Dans un important changement de politique visant à améliorer l’accès aux soins de santé, les responsables manitobains ont élargi les exemptions pour les patients sans carte-santé valide cherchant des soins hospitaliers. Cette décision fait suite à la pression croissante des défenseurs de la santé et des organismes communautaires qui soutiennent depuis longtemps que les exigences rigides d’identification créent des obstacles dangereux pour les populations vulnérables.
La politique mise à jour, discrètement mise en œuvre le mois dernier, accorde désormais au personnel hospitalier une plus grande latitude lors de l’admission de patients ne pouvant présenter une carte-santé manitobaine valide. Auparavant, les personnes sans pièce d’identité appropriée risquaient de se voir refuser des services non urgents ou faisaient face à des demandes financières intimidantes qui les dissuadaient souvent de chercher l’attention médicale nécessaire.
“Ce changement reconnaît la réalité à laquelle de nombreux Manitobains font face,” a expliqué Dre Emily Chen, médecin-chef de l’Autorité régionale de la santé de Winnipeg. “Qu’il s’agisse d’une personne en situation d’itinérance, fuyant la violence conjugale, ou simplement quelqu’un qui a perdu son portefeuille, les soins de santé ne devraient pas dépendre de la possession d’une carte plastifiée.”
Les nouvelles directives bénéficient particulièrement à plusieurs groupes vulnérables, notamment les patients autochtones des communautés éloignées, les personnes sans abri et les nouveaux arrivants dans la province. Selon le nouveau protocole, le personnel hospitalier peut désormais vérifier la couverture d’un patient par d’autres moyens, notamment des recherches dans la base de données à l’aide du nom et de la date de naissance, plutôt que d’exiger des documents physiques.
Les défenseurs de la santé communautaire ont prudemment accueilli ce changement. Marion Wilson, directrice de la Coalition pour la santé de rue, a déclaré à CO24 Nouvelles : “Nous avons vu d’innombrables cas de personnes évitant des soins critiques parce qu’elles craignaient d’être refoulées ou facturées des milliers de dollars. C’est un pas dans la bonne direction, bien que nous surveillions attentivement pour assurer une mise en œuvre cohérente dans tous les établissements.”
Le ministère provincial de la Santé a confirmé que la révision de la politique suit des approches similaires adoptées en Colombie-Britannique et en Ontario, où les systèmes de santé ont évolué vers des pratiques d’identification plus inclusives. Une analyse interne a montré que des exigences d’identification rigides créaient des fardeaux administratifs inutiles tout en aggravant potentiellement les résultats de santé lorsque les patients retardaient leur demande de traitement.
Tout le monde ne soutient pas ces exigences assouplies. Certains critiques, dont la Fédération des contribuables du Manitoba, ont exprimé des préoccupations concernant d’éventuels abus du système. “Bien que les soins compatissants soient importants, nous avons besoin de garanties pour assurer que les ressources de santé sont dirigées vers les résidents admissibles,” a déclaré le porte-parole James Harrison.
Les responsables de la santé rétorquent que les systèmes de vérification existants sont suffisamment robustes pour prévenir des abus significatifs, tandis que le coût humain du refus de patients légitimes l’emporte largement sur les préoccupations administratives potentielles.
Ce changement survient au milieu de discussions plus larges sur l’accessibilité des soins de santé à travers le Canada, particulièrement pour les populations confrontées à des obstacles systémiques. Des données récentes de Statistique Canada indiquent qu’environ 7% des Canadiens signalent des difficultés d’accès aux soins de santé en raison de problèmes de documentation, avec des taux significativement plus élevés parmi les communautés autochtones, les ménages à faible revenu et les sans-abri.
La ministre de la Santé du Manitoba, Sarah Robertson, a souligné que le gouvernement provincial reste engagé à assurer l’accès aux soins de santé tout en maintenant l’intégrité du système. “Nous croyons que ces directives révisées établissent le juste équilibre entre des soins compatissants et une gestion responsable des ressources publiques,” a-t-elle déclaré dans une réponse écrite à CO24 Politique.
La formation du personnel de santé de première ligne sur les nouveaux protocoles est actuellement en cours dans tous les établissements de santé du Manitoba, avec une mise en œuvre complète prévue d’ici la fin du mois.
Alors que les provinces continuent de lutter contre les problèmes d’accès aux soins de santé, l’approche du Manitoba représente-t-elle un modèle pour le reste du Canada, ou les différences régionales dans la prestation des soins de santé nécessiteront-elles des solutions plus adaptées pour faire face aux obstacles rencontrés par nos citoyens les plus vulnérables?