À l’ombre des majestueuses Montagnes Rocheuses, les forces de sécurité canadiennes orchestrent ce que les responsables décrivent comme “l’opération de sécurité intérieure la plus vaste de l’histoire récente” alors que l’Alberta se prépare à accueillir le Sommet du G7 de 2025. Le terrain montagneux entourant Kananaskis Country présente à la fois un cadre spectaculaire et un défi de sécurité important pour les milliers d’agents qui protégeront les dirigeants mondiaux lors de cette rencontre internationale de haut niveau.
“Nous construisons essentiellement une infrastructure de sécurité à partir de zéro dans un cadre sauvage isolé,” a expliqué le surintendant de la GRC Martin Crawford, qui dirige l’unité de sécurité intégrée supervisant l’opération. “L’isolement géographique offre certains avantages du point de vue de la sécurité, mais nécessite une planification méticuleuse pour assurer des capacités d’intervention rapide sur une vaste zone.”
L’opération réunit la GRC, les forces policières municipales, les Forces armées canadiennes et les agences de renseignement dans un effort collaboratif sans précédent. Plus de 5 000 agents de sécurité seront déployés à travers multiples périmètres de sécurité, utilisant des technologies de surveillance avancées, des unités tactiques spécialisées et un important soutien aérien.
Les experts en sécurité notent que le Sommet du G7 présente des défis distincts par rapport aux événements internationaux précédemment organisés au Canada. Contrairement aux sites urbains, le cadre montagneux limite les points d’accès mais crée plus de terrain à surveiller, selon l’ancienne agente de renseignement de la GRC Alison Schneider.
“L’emplacement éloigné signifie moins de populations civiles à filtrer, mais crée des obstacles logistiques pour tout, des communications à l’intervention d’urgence,” a confié Schneider à CO24 Nouvelles. “Les planificateurs de sécurité doivent tenir compte des rencontres avec la faune, des imprévus météorologiques extrêmes et du maintien de lignes d’approvisionnement sécurisées.”
Le budget de sécurité a déjà dépassé les 350 millions de dollars, les investissements technologiques représentant la plus grande dépense. Cela comprend des systèmes de détection de drones, des centres de commandement mobiles et des réseaux de communication spécialisés conçus pour fonctionner en terrain montagneux où les signaux traditionnels peuvent être compromis.
Les services de police locaux canadiens contribuent avec des ressources importantes, Calgary et Edmonton fournissant des centaines d’agents pour compléter la présence sécuritaire fédérale. L’opération représente un équilibre délicat entre assurer une sécurité absolue pour les dignitaires internationaux tout en minimisant les perturbations pour les communautés et entreprises locales.
“Nous travaillons étroitement avec les intervenants locaux pour développer des protocoles qui maintiennent la sécurité sans restreindre inutilement l’activité économique régionale,” a déclaré la solliciteure générale de l’Alberta Rebecca Thomson. “Le tourisme reste vital pour la région, et nous mettons en œuvre des mesures pour garantir que les visiteurs légitimes puissent toujours accéder aux zones désignées tout en maintenant notre mandat de sécurité.”
Le sommet attirera également des milliers de manifestants, d’activistes et de représentants des médias, créant des considérations de sécurité supplémentaires. Des zones de manifestation désignées ont été établies à des kilomètres du lieu du sommet, avec des équipes spécialisées formées pour gérer les manifestations tout en respectant le droit au rassemblement pacifique.
Les analystes économiques prédisent que l’opération de sécurité à elle seule injectera plus de 150 millions de dollars dans l’économie locale par le biais d’achats d’équipements, d’hébergement et de services. “Au-delà des préoccupations de sécurité immédiates, cela représente une opportunité économique importante pour la région,” a noté l’économiste Dr. Michael Cheng de l’Université de Calgary.
Les planificateurs de sécurité ont étudié de manière approfondie les précédents rassemblements du G7, particulièrement le sommet de 2018 au Québec et celui de 2021 en Cornouailles, en Angleterre, adaptant les protocoles pour faire face aux menaces émergentes tout en intégrant les leçons des opérations passées.
Alors que l’Alberta se prépare à accueillir les dirigeants mondiaux l’été prochain, la question demeure: cette opération de sécurité sans précédent trouvera-t-elle le juste équilibre entre la protection des dignitaires internationaux et la préservation des valeurs ouvertes et démocratiques que le Canada défend sur la scène mondiale?