 26% supplémentaires occupent des postes à temps partiel. Ces chiffres dressent un tableau préoccupant de la vulnérabilité économique qui s’étend bien au-delà des groupes traditionnellement marginalisés.
“Nous voyons des personnes qui n’auraient jamais imaginé avoir besoin d’une banque alimentaire se retrouver soudainement dans notre file d’attente,” explique Melissa From, PDG de la Banque alimentaire de Calgary. “Ce sont des individus qui travaillent 40 heures par semaine et qui n’arrivent toujours pas à joindre les deux bouts après avoir payé le loyer et les services publics.”
L’enquête, qui a recueilli les réponses de plus de 3 000 utilisateurs de la banque alimentaire entre février et avril, a révélé que près de 80% des clients citaient le coût des aliments comme leur principal défi, tandis que 61% indiquaient que les dépenses de logement représentaient un fardeau majeur.
Le marché locatif de Calgary a subi une pression importante, avec des loyers moyens augmentant de 15,2% sur douze mois selon les récentes analyses de marché. Combinée à une inflation alimentaire qui dépasse constamment les taux d’inflation généraux, de nombreux Calgariens qui travaillent se retrouvent à faire des choix impossibles entre payer les factures et mettre de la nourriture sur la table.
La répartition démographique remet davantage en question les stéréotypes concernant l’insécurité alimentaire. Bien que les nouveaux Canadiens représentent une portion importante des utilisateurs de la banque alimentaire, l’enquête a montré que 38% des clients sont nés au Canada, et 28% vivent dans le pays depuis plus de cinq ans.
“Ce que nous observons est un changement fondamental de qui a besoin de soutien,” affirme Susan Reynolds, chercheuse en politique sociale à l’Université Mount Royal qui a examiné les résultats. “L’insécurité alimentaire grimpe dans l’échelle économique, affectant des personnes avec un emploi stable et une éducation qui ne peuvent simplement pas étirer leurs dollars assez loin dans l’économie actuelle.”
Le plus préoccupant est peut-être la durée du besoin. L’enquête a révélé que 55% des répondants utilisaient les services de la banque alimentaire depuis plus de six mois, indiquant que l’insécurité alimentaire est devenue une condition chronique plutôt qu’une urgence temporaire pour de nombreux ménages de Calgary.
Les dirigeants municipaux ont reconnu la crise croissante, le conseiller Terry Wong notant que “la sécurité alimentaire devient un problème de politique publique qui nécessite une coordination entre tous les paliers de gouvernement.” La ville a récemment approuvé un financement supplémentaire pour les initiatives communautaires de sécurité alimentaire, bien que les critiques soutiennent qu’une intervention beaucoup plus substantielle est nécessaire.
Alors que Calgary continue de se promouvoir comme une alternative abordable à Toronto et Vancouver, ces résultats soulèvent d’importantes questions sur le véritable coût de la vie dans la ville. Avec près d’un Calgarien sur dix signalant maintenant une forme d’insécurité alimentaire, selon les données de Statistique Canada, la question représente un défi social et économique croissant.
Pour les Calgariens qui travaillent comme James Mendoza, un employé d’entrepôt et père de deux enfants qui a récemment commencé à utiliser la banque alimentaire, la situation est particulièrement démoralisante. “Je fais des heures supplémentaires chaque fois que je peux, mais nous manquons toujours d’argent avant la fin du mois,” explique-t-il. “Je n’aurais jamais pensé me retrouver dans cette situation avec un emploi stable.”
Alors que les prix continuent d’augmenter plus rapidement que les salaires dans de nombreux secteurs, comment nos communautés redéfiniront-elles ce qui constitue la sécurité économique lorsque même un emploi à temps plein ne garantit plus la capacité de répondre aux besoins essentiels?