Bois de Récupération dans la Construction Urbaine : Comment les Villes Redonnent Vie au Bois

Olivia Carter
6 Min Read
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Dans l’ombre du centre-ville de Toronto, une transformation s’opère discrètement. Les équipes de construction ne se contentent pas de démolir d’anciennes structures—elles les récoltent soigneusement. Un jeudi matin récent, j’ai observé des ouvriers extraire méticuleusement des poutres centenaires en sapin de Douglas d’un entrepôt des années 1920, non pas comme des déchets destinés aux sites d’enfouissement, mais comme des ressources précieuses sur le point de commencer leur seconde vie dans le paysage urbain en évolution du Canada.

“Ce que la plupart des gens considèrent comme des déchets de démolition, nous le voyons comme les matériaux de construction de demain,” explique Maya Richardson, fondatrice d’Urban Timber Recovery, qui me guide à travers le site. “Ces poutres ont séché pendant plus de 100 ans. On ne peut tout simplement pas reproduire cette qualité dans du bois neuf.”

Cette déconstruction méthodique représente un mouvement croissant dans les villes canadiennes qui révolutionne notre approche de la construction urbaine. Plutôt que le modèle traditionnel “démolir et jeter”, les promoteurs et architectes se tournent de plus en plus vers le bois récupéré—pas seulement pour son attrait esthétique, mais comme solution pratique aux multiples défis auxquels fait face l’industrie de la construction.

Les chiffres racontent une histoire convaincante. Selon Environnement Canada, les activités de construction et de démolition génèrent environ 4 millions de tonnes de déchets de bois annuellement, dont près de 75% finissent dans des sites d’enfouissement. Pendant ce temps, le secteur du bâtiment représente environ 40% des émissions mondiales de carbone en tenant compte à la fois de la construction et des opérations.

“L’utilisation du bois récupéré peut réduire l’empreinte carbone d’un projet jusqu’à 60% par rapport au bois vierge,” note Dr. Samira Patel, ingénieure environnementale à l’Institut de construction durable de l’Université de Toronto. “Ces matériaux ont déjà complété leur cycle de carbone initial. Lorsque nous les réutilisons, nous prolongeons essentiellement leur capacité de stockage de carbone tout en évitant les émissions associées à une nouvelle production.”

Au-delà des avantages environnementaux, le bois récupéré apporte un caractère distinctif aux développements urbains. À The Foundry, un nouveau développement à usage mixte dans le quartier Gastown de Vancouver, les architectes ont incorporé du bois centenaire provenant d’un élévateur à grains désaffecté. Le résultat est saisissant—des poutres exposées portant les marques de leur passé industriel encadrent maintenant des appartements et bureaux modernes élégants.

“Les clients demandent de plus en plus des matériaux avec une histoire et un récit,” explique l’architecte Jordan Chen. “Il y a une connexion tangible au lieu qu’on ne peut tout simplement pas obtenir avec de nouveaux matériaux. Chaque marque, trou de clou et patine représente un morceau de notre patrimoine collectif.”

Cette demande croissante a déclenché un écosystème économique émergent. Les entreprises spécialisées dans “l’exploitation minière urbaine”—la récupération systématique des matériaux de construction—créent de nouveaux emplois verts tout en développant une expertise spécialisée. Le marché du bois récupéré en Amérique du Nord dépasse maintenant 8 milliards de dollars annuellement, croissant d’environ 8% par an selon les rapports de l’industrie.

La tendance s’étend au-delà des développements privés. La Ville de Montréal a récemment mandaté que tous les projets de bâtiments publics doivent incorporer un minimum de 15% de matériaux récupérés. Des politiques similaires sont à l’étude à Toronto, Edmonton et Calgary, les dirigeants municipaux reconnaissant la valeur environnementale et culturelle de la réutilisation des matériaux de construction.

“Ces politiques reflètent un changement de paradigme dans notre vision de l’environnement bâti,” explique Catherine Williams, Directrice de l’infrastructure durable à la Fédération canadienne des municipalités. “Nous passons d’un modèle de consommation linéaire à un modèle circulaire où les bâtiments deviennent des banques de matériaux pour la construction future.”

Cependant, des défis demeurent. Les codes du bâtiment actuels n’ont pas été rédigés en tenant compte de la réutilisation des matériaux, créant des obstacles réglementaires pour les architectes et ingénieurs. Les coûts de test et de certification pour les matériaux récupérés peuvent être prohibitifs pour les projets plus petits. De plus, le processus de déconstruction prend généralement 2 à 3 fois plus de temps qu’une démolition conventionnelle, ajoutant des coûts initiaux de temps et de main-d’œuvre.

Les vétérans de l’industrie comme Richardson restent déterminés. “Nous ne sauvons pas seulement des matériaux—nous préservons un savoir-faire et des techniques qui ont largement disparu de la construction moderne,” me dit-elle alors que nous examinons une poutre taillée à la main portant les marques de haches maniées par des ouvriers il y a des décennies. “Ce n’est pas seulement de la construction durable; c’est de la préservation culturelle.”

Alors que les villes à travers le Canada continuent de croître et d’évoluer, la question devient de plus en plus pertinente : nos bâtiments sont-ils simplement des structures temporaires, ou peuvent-ils devenir des ressources renouvelables pour les générations futures? La réponse pourrait se trouver dans ces bois patinés qui trouvent une nouvelle utilité dans notre paysage urbain.

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