Les bénéfices de RBC s’envolent en 2025 après l’acquisition de HSBC Canada
Dans les tours de verre et d’acier du quartier financier de Toronto, les dirigeants de la Banque Royale du Canada célèbrent une étape remarquable. Le géant bancaire a annoncé une augmentation impressionnante de 15 % de ses bénéfices au deuxième trimestre 2025, dépassant largement les attentes du marché et faisant taire les sceptiques qui remettaient en question la pertinence de son acquisition de HSBC Canada pour 13,5 milliards de dollars conclue l’année dernière.
Les chiffres racontent une histoire convaincante : RBC a affiché un bénéfice trimestriel de 4,8 milliards de dollars, en hausse par rapport aux 4,1 milliards de dollars de la même période l’an dernier. Le bénéfice par action a atteint 3,45 $, dépassant confortablement les prévisions consensuelles des analystes financiers de 3,20 $. Cette performance marque le troisième trimestre consécutif de croissance à deux chiffres depuis l’intégration des activités de HSBC Canada.
“L’acquisition de HSBC génère précisément les avantages que nous avions prévus, peut-être même plus rapidement qu’anticipé,” a déclaré la PDG de RBC, Katie Taylor, lors de la conférence téléphonique avec les investisseurs hier. “Nous avons réussi à conserver 93 % des clients fortunés de HSBC tout en réalisant 420 millions de dollars en synergies de coûts pour ce seul trimestre.”
La division de gestion de patrimoine s’est distinguée comme le secteur le plus performant, avec des bénéfices en hausse de 22 % à 1,2 milliard de dollars. Cette croissance a été alimentée par l’augmentation des actifs sous gestion et la vente croisée de produits d’investissement aux anciens clients de HSBC. Les opérations bancaires internationales, renforcées par la connectivité mondiale de HSBC, ont connu une augmentation de revenus de 19 %.
La division des marchés de capitaux de RBC a contribué à hauteur de 1,1 milliard de dollars au résultat net, bénéficiant d’une activité de négociation accrue dans un contexte de volatilité des marchés et d’une hausse des services de conseil en fusions. Le segment des services bancaires aux particuliers et aux entreprises, bien que moins spectaculaire dans sa croissance, a tout de même affiché une augmentation saine de 8 % de ses bénéfices, atteignant 2,1 milliards de dollars.
Tous les indicateurs n’étaient cependant pas à la hausse. La banque a signalé une légère augmentation des provisions pour pertes sur créances, mettant de côté 475 millions de dollars contre 420 millions de dollars au trimestre précédent. Les dirigeants ont qualifié cette mesure de “positionnement prudent” compte tenu des incertitudes économiques actuelles, plutôt que d’un signal de détérioration de la qualité des prêts.
La réaction du marché a été extrêmement positive, les actions de RBC grimpant de 3,8 % suite à cette annonce. Les analystes financiers ont largement révisé leurs projections annuelles à la hausse, plusieurs d’entre eux faisant passer leurs recommandations de “conserver” à “acheter”.
“RBC a exécuté cette acquisition de façon impeccable,” a noté James Chen, analyste chez Morgan Stanley. “Ils ont réussi à retenir les talents clés, à intégrer efficacement les systèmes et à tirer parti des connexions internationales de HSBC tout en minimisant les perturbations.”
L’acquisition a reconfiguré le paysage bancaire canadien, consolidant davantage la position de RBC en tant qu’institution financière dominante du pays. Avec des actifs dépassant désormais 2,1 billions de dollars, la banque détient environ 27 % de parts de marché dans les services bancaires de détail canadiens et a considérablement élargi sa présence dans le secteur concurrentiel de la gestion de patrimoine.
Pour les consommateurs, l’impact reste mitigé. Bien que RBC ait maintenu la plupart des offres de services premium de HSBC Canada, certains anciens clients de HSBC ont signalé des changements dans les structures de frais et les avantages des comptes. La banque insiste sur le fait que ces ajustements reflètent des améliorations de service plutôt que des mesures de réduction des coûts.
Pour l’avenir, les dirigeants de RBC ont exposé des plans ambitieux visant à tirer parti de l’infrastructure bancaire internationale de HSBC. “Nous sommes particulièrement enthousiastes quant aux opportunités dans le financement du commerce et les transactions transfrontalières,” a expliqué Jennifer Burke, directrice financière de RBC. “L’acquisition nous a donné des capacités accrues pour servir les entreprises canadiennes opérant à l’échelle mondiale.”
Alors que l’économie canadienne navigue dans des eaux incertaines, la performance de RBC suggère que les acquisitions stratégiques, lorsqu’elles sont bien exécutées, peuvent générer une valeur substantielle même dans des environnements difficiles. La question est maintenant de savoir si les concurrents suivront cette voie ou poursuivront des stratégies de croissance alternatives dans un secteur bancaire de plus en plus concentré.
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