Dans une initiative stratégique qui pourrait transformer les capacités navales du Canada, le constructeur naval sud-coréen Hanwha Ocean a considérablement renforcé son offre pour fournir des sous-marins à l’armée canadienne en promettant une production locale substantielle en Nouvelle-Écosse. Ce développement marque une avancée cruciale dans les efforts du Canada pour moderniser sa flotte vieillissante de sous-marins face aux tensions géopolitiques croissantes.
La proposition sud-coréenne est centrée sur le transfert de leur technologie avancée de sous-marin KSS-III, avec l’engagement qu’environ 70% de la construction se ferait en sol canadien. Cela représente un changement radical par rapport aux attentes initiales, qui limitaient la production nationale à environ 30% des navires.
“Cette proposition améliorée répond directement aux priorités du Canada concernant les retombées industrielles nationales tout en assurant l’accès à une technologie sous-marine éprouvée,” a déclaré l’analyste de défense maritime Richard Benson. “Les Sud-Coréens se positionnent clairement face aux concurrents européens en mettant l’accent sur la création d’emplois canadiens et le transfert technologique.”
Le moment est particulièrement important alors que les sous-marins de classe Victoria du Canada, achetés au Royaume-Uni dans les années 1990, approchent de la fin de leur durée de vie opérationnelle. Les responsables de la défense ont de plus en plus exprimé leurs préoccupations concernant l’écart de capacité qui pourrait survenir sans remplacement opportun.
Des sources industrielles familières avec les négociations indiquent que la proposition de Hanwha Ocean comprend des programmes de formation complets pour les travailleurs et ingénieurs des chantiers navals canadiens, établissant potentiellement une expertise à long terme en matière d’entretien et de construction de sous-marins au sein de la base industrielle du Canada. La valeur estimée du projet pourrait dépasser 10 milliards de dollars, ce qui en ferait l’une des plus importantes initiatives d’approvisionnement en défense de l’histoire canadienne récente.
Le ministère de la Défense nationale a maintenu qu’aucune décision finale n’a été prise, les alternatives européennes du Naval Group français et de ThyssenKrupp Marine Systems allemand étant toujours à l’étude. Toutefois, les importants avantages économiques nationaux de l’offre sud-coréenne auraient suscité une attention considérable dans les cercles gouvernementaux.
Les experts en sécurité maritime soulignent que les défis croissants dans les régions arctiques et pacifiques sont des facteurs déterminants du programme de remplacement des sous-marins du Canada. “Les sous-marins modernes offrent des capacités cruciales de dissuasion stratégique et de collecte de renseignements que les navires de surface ne peuvent tout simplement pas égaler,” a expliqué l’ancienne commandante navale Elizabeth Harper dans une récente analyse des besoins de défense maritime du Canada.
Les implications économiques vont au-delà des emplois directs dans la construction navale. Un programme robuste de construction nationale de sous-marins pourrait potentiellement revitaliser plusieurs secteurs industriels à travers le Canada, de l’électronique avancée à la métallurgie spécialisée.
Alors que le gouvernement soupèse cette décision cruciale en matière de défense, une question fondamentale se pose : comment le Canada équilibrera-t-il les considérations financières immédiates et l’autonomie stratégique à long terme dans un environnement maritime mondial de plus en plus contesté?