À l’approche de l’été, les responsables de la santé publique de l’Ontario sonnent l’alarme face à une menace sanitaire que l’on croyait reléguée au passé. La Santé publique de Huron Perth a émis un avertissement sérieux aux exploitants de camps d’été, les exhortant à se préparer à d’éventuelles éclosions de rougeole alors que les taux de vaccination continuent de baisser dans toute la province.
“Ce que nous observons est préoccupant—la rougeole, une maladie que nous avions presque éliminée grâce à la vaccination systématique, fait un retour inquiétant,” a déclaré la Dre Miriam Spencer, médecin-hygiéniste en chef de la Santé publique de Huron Perth, lors d’un point de presse hier. “Les camps d’été créent des conditions idéales pour une transmission rapide en raison de leur nature communautaire et de la proximité des personnes.”
Cet avis intervient après plusieurs cas confirmés de rougeole en Ontario cette année, marquant un changement significatif par rapport à la quasi-absence de cette maladie ces dernières décennies. Les autorités sanitaires pointent du doigt la baisse des taux de vaccination—certaines communautés affichant une couverture ROR (rougeole, oreillons, rubéole) inférieure à 85%, bien en deçà des 95% nécessaires pour une immunité collective efficace.
On conseille aux exploitants de camps de mettre en œuvre des stratégies de préparation complètes, notamment la vérification des dossiers de vaccination de tous les campeurs et du personnel, l’établissement de protocoles d’isolement et l’élaboration de plans d’urgence en cas d’éclosion. La nature hautement contagieuse de la rougeole—qui peut se propager par des particules en suspension dans l’air restant infectieuses jusqu’à deux heures—rend ces précautions particulièrement critiques.
“Un seul cas de rougeole dans un camp d’été pourrait potentiellement exposer des centaines d’enfants,” a expliqué le Dr Rehan Karim, spécialiste des maladies infectieuses. “La contagiosité remarquable du virus signifie que jusqu’à 90% des personnes non protégées exposées contracteront la maladie.”
Les implications économiques vont au-delà des préoccupations sanitaires. Les exploitants de camps risquent de subir des difficultés financières si des éclosions forcent des fermetures, tandis que les parents pourraient encourir des coûts imprévus de garde d’enfants et des perturbations professionnelles. Les services de santé publique allouent déjà des ressources supplémentaires à la surveillance et à la préparation des interventions.
Les autorités sanitaires provinciales coordonnent leurs efforts avec les unités de santé locales pour fournir du soutien, y compris des cliniques de vaccination d’urgence si nécessaire. Cependant, les responsables soulignent que la prévention par la vaccination infantile régulière demeure la stratégie la plus efficace.
“Nous ne nous préparons pas simplement à un risque théorique,” a noté l’épidémiologiste Marta Hernandez de l’Association de santé publique de l’Ontario. “Des éclosions de rougeole se sont déjà produites dans plusieurs provinces cette année, et avec les voyages internationaux qui reprennent à des niveaux pré-pandémiques, les risques d’exposition ont considérablement augmenté.”
On encourage les parents à vérifier le statut vaccinal de leurs enfants et à s’assurer qu’ils sont à jour avant le début de la saison des camps. Pour ceux qui s’inquiètent d’une exposition potentielle, les responsables de la santé recommandent de consulter des professionnels de la santé concernant les vaccinations de rattrapage, qui peuvent parfois offrir une protection même après l’exposition.
Alors que nous faisons face à cette résurgence d’une maladie autrefois contrôlée, la question demeure: notre mémoire collective des complications graves de la rougeole sera-t-elle suffisante pour inverser la tendance à la baisse des vaccinations, ou sommes-nous destinés à réapprendre les dures leçons de santé publique que les générations précédentes croyaient avoir résolues?