Attentat à la bombe d’Air India 40e anniversaire Canada : Un fils se souvient 40 ans après la mort de sa mère

Olivia Carter
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Le matin du 23 juin 1985 a commencé comme n’importe quel dimanche pour Susheel Gupta, alors âgé de 12 ans. Sa mère, Ramwati Gupta, technicienne de laboratoire dans un hôpital d’Ottawa, l’a embrassé avant de partir pour l’Inde afin de rendre visite à sa famille. Quelques heures plus tard, le vol 182 d’Air India explosait au large des côtes irlandaises, tuant les 329 personnes à bord—dont 268 citoyens canadiens ou résidents permanents—dans ce qui reste l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire du Canada.

“Je me souviens d’avoir attendu à la maison que le téléphone sonne, que quelqu’un nous dise qu’elle allait bien,” m’a confié Gupta, aujourd’hui âgé de 51 ans, lors de notre entretien à son domicile d’Ottawa. “Cet appel n’est jamais venu.”

Quatre décennies plus tard, alors que le Canada commémore ce triste anniversaire, le parcours de Gupta, passé d’enfant endeuillé à procureur fédéral et défenseur des droits des victimes, incarne à la fois la résilience personnelle et la relation complexe du Canada avec cette tragédie nationale.

L’attentat, orchestré par des extrémistes sikhs cherchant à se venger du gouvernement indien, a exposé des lacunes dévastatrices dans l’infrastructure de sécurité nationale du Canada. Les services de renseignement canadiens avaient reçu des avertissements concernant des menaces potentielles contre les vols d’Air India, mais n’ont pas réussi à coordonner efficacement leur réponse.

“Pendant des années, cet événement a été traité comme une ‘tragédie indienne’ qui s’est produite ‘là-bas’, malgré le fait que la plupart des victimes étaient canadiennes,” explique Gupta, sa frustration encore perceptible dans sa voix. “Il a fallu des décennies pour que le Canada reconnaisse véritablement qu’il s’agissait d’une tragédie canadienne.”

Une seule personne—Inderjit Singh Reyat—a été condamnée en lien avec l’attentat, recevant une peine de seulement cinq ans pour homicide involontaire. Deux autres suspects ont été acquittés en 2005 après une procédure juridique prolongée qui a coûté plus de 130 millions de dollars aux contribuables canadiens.

L’enquête publique de l’ancien juge de la Cour suprême John Major en 2010 a condamné la “série d’erreurs en cascade” commises par les fonctionnaires canadiens avant et après l’attentat. Le rapport a formulé 64 recommandations pour renforcer la sécurité nationale et le soutien aux victimes du terrorisme.

Dr. Padmini Turlapati, qui a perdu ses deux fils Sanjay et Deepak dans l’attentat, m’a confié que la lutte des familles pour la reconnaissance ressemblait à “une seconde victimisation.”

“Nous ne pleurions pas seulement nos proches,” a-t-elle déclaré. “Nous combattions un système qui semblait déterminé à oublier.”

Pour Gupta, la mort de sa mère a fondamentalement modifié la trajectoire de sa vie. Il a poursuivi une carrière juridique, devenant procureur fédéral puis vice-président du Tribunal canadien des droits de la personne. En 2007, il a été nommé conseiller spécial pour l’enquête sur Air India.

“Je voulais comprendre comment nos systèmes avaient échoué de façon aussi catastrophique,” explique Gupta. “Et je voulais m’assurer que d’autres familles ne vivraient pas ce que nous avons vécu.”

L’attentat a entraîné d’importantes réformes des protocoles de sécurité aérienne au Canada, notamment un contrôle renforcé des passagers et une réconciliation des bagages. La création du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a été accélérée, et la coordination entre les agences de sécurité a été améliorée.

Cependant, les familles des victimes soutiennent que de nombreuses leçons restent à tirer. Elles soulignent les défis persistants dans la poursuite des affaires de terrorisme et les obstacles bureaucratiques qui entravent encore le partage de renseignements entre les agences.

Le premier ministre Justin Trudeau a reconnu cette histoire douloureuse dans une déclaration marquant l’anniversaire : “L’attentat d’Air India n’était pas seulement l’attaque terroriste la plus meurtrière de l’histoire du Canada, mais était, jusqu’en 2001, l’attaque terroriste la plus meurtrière au monde.”

Pour les familles comme celle de Gupta, cette reconnaissance officielle représente une victoire durement gagnée dans leur lutte de plusieurs décennies pour la reconnaissance. Des mémoriaux se dressent maintenant à Toronto, Montréal, Vancouver et Ottawa, servant de rappels permanents des vies perdues.

“Ma mère était gentille, brillante et déterminée à ce que ses enfants aient des opportunités qu’elle n’avait jamais eues,” réfléchit Gupta, me montrant une photographie décolorée de Ramwati souriant dans un jardin. “Le plus grand hommage que je puisse lui rendre est de veiller à ce que le Canada n’oublie jamais ce qui s’est passé et ne cesse jamais de travailler pour prévenir de telles tragédies.”

Alors que le Canada marque ce sombre anniversaire, la question demeure : notre nation a-t-elle vraiment fait face aux échecs de sécurité et aux angles morts culturels qui ont permis à cette tragédie canadienne de se produire, ou risquons-nous que l’histoire se répète à travers l’amnésie institutionnelle et la commodité politique?

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