Dans une démonstration significative de coopération interprovinciale, la première ministre de l’Alberta Danielle Smith et le premier ministre de l’Ontario Doug Ford ont officialisé lundi le partenariat économique de leurs provinces, signant plusieurs accords visant à renforcer les liens entre la plus grande et la quatrième plus grande économie du Canada.
Cette rencontre historique à Calgary marque un effort délibéré pour établir ce que les premiers ministres ont décrit comme une “alliance provinciale” axée sur le développement économique, l’harmonisation réglementaire et le soutien mutuel dans un contexte de tensions persistantes avec le gouvernement fédéral.
“Ce partenariat représente plus que de simples mots sur papier—il s’agit de créer des opportunités tangibles tant pour les Albertains que les Ontariens,” a déclaré la première ministre Smith aux journalistes au Centre McDougall au centre-ville de Calgary. “Lorsque les provinces collaborent directement, nous pouvons avancer au rythme des affaires plutôt que d’être freinés par la bureaucratie d’Ottawa.”
Les accords abordent plusieurs domaines clés de coopération, notamment le développement énergétique, les minéraux critiques, l’innovation en soins de santé et la mobilité de la main-d’œuvre qualifiée. Un élément central consiste à réduire les barrières commerciales interprovinciales qui ont historiquement compliqué les opérations commerciales entre les provinces.
Le premier ministre Ford, dont le gouvernement s’est fréquemment aligné avec l’Alberta sur les questions d’autonomie provinciale, a souligné le potentiel économique du partenariat.
“Entre nos deux provinces, nous représentons près de 50 pour cent du PIB du Canada et plus de 20 millions de Canadiens,” a noté Ford. “Quand l’Alberta et l’Ontario travaillent ensemble, nous créons une puissance économique qui profite non seulement à nos provinces, mais à tout le pays.”
Le moment choisi pour cet accord interprovincial intervient alors que les deux premiers ministres ont ouvertement contesté les politiques fédérales sur la tarification du carbone, le développement des ressources et le financement des soins de santé. Les analystes politiques suggèrent que cette alliance représente un contrepoids stratégique à l’autorité fédérale.
Dr. Melissa Chen, professeure de sciences politiques à l’Université de Calgary, estime que l’accord signale un changement dans le fédéralisme canadien. “Nous assistons à l’émergence de blocs provinciaux plus formalisés qui peuvent collectivement faire avancer les intérêts régionaux lorsqu’ils estiment que les politiques fédérales ne répondent pas adéquatement à leurs priorités économiques,” a-t-elle expliqué lors d’une entrevue.
Les dispositions énergétiques de l’accord se concentrent particulièrement sur le développement des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques essentiels à la production de batteries pour véhicules électriques—reliant les capacités d’extraction de ressources de l’Alberta au secteur manufacturier de l’Ontario. Cet alignement survient alors que les deux provinces cherchent à se positionner de manière compétitive dans l’économie verte émergente tout en maintenant leur soutien aux industries énergétiques traditionnelles.
Des leaders d’entreprises des deux provinces ont assisté à la cérémonie de signature, la Chambre de commerce du Canada exprimant son soutien aux mesures qui simplifieraient le commerce interprovincial. “Réduire les différences réglementaires entre les provinces est une priorité de longue date pour les entreprises opérant à travers le Canada,” a déclaré la présidente de la Chambre, Sarah Thornton, dans un communiqué.
Cependant, toutes les réactions n’ont pas été positives. Les groupes environnementaux ont exprimé leur inquiétude que l’accord puisse nuire aux initiatives climatiques, tandis que les responsables fédéraux ont discrètement questionné si certaines dispositions empiètent sur la juridiction fédérale.
Le volet santé de l’accord se concentre sur la reconnaissance des qualifications médicales, permettant aux professionnels de la santé de se déplacer plus facilement entre les provinces—une réponse aux pénuries de personnel qui affectent les deux systèmes de santé. Les premiers ministres se sont également engagés à partager les meilleures pratiques en matière de prestation de soins de santé et d’implémentation technologique.
Alors que la mise en œuvre commence, des questions demeurent quant à la façon dont ces accords se traduiront en changements pratiques pour les résidents et les entreprises des deux provinces. Ce modèle de coopération interprovinciale s’étendra-t-il à d’autres provinces, remodulant potentiellement le fédéralisme canadien pour les décennies à venir?