La douleur familière à la pompe s’intensifie pour les automobilistes canadiens ce printemps, avec des prix du diesel qui atteignent des sommets inégalés depuis la flambée record de l’année dernière. Selon les analystes de l’industrie, les prix du diesel ont augmenté de plus de 20 cents le litre dans plusieurs grands centres urbains du pays depuis début février, créant des effets d’entraînement dans toute l’économie canadienne.
“Ce que nous observons est un parfait concours de circonstances entre les contraintes d’approvisionnement et une demande saisonnière accrue,” explique Marvin Cooper, économiste principal en énergie à l’Institut canadien de recherche énergétique. “La transition des raffineries vers les mélanges de carburant d’été combinée aux pressions du marché international ont créé cette trajectoire ascendante qui frappe durement les consommateurs.”
À Toronto et Vancouver, les prix du diesel tournent maintenant autour de 1,79 $ le litre, tandis que les automobilistes montréalais font face à des coûts encore plus élevés à 1,85 $. Les provinces atlantiques ont connu les hausses les plus marquées, avec des prix grimpant de près de 30 cents le litre dans certaines communautés au cours des six dernières semaines.
La hausse des coûts touche de façon disproportionnée le secteur des transports, où le diesel reste le carburant dominant. Patrick Fortin, président de l’Alliance canadienne du camionnage, prévient que ces augmentations affecteront inévitablement les prix à la consommation. “Chaque centime d’augmentation du diesel se traduit par environ 25 000 $ de coûts mensuels supplémentaires en carburant pour une entreprise de camionnage de taille moyenne,” a déclaré Fortin. “Ces coûts doivent éventuellement être répercutés le long de la chaîne d’approvisionnement.”
Cette flambée des prix survient alors que les raffineries canadiennes subissent des entretiens programmés, réduisant temporairement la capacité de production nationale. Simultanément, les marchés mondiaux se sont resserrés suite aux réductions de production de l’OPEP+ annoncées plus tôt cette année et aux tensions géopolitiques continues affectant les routes maritimes clés.
Selon les données de Statistique Canada, les coûts de transport représentent entre 4 et 15 % des prix de détail des biens de consommation, avec des pourcentages plus élevés pour les articles volumineux et les produits alimentaires. Les augmentations du prix du diesel devraient contribuer aux pressions inflationnistes au moment où la Banque du Canada envisage d’éventuels ajustements des taux d’intérêt.
Pour les communautés rurales et les régions dépendantes des ressources, l’impact est particulièrement sévère. “Quand le diesel augmente de 20 cents, ce n’est pas seulement le transport—c’est notre équipement agricole, nos génératrices, notre mode de vie,” dit Michelle Thibault, mairesse de Lac-Saint-Jean, au Québec. “Pour les communautés éloignées qui luttent déjà contre un coût de la vie élevé, ces hausses de carburant sont dévastatrices.”
Les analystes énergétiques prévoient une volatilité continue pendant la saison de conduite estivale, avec un possible soulagement à la fin de l’automne lorsque la demande saisonnière diminuera. Cependant, beaucoup dépend des conditions du marché international et des perturbations potentielles d’approvisionnement.
Le gouvernement fédéral maintient que ses mécanismes de tarification du carbone demeurent un facteur mineur dans les coûts globaux du carburant, pointant vers la dynamique du marché mondial comme principal moteur. Les critiques ne sont pas d’accord, soutenant que la politique nationale aggrave les pressions internationales.
Alors que les Canadiens s’adaptent à ces coûts de carburant plus élevés, les implications économiques plus larges demeurent préoccupantes. Avec l’augmentation des coûts de transport et des chaînes d’approvisionnement déjà sous tension, ces hausses du prix du diesel deviendront-elles le catalyseur d’une nouvelle vague d’inflation alors que les consommateurs commençaient tout juste à voir un soulagement à la caisse?