Alors que les températures étouffantes persistent dans l’Est du Canada, Environnement Canada a prolongé les alertes de chaleur pour d’importantes parties de l’Ontario et de Terre-Neuve, les météorologues prévoyant peu de répit dans les jours à venir. Le dôme de chaleur intense qui s’est installé sur la région la semaine dernière a créé des conditions dangereuses qui ont déjà coûté la vie à trois personnes et envoyé des centaines de personnes aux urgences pour des maladies liées à la chaleur.
“Nous sommes témoins d’une durée sans précédent de chaleur extrême pour cette région,” a déclaré Dr. Aisha Rahman, climatologue principale à Environnement Canada. “Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est la combinaison de températures diurnes élevées et le fait que les minimales nocturnes ne descendent pas en dessous de 23°C, empêchant les personnes et les bâtiments de se rafraîchir.”
À Toronto, les températures ont dépassé 33°C pendant sept jours consécutifs, battant le précédent record établi en 2023. La ville a ouvert 85 centres de rafraîchissement pour offrir aux résidents des espaces climatisés, ciblant particulièrement les populations vulnérables. La mairesse Andrea Wilson a annoncé des heures prolongées pour les piscines publiques et les jeux d’eau, qui resteront désormais ouvertes jusqu’à 22h pendant toute la durée de l’alerte de chaleur.
“Ce n’est plus seulement une météo inconfortable—c’est une urgence de santé publique majeure,” a déclaré Dr. Michael Chen, médecin hygiéniste de Toronto. “Nous avons déjà constaté une augmentation de 32% des visites aux urgences pour des problèmes liés à la chaleur par rapport à la même période l’an dernier.”
L’impact s’étend au-delà des centres urbains. Les communautés agricoles de l’Ontario signalent des dommages préoccupants aux cultures, les premières estimations suggérant que les rendements de maïs pourraient être réduits jusqu’à 15% si les conditions actuelles persistent tout au long de la semaine. La Fédération de l’agriculture de l’Ontario a demandé un soutien d’urgence au gouvernement provincial pour aider les agriculteurs à gérer les coûts d’irrigation pendant cette crise.
À Terre-Neuve, généralement connue pour son climat maritime plus frais, St. John’s a enregistré son quatrième jour consécutif au-dessus de 30°C—un phénomène extraordinaire pour la région. Les infrastructures locales, qui ne sont pas conçues pour une chaleur aussi prolongée, montrent des signes de tension. Les autorités provinciales de l’énergie ont émis une demande de conservation alors que l’utilisation des climatiseurs pousse le réseau électrique près de sa capacité maximale.
“Ces événements correspondent précisément aux projections du changement climatique pour l’Est du Canada,” a noté Dr. Lisa Kowalski, climatologue à l’Université de Toronto. “Ce qui était autrefois considéré comme un événement de chaleur extrême survenant une fois tous les cinquante ans se produit maintenant avec une fréquence alarmante. C’est notre nouvelle réalité.”
L’alerte de chaleur coïncide avec un rapport publié la semaine dernière par l’Institut climatique du Canada indiquant que les événements de chaleur extrême dans l’Est du Canada ont augmenté de 40% depuis 2000, avec des augmentations supplémentaires projetées de 60-80% d’ici 2050 sans réductions significatives des émissions.
Les responsables de la santé sont particulièrement préoccupés par les populations vulnérables, notamment les personnes âgées, les femmes enceintes et celles souffrant de conditions médicales préexistantes. Les hôpitaux des régions touchées ont mis en œuvre des protocoles de réponse à la chaleur, avec des zones de rafraîchissement dédiées dans les services d’urgence et du personnel supplémentaire pour les admissions liées à la chaleur.
“L’aspect le plus troublant est que ces événements de chaleur affectent de manière disproportionnée ceux qui sont les moins équipés pour y faire face,” a expliqué Dr. Francine Dupont de l’Association canadienne de santé publique. “Les ménages à faible revenu manquent souvent de climatisation adéquate, créant une inégalité sanitaire dangereuse qui nécessite une intervention ciblée.”
Alors que le dôme de chaleur ne montre aucun signe de rupture avant la fin de semaine, les autorités continuent d’exhorter les résidents à vérifier l’état des voisins vulnérables, à rester hydratés et à éviter les activités extérieures pendant les heures de chaleur maximale. Environnement Canada prévoit que le système pourrait finalement s’affaiblir d’ici dimanche, ramenant les températures aux normes saisonnières.
Alors que les communautés de l’Est du Canada naviguent dans cette dangereuse vague de chaleur, une question reste de plus en plus urgente : comment nos infrastructures, nos systèmes de santé et nos populations vulnérables s’adapteront-ils à un avenir où de tels événements de chaleur extrême deviennent non pas l’exception, mais la règle?