Un audit fédéral a mis en lumière d’importantes lacunes dans la surveillance du Programme de soutien aux victimes d’une vaccination (PSVV) du Canada, soulevant des questions sur la gestion de cette initiative de 75 millions de dollars conçue pour soutenir les personnes ayant subi des préjudices liés aux vaccins contre la COVID-19.
Le programme, lancé au plus fort de la pandémie, a fonctionné pendant près de trois ans sans inspections sur place ni vérification des procédures de traitement des demandes de son administrateur, selon des documents obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information.
Les dossiers internes de Santé Canada révèlent que malgré les recommandations répétées pour des visites sur site chez l’administrateur du PSVV, la société Oxaro, les responsables du ministère ont systématiquement retardé ces mesures cruciales de surveillance. Le premier audit complet sur place n’a été effectué qu’en avril 2023, soit près de trois ans après que le programme ait commencé à accepter les demandes des Canadiens signalant des préjudices graves liés aux vaccins.
“Cela représente une lacune préoccupante en matière de responsabilité pour un programme gérant des millions de dollars de fonds publics et touchant des Canadiens vulnérables,” a déclaré Dre Eleanor Thompson, analyste en politique de santé qui a examiné les documents d’audit. “L’absence de vérification en temps opportun signifie que nous ne pouvons pas être certains que les demandes ont été traitées conformément aux protocoles établis pendant la majeure partie de l’existence du programme.”
La correspondance interne révèle que les responsables de Santé Canada ont reconnu la nécessité de visites sur site dès juin 2021, mais les ont reportées à plusieurs reprises, invoquant les restrictions liées à la COVID-19, alors même que d’autres ministères gouvernementaux reprenaient leurs opérations en personne. En mars 2022, le ministère avait identifié les “risques de ne pas effectuer de visite sur place”, mais a tout de même retardé son action d’une année supplémentaire.
Lorsque les auditeurs ont finalement visité les bureaux d’Oxaro à Montréal en avril 2023, ils ont découvert des problèmes préoccupants, notamment une documentation inadéquate des évaluations d’admissibilité des demandes et une application incohérente des critères médicaux – des problèmes qui auraient pu être résolus plus tôt avec une surveillance adéquate.
Le PSVV a distribué environ 6,4 millions de dollars à 144 demandeurs approuvés sur plus de 2 000 demandes reçues. Les critiques soutiennent que le taux d’approbation d’environ 7 pour cent suggère une approche trop restrictive dans la reconnaissance des préjudices vaccinaux.
L’administration du programme fait face à des critiques croissantes de la part des défenseurs des patients qui affirment que le processus est inutilement complexe et manque de transparence. Sarah Milligan, dont le père a souffert d’une rare affection neurologique suite à la vaccination, a décrit le processus de demande comme “un labyrinthe sans fin de paperasse et de retards.”
Marcus Chen, porte-parole de Santé Canada, a défendu l’approche de surveillance du ministère, déclarant: “Bien que les visites sur site aient été retardées en raison des restrictions pandémiques, le ministère a maintenu une communication régulière avec Oxaro et mis en œuvre des méthodes de surveillance alternatives.” Il a ajouté que le programme a depuis renforcé ses mécanismes de surveillance suite aux recommandations de l’audit.
Ces révélations surviennent dans un contexte de questions plus larges sur la réponse du Canada à la pandémie et la gestion du système de santé. Les experts en santé publique soulignent que, bien que les vaccins contre la COVID-19 se soient avérés extrêmement sûrs, des systèmes d’indemnisation transparents pour les rares effets indésirables sont essentiels pour maintenir la confiance du public dans les programmes de vaccination.
Alors que le Canada opère une transition vers une gouvernance sanitaire post-pandémique, cet audit soulève une question cruciale: comment pouvons-nous mieux équilibrer la mise en œuvre urgente de programmes de santé d’urgence avec des mécanismes de surveillance appropriés pour garantir la responsabilité et un service adéquat aux citoyens touchés?