La recherche traditionnelle d’un emploi d’été est devenue une entreprise de plus en plus frustrante pour les étudiants canadiens cette année. Alors que les étudiants universitaires et collégiaux à travers le pays terminent leurs sessions académiques, nombreux sont ceux qui rencontrent un marché du travail étonnamment résistant à leurs candidatures, malgré des chiffres d’emploi relativement solides au Canada.
“J’ai postulé à plus de 40 postes depuis avril et je n’ai obtenu que trois entretiens,” partage Maya Chen, étudiante en troisième année de commerce à l’Université Ryerson. “La plupart des employeurs veulent une expérience impossible à avoir à mon âge, créant ce cycle sans fin où il faut de l’expérience pour gagner de l’expérience.”
Les défis auxquels font face les étudiants chercheurs d’emploi semblent plus structurels que cycliques. Alors que le taux de chômage global du Canada reste relativement stable à 5,8%, le taux de chômage des jeunes est constamment plusieurs points plus élevé, actuellement à 10,2% pour les 15-24 ans. Cette disparité souligne les obstacles uniques auxquels les jeunes Canadiens font face lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, même temporairement.
Les pressions financières ont rendu les gains d’été plus critiques que jamais pour les étudiants. Avec les frais de scolarité moyens du premier cycle au Canada atteignant environ 7 500 $ par an et les coûts de logement dans les villes universitaires continuant d’augmenter, le revenu d’été s’est transformé d’un “bon à avoir” en fonds essentiels pour les dépenses éducatives de base.
“La réalité financière pour les étudiants d’aujourd’hui est fondamentalement différente des générations précédentes,” explique Dr. Patricia Morrison, économiste du travail à l’Université de Colombie-Britannique. “Les revenus d’été ne couvrent plus une partie significative des coûts éducatifs annuels comme auparavant, pourtant les étudiants ont désespérément besoin de ces emplois pour minimiser leurs dettes.”
Pour les étudiants qui peinent à trouver un emploi traditionnel, plusieurs alternatives offrent à la fois un potentiel de revenu et une expérience précieuse qui peut renforcer leur CV futur.
Les plateformes de l’économie à la demande sont devenues des options de plus en plus viables. Tandis que les services de livraison comme Skip the Dishes et Uber Eats offrent un revenu immédiat avec des horaires flexibles, les étudiants trouvent également des opportunités via des plateformes spécialisées comme Fiverr et Upwork où ils peuvent monétiser des compétences allant du design graphique à la saisie de données.
“Je n’ai pas pu trouver un stage en marketing, alors j’ai commencé à offrir des services de gestion de médias sociaux sur Fiverr,” raconte Jordan Martinez, étudiant en communications de l’Université McGill. “J’ai construit une petite clientèle d’entreprises locales et je gagne en fait plus que ce que j’aurais gagné dans la plupart des postes d’été de niveau débutant.”
La voie entrepreneuriale a également gagné du terrain parmi les étudiants. L’entretien des pelouses, la peinture de maisons, les services de tutorat et l’assistance aux achats personnalisés représentent des entreprises à faibles frais généraux qui peuvent être lancées avec des coûts de démarrage minimes. Au-delà du revenu immédiat, ces initiatives démontrent l’initiative et l’acuité commerciale que les employeurs valorisent de plus en plus.
Pour les étudiants principalement préoccupés par l’acquisition de références plutôt que par un revenu immédiat, les opportunités non rémunérées offrent toujours une valeur substantielle. Le bénévolat stratégique dans des domaines adjacents à leur carrière peut fournir des opportunités de réseautage et une expérience concrète qui se traduit par des compétences commercialisables.
“L’expérience de bénévolat est de plus en plus considérée comme une expérience professionnelle légitime par les employeurs,” note Eliza Thompson, conseillère en carrière à l’Université de Toronto. “L’essentiel est de sélectionner des opportunités qui développent des compétences transférables pertinentes pour votre parcours de carrière envisagé, plutôt que des postes de bénévolat génériques.”
Les établissements d’enseignement ont également élargi leurs offres de programmes d’été, reconnaissant le besoin d’alternatives des étudiants. Les cours d’été accélérés peuvent aider les étudiants à obtenir leur diplôme plus tôt, tandis que les postes d’assistants de recherche offrent à la fois des opportunités de revenu et d’avancement académique.
Les programmes gouvernementaux ciblant spécifiquement l’emploi étudiant restent des ressources vitales. Le programme Emplois d’été Canada du gouvernement fédéral fournit des subventions salariales aux employeurs qui embauchent des étudiants, tandis que les programmes provinciaux offrent des voies supplémentaires vers un travail d’été significatif.
Pour les étudiants qui naviguent dans ce paysage difficile, les experts en carrière recommandent une approche à plusieurs volets : postuler largement à des postes traditionnels tout en développant simultanément des sources de revenus alternatives et des opportunités de développement de compétences. Cette adaptabilité répond non seulement aux besoins financiers immédiats, mais démontre la résilience et la débrouillardise que les employeurs valorisent de plus en plus chez les nouvelles recrues.
Alors que l’économie canadienne continue d’évoluer vers des arrangements de travail plus flexibles, la compétence la plus précieuse que les étudiants peuvent développer cet été est peut-être la capacité de créer des opportunités plutôt que de simplement les trouver. Dans un marché du travail qui récompense de plus en plus la pensée entrepreneuriale, comment cet été difficile pourrait-il en fait préparer les étudiants plus efficacement pour l’avenir du travail que les emplois d’été traditionnels des générations précédentes?