Dans une initiative sans précédent qui témoigne de la réponse stratégique du Canada face aux pressions commerciales croissantes, l’Ontario et le Manitoba ont conclu un accord historique visant à réduire les barrières interprovinciales sur l’alcool—une contre-mesure directe face à la menace imminente des tarifs douaniers promis par Donald Trump sur les importations canadiennes.
L’accord, annoncé hier par le premier ministre ontarien Doug Ford et le premier ministre manitobain Wab Kinew, permettra aux consommateurs des deux provinces d’acheter de l’alcool directement auprès des producteurs au-delà des frontières provinciales, sans les obstacles réglementaires qui frustraient depuis longtemps tant les consommateurs que les acteurs de l’industrie.
“Il s’agit de Canadiens qui soutiennent des Canadiens,” a déclaré le premier ministre Ford lors de l’annonce conjointe à Toronto. “Alors que d’autres cherchent à construire des murs, nous les abattons entre nos provinces. Il ne s’agit pas seulement de faciliter la dégustation d’un verre—c’est une question de renforcement de notre résilience économique face aux menaces extérieures.”
Le moment choisi pour cette coopération interprovinciale n’est guère fortuit. Les promesses électorales de Trump d’imposer des tarifs généralisés de 10 à 25% sur les produits canadiens ont envoyé des ondes de choc à travers le paysage économique canadien, particulièrement dans les secteurs manufacturiers et agricoles qui dépendent fortement du commerce transfrontalier.
Les analystes économiques prévoient que l’industrie de l’alcool pourrait subir d’importantes perturbations si les tarifs proposés par Trump se concrétisent après son retour au pouvoir. Les distilleries, vignobles et brasseries canadiens qui exportent vers les États-Unis pourraient voir leurs ventes américaines chuter jusqu’à 30% sous la structure tarifaire proposée.
“Ce que nous observons est un exemple typique d’autodéfense économique,” explique Dr. Mira Patel, économiste spécialisée en commerce à l’Université de Toronto. “En renforçant les marchés intérieurs, le Canada crée un tampon contre la volatilité commerciale externe. Cet accord sur l’alcool n’est probablement que le début d’une stratégie plus large visant à isoler les industries canadiennes du protectionnisme américain.”
L’accord élimine les exigences complexes en matière de permis et réduit la bureaucratie qui avait effectivement créé des mini-barrières commerciales entre les deux provinces. Les distilleries artisanales du Manitoba et les établissements vinicoles ontariens en bénéficieront immédiatement, les premières projections suggérant une augmentation de 15 à 20% des ventes interprovinciales dès la première année.
Le premier ministre Kinew a souligné les implications plus larges au-delà de l’alcool. “Cet accord représente un modèle de collaboration interprovinciale pour renforcer notre souveraineté économique. Quand les relations internationales deviennent imprévisibles, nous devons consolider nos liens économiques internes.”
Les groupes de défense des consommateurs ont applaudi cette initiative, notant que les Canadiens ont longtemps subi des prix plus élevés et une sélection limitée en raison de barrières commerciales interprovinciales qui remontent aux réglementations post-Prohibition jamais véritablement actualisées pour l’économie moderne.
L’industrie de l’alcool emploie directement plus de 95 000 Canadiens et contribue environ 9,2 milliards de dollars annuellement au PIB du Canada. Les représentants de l’industrie estiment que cet accord pourrait augmenter ces chiffres de façon significative tout en offrant une stabilité cruciale du marché pendant des conditions commerciales potentiellement turbulentes.
La ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, a commenté que l’initiative provinciale s’aligne avec la stratégie plus large d’Ottawa visant à diversifier les relations commerciales du Canada et à renforcer les marchés intérieurs. “Le leadership provincial en matière de réduction des barrières commerciales complète notre approche fédérale pour bâtir une résilience économique,” a déclaré Ng.
Alors que l’investiture de Trump approche et que les menaces tarifaires se profilent davantage à l’horizon politique, la question demeure : ce modèle de coopération provinciale s’étendra-t-il à travers le Canada assez rapidement pour compenser les dommages économiques potentiels d’un protectionnisme américain renouvelé, ou s’agit-il simplement de la première escarmouche dans ce qui pourrait devenir une confrontation économique prolongée avec notre plus grand partenaire commercial?