Les ménages canadiens ont fait preuve d’une remarquable résilience financière au premier trimestre de 2024, avec une augmentation de 2,1 % de leurs actifs financiers totaux, atteignant 8,74 billions de dollars malgré des conditions difficiles sur les marchés boursiers qui menaçaient d’éroder l’accumulation de richesse.
Les données, publiées hier par Statistique Canada, révèlent un récit convaincant d’adaptation financière pendant une période où les principaux indices boursiers peinaient à maintenir leur élan. Le TSX Composite a perdu 0,7 % au cours du T1, mais la richesse des ménages a poursuivi sa trajectoire ascendante grâce à des approches d’investissement diversifiées et des contributions régulières aux véhicules de retraite.
“Ce que nous observons, c’est que les ménages canadiens maintiennent des stratégies d’investissement disciplinées même lorsque les vents contraires du marché s’intensifient,” explique Marina Cohen, économiste en chef chez Vancouver Investment Partners. “Les données suggèrent une sophistication croissante parmi les investisseurs particuliers qui ne se laissent pas facilement influencer par la volatilité à court terme du marché.”
La croissance a été principalement alimentée par l’augmentation des dépôts et le renforcement des droits à pension, qui ont collectivement compensé les pertes potentielles liées aux participations directes en actions. Les dépôts des ménages ont bondi de 26,4 milliards de dollars au cours du trimestre, représentant l’une des plus importantes augmentations trimestrielles depuis la fin du boom d’épargne lié à la pandémie.
Les actifs de pension ont fait preuve d’une force particulière, augmentant de 163,6 milliards de dollars pour atteindre 4,09 billions de dollars. Cette augmentation trimestrielle de 4,2 % a considérablement dépassé le taux de croissance des autres catégories d’actifs financiers et représente maintenant 46,8 % du total des actifs financiers des ménages—une proportion record.
Pendant ce temps, les participations directes des Canadiens en actions et parts de fonds d’investissement ont affiché une croissance modeste de 0,8 %, atteignant 2,48 billions de dollars malgré un environnement de marché difficile. Cette résilience suggère des stratégies efficaces de diversification de portefeuille alors que les investisseurs naviguaient autour des segments sous-performants des marchés nationaux.
Les données mettent également en évidence une évolution du paysage de l’endettement. La dette totale des ménages a légèrement augmenté pour atteindre 2,85 billions de dollars, ce qui se traduit par un ratio dette-revenu disponible de 178,6 %—en légère hausse par rapport au trimestre précédent, mais toujours inférieur aux pics d’avant la pandémie.
“La croissance des actifs financiers que nous observons ne se fait pas au prix d’un gonflement de la dette des ménages,” note Ravi Sharma, analyste financier principal chez CO24 Business. “Les ménages canadiens semblent trouver un équilibre entre la constitution d’actifs et la gestion des passifs, même si les taux d’intérêt restent élevés.”
Ce qui rend la performance de ce trimestre particulièrement remarquable est le contraste avec les tendances historiques. Habituellement, les actifs financiers des ménages suivent de près les principaux indices boursiers, mais cette corrélation s’est considérablement affaiblie au T1 2024—signe de changements structurels dans la façon dont les Canadiens positionnent leurs finances.
La répartition géographique de cette amélioration de la richesse était notablement inégale. La Colombie-Britannique a mené les taux de croissance provinciaux à 2,7 %, suivie de l’Ontario à 2,3 %, tandis que les provinces dépendantes des ressources comme l’Alberta et la Saskatchewan ont enregistré des gains plus modestes de 1,6 % et 1,4 % respectivement.
Alors que nous avançons dans l’année 2024, les analystes financiers surveillent attentivement si cette résilience peut être maintenue si les marchés boursiers font face à des corrections plus importantes. L’orientation politique de la Banque du Canada sera également cruciale, car les mouvements des taux d’intérêt pourraient remodeler à la fois les rendements des investissements et les coûts de service de la dette pour des millions de ménages.
Pour les Canadiens ordinaires, le message des données de ce trimestre est clair : des approches d’investissement disciplinées et diversifiées peuvent donner des résultats positifs même lorsque les chiffres globaux du marché suggèrent le contraire. Alors que les incertitudes économiques persistent, cette adaptabilité financière pourrait s’avérer de plus en plus précieuse dans les trimestres à venir.