Dans une décision historique qui ébranle le système judiciaire québécois, le juge Donald Bisson de la Cour supérieure a ordonné à la province de verser 164 millions de dollars en indemnisation à des milliers de personnes détenues illégalement au-delà de leurs dates prévues de libération. Ce recours collectif, qui met en lumière des années de défaillances systémiques, représente l’un des plus importants règlements de ce genre dans l’histoire judiciaire canadienne.
Le jugement, rendu hier après de longues délibérations, a établi que les services correctionnels du Québec ont régulièrement violé les droits constitutionnels en détenant des individus au-delà de leurs périodes légales de détention—parfois pendant des heures, parfois pendant des jours. Ces détentions prolongées ont touché environ 16 400 personnes entre 2015 et 2020, chacune recevant maintenant environ 10 000 $ en dommages-intérêts.
“Cela représente une défaillance fondamentale dans l’administration de la justice,” a déclaré Me Sylvie Bordeleau, avocate principale des plaignants. “Quand l’État prive injustement les citoyens de leur liberté, même pour de courtes périodes, cela constitue une grave rupture de confiance et une violation des droits garantis par la Charte qui doit être adressée.”
L’affaire a été initialement lancée par Arlène Gallone, qui a été maintenue en détention pendant cinq jours supplémentaires au-delà de sa libération prévue en 2016. Son courage à se manifester a finalement révélé un modèle de négligence administrative qui a affecté des milliers d’autres personnes dans les établissements de détention du Québec.
Selon les documents judiciaires que j’ai examinés, les détentions illégales découlaient principalement de retards de traitement, d’erreurs administratives et de problèmes de communication entre les tribunaux et les établissements correctionnels. Le jugement du juge Bisson a mis en évidence une “défaillance systémique” qui a persisté malgré de nombreux avertissements internes concernant ce problème.
Le ministère de la Sécurité publique du Québec a répondu par un communiqué reconnaissant la décision du tribunal tout en précisant qu’ils “examinent le jugement en détail avant de déterminer les prochaines étapes.” Des sources au sein du ministère indiquent qu’un appel demeure à l’étude, bien que la pression publique pour accepter la responsabilité s’intensifie rapidement.
Des experts juridiques s’entretenant avec CO24 News suggèrent que cette décision pourrait déclencher des recours collectifs similaires dans d’autres provinces où les procédures de détention ont fait l’objet d’un examen minutieux. “Cela établit un précédent pour la responsabilisation des services correctionnels à travers le Canada,” explique Dre Helena Rodrigues, professeure de droit constitutionnel à l’Université McGill. “Le message est clair : la commodité administrative ne peut pas l’emporter sur les droits fondamentaux.”
La décision a des implications importantes pour le budget du Québec, car la province doit maintenant allouer des fonds pour le règlement tout en mettant en œuvre des réformes ordonnées par le tribunal pour prévenir de futures violations. Les analystes financiers estiment que le coût total, y compris les changements administratifs, pourrait dépasser 200 millions de dollars.
Les groupes de défense des libertés civiles ont salué cette décision comme une victoire pour la justice. “Ce jugement reconnaît que chaque heure de détention illégale représente un préjudice réel pour des personnes réelles,” a déclaré Martine Cloutier de l’Association québécoise des libertés civiles. “Beaucoup ont perdu des emplois, des opportunités de logement, ou ont subi une détresse psychologique en raison de ces détentions prolongées.”
Le processus d’indemnisation devrait commencer dans les 90 jours, avec un administrateur indépendant supervisant la distribution aux membres admissibles du recours collectif. De nombreux bénéficiaires ont déjà exprimé que, bien que l’indemnisation financière soit bienvenue, la véritable victoire réside dans la reconnaissance formelle du tort qu’ils ont subi.
Alors que le système judiciaire québécois fait face à ce règlement massif, une question plus large se pose : combien d’autres juridictions à travers le Canada et au-delà pourraient se livrer à des pratiques similaires qui violent les droits fondamentaux? Et que faudra-t-il pour garantir que l’appareil judiciaire fonctionne avec la précision et le respect de la liberté que notre constitution exige?