Les eaux côtières de la Colombie-Britannique sont devenues silencieuses cette semaine alors que Grieg Seafood, un acteur majeur de l’industrie salmonicole canadienne, a annoncé son retrait complet des opérations canadiennes. Dans une transaction historique de 1,1 milliard de dollars, l’entreprise d’origine norvégienne a vendu l’ensemble de ses activités d’élevage de saumon en C.-B. à son concurrent Cermaq, marquant l’une des plus importantes transactions aquacoles de l’histoire canadienne.
“Cette décision n’a pas été prise à la légère,” a déclaré Andreas Kvame, PDG de Grieg Seafood, lors de l’annonce à Vancouver. “Après une analyse stratégique approfondie, nous avons choisi de consolider nos opérations mondiales et de nous concentrer sur nos marchés principaux en Norvège et au Royaume-Uni.”
L’accord comprend les 22 licences d’exploitation de Grieg en Colombie-Britannique, son usine de transformation à Campbell River, et environ 800 000 poissons actuellement à différents stades de croissance dans les installations de l’entreprise. Pour les 350 employés de la division canadienne de Grieg, cette annonce apporte de l’incertitude alors que Cermaq évalue les besoins en personnel durant la transition.
Cette importante consolidation de l’industrie survient dans un contexte de défis réglementaires croissants pour les éleveurs de saumon dans les eaux canadiennes. L’engagement du gouvernement fédéral à éliminer progressivement l’élevage du saumon en parcs à filets ouverts dans les eaux côtières de la C.-B. d’ici 2025 a créé ce que les initiés de l’industrie décrivent comme un “environnement d’affaires impossible.”
Cermaq, propriété de Mitsubishi et exploitant déjà 25 sites d’élevage en Colombie-Britannique, considère cette acquisition comme une opportunité de renforcer sa position sur le marché nord-américain malgré les vents contraires réglementaires. “Nous croyons en l’avenir de l’aquaculture durable au Canada,” a déclaré Steven Rafferty, PDG mondial de Cermaq. “Cette acquisition nous permet d’atteindre des économies d’échelle qui rendent l’adaptation aux nouvelles réglementations plus réalisable.”
L’accord reflète des tensions plus larges au sein du secteur canadien de l’élevage du saumon, évalué à 1,2 milliard de dollars, qui se retrouve pris entre les préoccupations environnementales et les réalités économiques. Les communautés autochtones ayant des revendications territoriales sur les eaux côtières ont exprimé des réactions mitigées, certaines s’opposant totalement à l’élevage du saumon tandis que d’autres ont établi des partenariats avec l’industrie.
“Nous reconnaissons que cette transaction soulève des questions sur l’orientation future de l’aquaculture dans nos territoires,” a déclaré le Chef Harold Sewid de la Première Nation Qwe’Qwa’Sot’Em, qui avait un accord de partenariat avec Grieg. “Nous sommes en discussion avec Cermaq pour garantir que nos normes environnementales et nos intérêts économiques soient respectés dans cette transition.”
Pour les communautés côtières de la Colombie-Britannique, où l’élevage du saumon fournit environ 7 000 emplois directs et indirects, le départ de Grieg signale un potentiel bouleversement économique. Le maire de Port McNeill, James Furney, a exprimé son inquiétude : “Quand un employeur majeur s’en va, les effets d’entraînement touchent tout, des marchés immobiliers aux inscriptions scolaires. Nous attendons de voir si la présence de Cermaq maintiendra la stabilité économique que ces opérations ont apportée.”
Les analystes de l’industrie suggèrent que cette consolidation n’est peut-être qu’un début. “Nous allons probablement voir une concentration accrue dans l’aquaculture canadienne à mesure que les entreprises s’adaptent au paysage réglementaire,” a expliqué Jennifer Thompson, économiste des pêches à l’Université de la Colombie-Britannique. “Seuls les plus grands acteurs disposant de ressources financières importantes peuvent se permettre les adaptations technologiques exigées par les nouvelles normes environnementales.”
Alors que la transaction attend l’approbation réglementaire, prévue pour mi-2023, les deux entreprises se sont engagées à maintenir leurs opérations sans perturbation immédiate. Les implications à long terme, cependant, restent aussi troubles que le débat sur l’élevage du saumon lui-même – un équilibre complexe entre la gérance environnementale, le développement économique et la sécurité alimentaire qui continue de défier les communautés côtières du Canada.
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