Dans une percée significative après des mois de négociations tendues, Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont annoncé hier avoir conclu une entente provisoire de quatre ans, évitant de justesse ce qui aurait pu être une perturbation postale nationale affectant des millions de Canadiens. L’accord, qui doit encore être ratifié par environ 55 000 membres du syndicat, représente un moment crucial pour le service postal canadien, alors que les préoccupations grandissent quant à sa viabilité à long terme.
“Cette entente reflète le travail acharné et l’engagement des deux équipes de négociation pour trouver un terrain d’entente durant une période exceptionnellement difficile pour les services postaux dans le monde entier,” a déclaré Megan Johnson, présidente-directrice générale de Postes Canada. “Nous croyons avoir trouvé un équilibre qui respecte les besoins de nos travailleurs tout en tenant compte des réalités financières auxquelles notre organisation fait face.”
L’accord provisoire fait suite à 18 semaines de négociations qui se sont intensifiées à l’approche de l’expiration du contrat précédent. Des sources proches des pourparlers ont révélé à CO24 News que les travailleurs des postes ont obtenu une augmentation salariale annuelle de 3,2 % sur quatre ans, des avantages sociaux améliorés et de nouvelles dispositions concernant la sécurité au travail liées à l’augmentation des volumes de colis – une réponse directe au changement spectaculaire des habitudes postales accéléré par la pandémie.
Le président du STTP, Thomas Reid, a qualifié l’accord de “pas important en avant”, mais a souligné que les membres auront le dernier mot. “Notre comité de négociation estime que cette entente répond à bon nombre de nos préoccupations fondamentales concernant la rémunération, la sécurité au travail et la sécurité d’emploi dans un monde de plus en plus numérique,” a déclaré Reid lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Le service postal canadien navigue en eaux troubles, Canada News rapportant que la société d’État a enregistré une perte d’exploitation de 779 millions de dollars pour l’exercice 2023, marquant sa plus importante perte annuelle depuis plus d’une décennie. Cette tension financière reflète le déclin continu du courrier traditionnel, qui a chuté de près de 40 % depuis 2006, tandis que la société investit massivement dans les infrastructures pour gérer la demande croissante de livraison de colis.
Les analystes financiers qui suivent le secteur CO24 Business notent que l’accord survient à un moment critique pour Postes Canada. “Cette entente équilibre la stabilité immédiate du travail avec le besoin de flexibilité opérationnelle alors que la société poursuit sa transformation,” a expliqué la Dre Elena Karimi, économiste principale au Centre canadien de politiques alternatives. “Cependant, des questions demeurent quant à la viabilité financière des conditions compte tenu de la situation fiscale difficile de la société.”
L’accord introduit plusieurs dispositions innovantes, notamment un comité paritaire syndical-patronal pour explorer de nouveaux flux de revenus et offres de services – une reconnaissance que les deux parties ont un intérêt commun à assurer la viabilité à long terme de Postes Canada. De plus, l’entente inclut des protections renforcées pour les facteurs ruraux et suburbains, répondant à des préoccupations de longue date concernant l’équité salariale entre différentes classifications de travailleurs.
La réaction politique a été prudemment optimiste, le ministre fédéral du Travail qualifiant l’accord de “développement positif pour les services postaux canadiens et l’économie dans son ensemble.” Les critiques de l’opposition ont toutefois remis en question si l’accord répond adéquatement aux défis structurels auxquels fait face Postes Canada sans nécessiter un soutien supplémentaire des contribuables.
Une comparaison internationale suggère que les défis de Postes Canada reflètent ceux auxquels sont confrontés les services postaux du monde entier. Selon l’analyse de World News, les organisations postales des économies développées expérimentent divers modèles de revenus, des services financiers élargis aux partenariats logistiques, alors que les volumes de courrier traditionnel poursuivent leur déclin inexorable.
Le vote de ratification devrait se conclure dans les trois semaines, les dirigeants syndicaux se tournant maintenant vers l’explication des détails de l’accord aux membres à travers le pays. S’il est approuvé, le nouveau contrat serait rétroactif au 1er février 2024 et s’étendrait jusqu’au 31 janvier 2028.
Alors que le service postal canadien se trouve à cette croisée des chemins, une question fondamentale émerge : cet accord peut-il servir de fondement pour réimaginer une institution vieille de 155 ans pour l’ère numérique, ou ne fait-il que reporter des décisions plus difficiles concernant l’avenir des services postaux publics au Canada?