La nouvelle saison de hockey apporte avec elle un rituel familier mais de plus en plus amer pour les partisans canadiens de la LNH : le choc annuel des augmentations de prix d’abonnement. Sportsnet a annoncé une autre hausse substantielle de ses forfaits de diffusion en continu, poursuivant une tendance inquiétante qui amène de nombreux téléspectateurs fidèles à remettre en question leur dévouement à suivre le sport national du Canada par les canaux officiels.
Les chiffres racontent une histoire frappante. Ce qui a commencé comme un abonnement annuel relativement raisonnable de 199,99 $ a connu une inflation dramatique, avec des augmentations de prix qui dépassent largement l’inflation. Pour de nombreuses familles de classe moyenne qui ressentent déjà la pression de la hausse des coûts dans tous les domaines, ces augmentations représentent plus qu’un simple désagrément—elles soulèvent des questions légitimes sur l’accessibilité au hockey dans le pays où ce sport revêt une telle importance culturelle.
“C’est devenu impossible à justifier,” affirme Marc Levesque, un partisan des Canadiens de Montréal depuis toujours, avec qui j’ai discuté la semaine dernière. “Mon père m’amenait aux matchs quand les billets étaient abordables, et nous regardions à la maison quand ils ne l’étaient pas. Maintenant, même regarder depuis son canapé exige des acrobaties financières.”
Cette stratégie de prix semble particulièrement déconnectée compte tenu du climat économique actuel. Alors que les plateformes de diffusion en continu se multiplient et fragmentent le contenu sur un nombre croissant d’abonnements, les consommateurs font des choix plus difficiles concernant les services à conserver. Quand le divertissement devient un luxe plutôt qu’une dépense raisonnable, quelque chose de fondamental change dans notre relation avec des piliers culturels comme le hockey.
Les implications vont au-delà des budgets individuels. Nos reportages ont constamment montré que les expériences culturelles partagées unissent les communautés, particulièrement dans un pays aussi géographiquement diversifié que le Canada. Quand des barrières financières s’élèvent autour de ces expériences, nous risquons de créer un système à deux vitesses où suivre le sport devient un privilège plutôt qu’un lien commun.
Les experts de l’industrie suggèrent que ces augmentations reflètent les énormes contrats de droits que les réseaux sportifs négocient avec les ligues. Ces coûts se répercutent inévitablement sur les consommateurs. Cependant, l’exode qui en résulte vers des options de diffusion illégales mine le modèle même que ces hausses de prix visent à soutenir. Une analyse récente a révélé que le trafic de recherche pour des termes liés aux diffusions gratuites de hockey augmente considérablement après chaque annonce d’augmentation de prix.
Ce qui est particulièrement frustrant pour de nombreux partisans, c’est le manque de flexibilité dans les options de visionnement. L’approche tout ou rien des forfaits sportifs ne reconnaît pas les habitudes de visionnement diverses des publics modernes. Un amateur intéressé à suivre une seule équipe pendant une saison fait face aux mêmes coûts que quelqu’un qui regarde plusieurs matchs quotidiennement à travers les divisions.
“Je veux juste regarder les matchs des Canucks avec mes enfants,” explique Sanjay Patel, résident de Vancouver. “Je n’ai pas besoin d’accéder à tous les matchs de la ligue, mais il n’y a pas d’option abordable qui réponde aux besoins spécifiques de ma famille.”
La question plus profonde touche à la propriété culturelle et à l’accessibilité. La place du hockey dans l’identité canadienne rend ces barrières particulièrement troublantes. Quand les jeunes générations se retrouvent exclues financièrement de suivre le sport par des canaux légitimes, nous risquons de briser une chaîne générationnelle de passion qui a soutenu la LNH pendant des décennies.
La monétisation de la passion a des conséquences qui vont au-delà des bilans financiers. Les parties prenantes corporatives pourraient célébrer des gains de revenus à court terme tout en minant la santé à long terme de leur base d’audience.
Quelle est la solution? D’autres ligues sportives ont expérimenté des modèles plus flexibles—des forfaits spécifiques à une équipe ou des options d’achat de matchs individuels qui créent des points d’entrée plus accessibles pour les amateurs occasionnels. La LNH et ses partenaires de diffusion seraient avisés d’envisager des approches similaires avant d’aliéner davantage leur public.
En attendant, les amateurs canadiens de hockey font face à des choix difficiles sur la façon de suivre le sport qu’ils aiment. Alors que nous naviguons dans ces décisions, la question la plus importante n’est peut-être pas celle des coûts d’abonnement, mais celle de la valeur que nous accordons au maintien de notre connexion à une institution culturelle qui définit les hivers canadiens depuis des générations.
Quand le prix de la participation devient trop élevé, qu’advient-il de nos expériences culturelles partagées? C’est une question qui va bien au-delà du hockey, touchant le tissu même de notre connectivité dans un paysage médiatique de plus en plus fragmenté.