Les ports animés de la Colombie-Britannique pourraient bientôt connaître une croissance sans précédent alors que le Terminal Gateway de Vancouver soumet une proposition d’expansion ambitieuse au nouveau Bureau des grands projets du Canada. Cette initiative d’infrastructure de 3,2 milliards de dollars promet de révolutionner la capacité commerciale du pays sur le Pacifique tout en mettant à l’épreuve l’engagement du gouvernement fédéral à simplifier les processus d’approbation pour les développements économiques essentiels.
“Cette expansion représente le plus grand investissement portuaire de l’histoire canadienne,” a déclaré Eleanor Chang, PDG de l’Autorité Gateway de Vancouver, lors de la conférence de presse d’hier. “Nous ne construisons pas simplement plus de quais—nous positionnons le Canada comme la principale porte commerciale entre l’Amérique du Nord et les marchés asiatiques pour les décennies à venir.”
La proposition arrive à un moment crucial pour les relations commerciales internationales du Canada, avec un commerce asiatique-pacifique qui devrait croître de 38 % au cours de la prochaine décennie. Le terminal élargi augmenterait la capacité de fret d’environ 1,5 million de conteneurs par an—une augmentation de 42 % des capacités actuelles—et pourrait générer plus de 5 700 emplois permanents dans l’ensemble du réseau de la chaîne d’approvisionnement de la Colombie-Britannique.
Le ministre fédéral des Transports, Martin Leblanc, a signalé un soutien prudent pour le projet, notant qu’il s’aligne sur la stratégie d’Ottawa visant à améliorer la compétitivité économique nationale. “Notre gouvernement a établi le Bureau des grands projets spécifiquement pour évaluer et accélérer les initiatives d’importance stratégique,” a déclaré Leblanc. “Cependant, nous restons déterminés à garantir que les normes environnementales et les exigences de consultation des Autochtones soient traitées de manière approfondie.”
L’évaluation environnementale représente un obstacle important à l’expansion. L’empreinte du projet s’étendrait dans des habitats marins sensibles du détroit de Géorgie, suscitant des inquiétudes parmi les groupes de conservation concernant les impacts potentiels sur les populations d’orques en voie de disparition et les routes migratoires critiques du saumon.
Dr. Janine Wilkins, écologiste marine à l’Institut environnemental du Pacifique, souligne la nécessité d’un examen rigoureux malgré les avantages économiques. “L’écosystème du détroit est déjà sous une pression énorme,” a-t-elle expliqué. “Toute accélération ne doit pas compromettre l’analyse environnementale complète que ce projet exige.”
Les communautés autochtones ont exprimé des réactions mitigées. La Première Nation Tsawwassen a soutenu conditionnellement l’expansion, ayant négocié d’importants accords de participation économique, tandis que la Bande indienne Musqueam a soulevé des préoccupations concernant une consultation inadéquate et des impacts potentiels sur les territoires de pêche traditionnels.
“Nous reconnaissons l’importance économique de l’infrastructure portuaire,” a déclaré le Chef Robert Williams de la Bande indienne Musqueam. “Mais une réconciliation significative nécessite plus qu’une consultation symbolique. Notre nation doit être un véritable partenaire dans les décisions affectant nos eaux ancestrales.”
Les analystes politiques notent que le projet présente un équilibre délicat pour le gouvernement fédéral, qui a promis à la fois le développement économique et le leadership environnemental. La gestion de cette demande établira probablement des précédents sur la façon dont le Bureau des grands projets abordera les futures propositions d’infrastructure à travers le pays.
Les parties prenantes de l’industrie soulignent que l’expansion est essentielle pour maintenir l’avantage concurrentiel du Canada dans le commerce mondial. “Les marchés asiatiques se développent rapidement, et les ports concurrents le long de la côte ouest américaine modernisent déjà leurs installations,” a noté Jason Miller, président de l’Association canadienne de la chaîne d’approvisionnement. “Chaque mois de retard réglementaire se traduit par une opportunité économique perdue.”
Le Bureau des grands projets s’est engagé à respecter un calendrier de décision de 18 mois—nettement plus rapide que le processus d’approbation typique de 3 à 5 ans pour des projets d’échelle similaire. Ce calendrier accéléré a suscité à la fois des espoirs et des préoccupations quant à la possibilité de maintenir une surveillance adéquate tout en respectant des délais agressifs.
Alors que le Canada navigue dans la reprise économique post-pandémique, la question demeure: le pays peut-il équilibrer avec succès ses objectifs commerciaux ambitieux avec la protection de l’environnement et les droits des Autochtones, ou les processus d’approbation accélérés finiront-ils par compromettre une priorité au service d’une autre?