Le premier ministre Mark Carney a troqué son costume de banquier pour une tenue western vendredi, faisant sa première apparition au Stampede de Calgary en tant que chef du Canada, suscitant un mélange d’enthousiasme et de scepticisme chez les résidents albertains.
“Qu’est-ce que vous faites ici?” a crié un participant alors que Carney retournait des crêpes au traditionnel déjeuner du Stampede. Le premier ministre a répondu avec un sourire: “J’apprends à mieux connaître tout le Canada, une crêpe à la fois.”
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, qui a pris ses fonctions en mars après la démission de Justin Trudeau, semblait déterminé à établir des ponts dans une province où son Parti libéral a historiquement eu du mal à trouver du soutien. Vêtu d’un chapeau de cowboy blanc, d’un jeans bleu et d’une chemise western brodée sur mesure, Carney a embrassé l’esprit de l’événement connu comme “Le plus grand spectacle extérieur au monde.”
“C’est mon premier Stampede en tant que premier ministre, mais certainement pas mon dernier,” a déclaré Carney aux journalistes au déjeuner de l’Association communautaire de Bowness. “Les préoccupations économiques de l’Alberta sont celles du Canada, et je suis ici pour écouter.”
La visite du premier ministre survient dans un contexte de tensions persistantes entre Ottawa et l’Alberta concernant la politique énergétique et le développement économique. Plusieurs sondages montrent que Carney fait face à une bataille difficile pour conquérir les électeurs de l’Ouest canadien qui se sont longtemps sentis aliénés par les politiques libérales fédérales.
La mairesse de Calgary, Jyoti Gondek, qui a accompagné Carney à travers le terrain de la foire, a souligné l’importance de sa présence. “La venue du premier ministre ici signale une reconnaissance de l’importance de Calgary pour l’économie nationale et le tissu culturel,” a déclaré Gondek.
Tous les participants n’ont pas été impressionnés par la transformation western de Carney. James McPherson, résident local, a confié: “Il faut plus qu’un chapeau et des bottes pour comprendre l’Alberta. Nous avons besoin de politiques qui soutiennent notre secteur énergétique, pas seulement des séances photos.”
L’agenda du premier ministre comprenait des visites à plusieurs déjeuners du Stampede, des rencontres avec des chefs d’entreprises locaux sur la diversification économique, et des discussions avec des représentants autochtones sur les initiatives de réconciliation dans la région.
La politique énergétique a inévitablement dominé les conversations, Carney déclarant à un groupe de dirigeants pétroliers: “Nous avons besoin de solutions pragmatiques qui équilibrent les engagements climatiques avec la réalité que notre secteur énergétique demeure vital pour la prospérité du Canada.”
Les analystes politiques voient l’apparition de Carney au Stampede comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à repositionner le Parti libéral dans l’Ouest canadien avant les prochaines élections fédérales. Les données économiques récentes montrent que l’Alberta se remet des ralentissements liés à la pandémie, bien que les taux de chômage restent supérieurs à la moyenne nationale.
“Le Stampede a toujours été autant une question de politique que de célébration,” a noté la Dre Martha Reynolds, politologue à l’Université de Calgary. “Carney fait un effort calculé pour se présenter comme un leader libéral différent—un qui comprend les préoccupations économiques de l’Ouest.”
Alors que la journée se terminait avec Carney assistant aux événements du rodéo en soirée, la question demeure: un ancien banquier central en bottes de cowboy peut-il combler le profond fossé politique entre Ottawa et l’Alberta, ou son apparition au Stampede sera-t-elle simplement retenue comme un autre changement de costume politique dans le théâtre complexe de la politique fédérale canadienne?