Les paniers d’achats numériques des consommateurs canadiens pourraient bientôt peser plus lourd sur le portefeuille, alors que de nouvelles mesures tarifaires menacent d’augmenter le coût des achats en ligne. Les analystes économiques sonnent l’alarme : les récents changements de politique du gouvernement fédéral risquent d’affecter considérablement les prix du commerce électronique dans diverses catégories de détail.
“Nous faisons face à ce qui pourrait être une tempête parfaite pour les acheteurs canadiens en ligne,” explique Dr. Amrita Singh, professeure d’économie du commerce de détail à l’Université de Toronto. “La combinaison des nouvelles structures tarifaires avec des chaînes d’approvisionnement déjà sous pression signifie que les consommateurs supporteront probablement le poids de ces coûts supplémentaires.”
Ces changements découlent de l’approche révisée d’Ottawa concernant les accords commerciaux internationaux, qui introduit des tarifs allant de 5% à 18% sur divers produits importés couramment achetés via les plateformes en ligne. Ces augmentations affecteront particulièrement l’électronique, les vêtements et les articles ménagers – des catégories qui dominent les ventes en ligne au Canada.
Les données de Statistique Canada révèlent que plus de 68% des Canadiens font régulièrement des achats en ligne, avec une dépense moyenne par ménage d’environ 4 200 $ par an en transactions numériques. Cette adoption généralisée du commerce électronique rend l’impact des tarifs particulièrement conséquent pour le consommateur moyen.
Michael Thompson, porte-parole du Conseil canadien du commerce de détail, affirme que les entreprises font face à des choix difficiles : “Les détaillants devront soit absorber ces coûts supplémentaires – ce qui est pratiquement impossible dans l’environnement actuel aux marges réduites – soit les répercuter sur les consommateurs. La plupart n’auront d’autre choix que d’opter pour la seconde option.”
Les petits entrepreneurs comme Emily Chen, basée à Toronto, qui exploite une boutique en ligne vendant des articles ménagers importés, se sentent pris au piège. “Mes fournisseurs m’ont déjà informée d’augmentations de prix de 12%. En tant que petite entreprise, je ne peux tout simplement pas absorber ces coûts et rester rentable,” explique Chen.
Les tarifs arrivent à un moment particulièrement difficile, alors que le Canada continue de lutter contre une inflation persistante des biens et services essentiels. Les prévisions économiques suggèrent que ces nouveaux coûts pourraient ajouter entre 250 et 450 $ aux dépenses annuelles d’un ménage canadien typique.
Les groupes de défense des consommateurs réclament des exemptions ciblées pour protéger les biens essentiels contre les hausses de prix. “Nous devons nous assurer que les nécessités restent abordables, particulièrement pour les Canadiens à faible revenu qui étirent déjà chaque dollar,” déclare Janet Williams, directrice de l’Association des droits des consommateurs.
Pendant ce temps, certains acheteurs débrouillards explorent des solutions alternatives, notamment les services d’achat transfrontaliers et la synchronisation des achats autour des seuils d’exemption de droits. Toutefois, les experts avertissent que de telles stratégies comportent leurs propres complications et pourraient ne pas offrir de solutions à long terme.
La situation a créé des défis uniques pour les détaillants multinationaux ayant des activités au Canada. Les entreprises doivent naviguer à travers des ajustements complexes de la chaîne d’approvisionnement tout en maintenant des prix compétitifs dans un marché de plus en plus sensible aux augmentations de coûts.
Alors que les tensions commerciales mondiales continuent de fluctuer, la question demeure : ces mesures tarifaires atteindront-elles leurs objectifs économiques prévus, ou transféreront-elles simplement un fardeau financier supplémentaire aux consommateurs canadiens qui luttent déjà contre la hausse du coût de la vie?