Dans un geste qui menace de perturber le service postal à travers le pays, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a émis aujourd’hui un avis de grève officiel, signalant des perturbations postales potentielles à l’échelle nationale dès la semaine prochaine. Cette annonce survient après des mois de négociations de plus en plus tendues entre le syndicat et la direction de Postes Canada concernant les salaires, les conditions de travail et la sécurité d’emploi.
“Nous avons passé d’innombrables heures à la table de négociation pour tenter d’arriver à une entente équitable,” a déclaré Martin Desrochers, président national du STTP. “Malheureusement, Postes Canada continue de proposer des mesures qui éroderaient des décennies d’avantages durement acquis tout en refusant d’aborder les préoccupations critiques de sécurité auxquelles nos membres font face quotidiennement.”
L’avis de grève fait suite à un vote donnant un mandat de grève à 94%, reflétant l’insatisfaction généralisée parmi les quelque 50 000 travailleurs postaux représentés par le STTP. Au cœur du conflit se trouvent les changements proposés au régime de retraite pour les nouveaux employés, des augmentations salariales que les représentants syndicaux jugent bien inférieures aux taux d’inflation, et des préoccupations concernant l’augmentation de la charge de travail due à la hausse des livraisons de colis depuis la pandémie.
Jennifer McIntosh, porte-parole de Postes Canada, a exprimé sa déception face à l’avis de grève, affirmant que la société d’État avait “présenté plusieurs offres complètes qui équilibrent une rémunération équitable avec les réalités financières auxquelles font face les services postaux dans le monde entier.” Selon les rapports financiers de Postes Canada, la société a fait face à une pression concurrentielle croissante de la part des services de messagerie privés et des plateformes de communication numérique.
L’arrêt de travail potentiel a déjà envoyé des ondes de choc dans la communauté d’affaires canadienne, les petites et moyennes entreprises étant particulièrement vulnérables aux perturbations d’expédition. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante estime qu’une grève postale prolongée pourrait coûter aux petites entreprises jusqu’à 250 millions de dollars par semaine en paiements retardés et en défis logistiques.
Le gouvernement fédéral a jusqu’à présent maintenu une approche non-interventionniste, la ministre du Travail Olivia Chow déclarant que le gouvernement “respecte le processus de négociation collective” mais “surveille la situation de près.” Cependant, les analystes politiques notent que la pression pourrait s’intensifier pour une intervention gouvernementale si les négociations restent dans l’impasse, particulièrement compte tenu de la proximité de la saison des achats de fin d’année.
Ce conflit marque la première action syndicale majeure à Postes Canada depuis les grèves tournantes de 2018 qui ont duré près de six semaines avant d’être arrêtées par une loi de retour au travail. Cette législation a été plus tard déclarée inconstitutionnelle par la Cour supérieure de l’Ontario, un fait que les négociateurs actuels n’ont pas oublié.
Alors que les citoyens et les entreprises se préparent à d’éventuelles interruptions de service, des plans d’urgence sont en cours d’élaboration dans divers secteurs. Les communications gouvernementales essentielles, y compris les chèques de pension et de prestations sociales, seraient probablement exemptées de tout arrêt de travail en vertu d’accords sur les services essentiels.
Avec les deux parties qui doivent rencontrer les médiateurs fédéraux demain, le compte à rebours est lancé vers ce qui pourrait devenir l’un des conflits de travail les plus importants du Canada en 2025. Alors que les travailleurs postaux préparent d’éventuelles lignes de piquetage, la question demeure : dans notre monde de plus en plus numérique, le service postal traditionnel du Canada a-t-il atteint un carrefour où une restructuration fondamentale est inévitable, ou un compromis peut-il être trouvé qui préserve à la fois les normes de service et la protection des travailleurs?