La faiblesse du dollar canadien jette une ombre sur les perspectives transfrontalières d’Air Canada, la compagnie aérienne prévoyant désormais une baisse significative des voyages vers les États-Unis tout au long de 2024. Lors de la conférence téléphonique sur les résultats trimestriels d’hier, les dirigeants d’Air Canada ont révélé que le volume de passagers en direction du sud pourrait chuter jusqu’à 7 % par rapport à l’année dernière, une tendance inquiétante pour le plus grand transporteur du Canada.
“Nous observons une corrélation claire entre les fluctuations monétaires et les habitudes de réservation,” a expliqué Michael Rousseau, PDG d’Air Canada. “Avec le huard qui stagne autour de 73 cents par rapport au dollar américain, de nombreux Canadiens revoient leurs projets de voyage, particulièrement pour les déplacements discrétionnaires.”
La situation monétaire a créé un contexte particulièrement difficile pour Air Canada, survenant au moment où la compagnie développait agressivement son réseau de routes vers les États-Unis. L’été dernier, le transporteur a lancé de nouveaux vols directs vers Minneapolis, Nashville et Pittsburgh depuis sa plaque tournante de Toronto, des investissements qui font maintenant face à des rendements incertains en raison de l’évolution du comportement des consommateurs.
L’impact financier se fait déjà sentir. Les revenus transfrontaliers du premier trimestre ont chuté de 3,8 % par rapport à l’année précédente malgré une augmentation globale de la capacité de 2,1 %. Les analystes de l’industrie de TD Securities ont noté qu’il s’agit du premier déclin trimestriel dans ce marché lucratif depuis le début de la reprise post-pandémique.
“L’effet de la devise est réel et immédiat,” a déclaré Richard Vanderlubbe, président de tripcentral.ca. “Quand une famille canadienne de quatre personnes envisage une semaine en Floride ou en Californie et constate que son pouvoir d’achat est réduit de près de 30 % par rapport à il y a cinq ans, beaucoup choisissent des alternatives nationales ou des destinations où leur dollar va plus loin.”
Cette tendance contraste fortement avec le marché en direction du nord, où les voyageurs américains continuent de trouver le Canada de plus en plus abordable. Air Canada a signalé une augmentation de 9 % du trafic en provenance des États-Unis, bien que cela n’ait pas suffi à compenser la baisse de la demande canadienne.
La réponse de la compagnie comprend un pivot stratégique vers davantage de vols long-courriers internationaux et une concentration accrue sur les segments de voyages d’affaires, qui ont tendance à être moins sensibles aux fluctuations monétaires. Le transporteur a annoncé des plans pour augmenter sa capacité vers l’Europe de 8 % cet été et renforcer ses vols vers l’Asie et l’Amérique du Sud, où les avantages monétaires pourraient en fait bénéficier aux voyageurs canadiens.
Air Canada n’est pas seule à faire face à ces défis. WestJet et des transporteurs plus petits comme Porter ont également reconnu les vents contraires monétaires dans leurs récentes déclarations aux investisseurs. Le problème s’étend au-delà des compagnies aériennes à l’économie touristique plus large, avec des effets potentiels en cascade pour les hôtels, les sociétés de location de voitures et les attractions qui dépendent des visiteurs canadiens.
Les prévisions économiques n’offrent que peu de réconfort immédiat. La plupart des grandes banques canadiennes pré