Dans un avis public urgent publié hier, Santé Canada a tiré la sonnette d’alarme concernant l’usage récréatif croissant du protoxyde d’azote, communément appelé “gaz hilarant”, citant des conséquences potentiellement graves et irréversibles pour la santé des consommateurs. L’avertissement de l’autorité sanitaire fédérale survient alors que les hospitalisations liées à l’usage inapproprié de cette substance lors de fêtes, festivals de musique et rassemblements sociaux augmentent dans les grandes villes canadiennes.
“Ce que de nombreux Canadiens perçoivent comme un simple stimulant festif peut en réalité causer des dommages neurologiques dévastateurs,” a déclaré Dr. Miranda Chen, conseillère médicale principale à Santé Canada. “Nous observons une augmentation alarmante des visites aux urgences liées à l’usage abusif du protoxyde d’azote, particulièrement chez les jeunes adultes.”
Ce gaz incolore, qui produit un bref effet euphorique lorsqu’il est inhalé, a gagné en popularité grâce à son accessibilité et au high de courte durée qu’il procure. Traditionnellement utilisé en milieu médical comme anesthésique et dans la préparation alimentaire comme agent fouettant, les cartouches de protoxyde d’azote—souvent appelées “whippets”—peuvent être légalement achetées à des fins culinaires, créant une zone grise réglementaire que Santé Canada aborde maintenant.
Les responsables sanitaires sont particulièrement préoccupés par le risque d’épuisement de la vitamine B12 associé à l’usage régulier du protoxyde d’azote. “Une utilisation prolongée ou fréquente peut inactiver la vitamine B12 dans l’organisme, entraînant de graves complications neurologiques, notamment des engourdissements, des picotements dans les extrémités, des difficultés à marcher et, dans les cas graves, des lésions nerveuses permanentes,” a expliqué Dr. Chen.
Notre rédaction a appris que l’Hôpital Toronto Western a traité plus de 35 cas de neuropathie liée au protoxyde d’azote depuis janvier, soit une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente. Montréal et Vancouver ont signalé des tendances inquiétantes similaires.
Au-delà des risques neurologiques, l’avis a souligné d’autres dangers, notamment l’hypoxie (privation d’oxygène), des gelures aux lèvres, à la gorge et aux cordes vocales dues à la température froide du gaz lorsqu’il est directement inhalé, et des blessures physiques résultant de chutes dues aux étourdissements.
L’usage récréatif du gaz hilarant a attiré l’attention particulière des analystes en raison de sa popularité croissante dans les festivals de musique et les fêtes universitaires, où les consommateurs ignorent souvent les risques substantiels pour la santé. Selon une récente enquête du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, environ 12% des jeunes adultes canadiens déclarent avoir utilisé du protoxyde d’azote à des fins récréatives au moins une fois au cours de l’année écoulée.
L’avertissement de Santé Canada a suscité des appels de professionnels de la santé en faveur d’une réglementation plus stricte des ventes de protoxyde d’azote. “Bien qu’il ait des applications culinaires et médicales légitimes, nous avons besoin de meilleurs contrôles pour prévenir les abus,” a déclaré Dr. Alisha Thompson, neurologue à l’Hôpital général de Vancouver. “J’ai traité des patients dans la vingtaine qui ont maintenant des problèmes de démarche permanents parce qu’ils ne comprenaient pas les risques.”
L’avis a également souligné que l’usage répété peut entraîner une dépendance psychologique, bien que le protoxyde d’azote ne provoque pas de dépendance physique de la même manière que des substances comme les opioïdes ou l’alcool.
Les ministères provinciaux de la santé coordonnent maintenant leurs efforts avec Santé Canada pour développer des campagnes éducatives ciblant les jeunes adultes et les festivaliers. La Colombie-Britannique a déjà annoncé des plans pour distribuer du matériel d’information lors des événements musicaux d’été, tandis que les responsables de la santé de l’Ontario s’engagent auprès des campus universitaires avant les activités d’orientation automnales.
À l’approche de la saison des festivals d’été, cet avertissement opportun soulève d’importantes questions sur l’usage récréatif de substances au Canada. Comment mieux équilibrer les libertés individuelles avec les préoccupations de santé publique, et quelle responsabilité les organisateurs d’événements ont-ils dans la protection des participants contre des substances potentiellement nocives qui restent techniquement légales?