Dans une aubaine fiscale inattendue, les coffres provinciaux de l’Alberta ont gonflé jusqu’à un surplus de 8,3 milliards $ pour l’exercice financier 2023-24, dépassant considérablement les projections initiales et positionnant la province sur une assise économique plus solide malgré des conditions mondiales volatiles. Le ministre des Finances Nate Horner a fait cette annonce mercredi lors de la publication du rapport annuel de la province, soulignant comment ce surplus substantiel représente à la fois des opportunités et des défis pour la gestion économique de l’Alberta.
“Ce surplus reflète à la fois la résilience de l’économie albertaine et une gestion fiscale prudente,” a déclaré Horner lors de la conférence de presse. “Mais nous restons vigilants quant à la nature imprévisible des revenus tirés des ressources qui continuent de définir notre réalité fiscale.”
L’impressionnant chiffre de 8,3 milliards $ dépasse considérablement les prévisions budgétaires de février du gouvernement qui étaient de 5,5 milliards $, avec les 2,8 milliards $ supplémentaires largement attribués à des revenus de ressources plus élevés que prévu et un environnement fiscal stratégique qui a stimulé la croissance des entreprises dans de multiples secteurs.
Les revenus pour l’exercice financier ont atteint 78,3 milliards $—4 milliards $ de plus que prévu—tandis que les dépenses s’élevaient à 70 milliards $, représentant une augmentation de 1,2 milliard $ par rapport aux projections, principalement en raison d’initiatives d’aide aux sinistrés et de réponse d’urgence. Ces chiffres dressent le portrait d’une province connaissant une performance économique robuste malgré des incertitudes plus larges du marché.
Le surplus a permis à l’Alberta de réduire sa dette soutenue par les contribuables à 76,8 milliards $, en baisse par rapport aux 79,9 milliards $ prévus. Cette réduction se traduit par environ 16 400 $ de dette par Albertain, un chiffre nettement inférieur à celui de nombreuses autres provinces canadiennes, positionnant l’Alberta avec l’un des bilans financiers les plus solides du pays.
Les critiques, cependant, remettent en question l’approche du gouvernement pour gérer cette richesse nouvellement découverte. La critique financière de l’opposition, Shannon Phillips, soutient que le gouvernement de la première ministre Danielle Smith continue de poursuivre une approche incohérente en matière de gestion fiscale.
“Les Albertains vivent une crise d’abordabilité pendant que ce gouvernement est assis sur des milliards en fonds excédentaires,” a déclaré Phillips. “Le gouvernement du PCU continue de prendre des décisions à court terme avec des conséquences à long terme.”
L’annonce du surplus survient à un moment où le secteur énergétique de l’Alberta fait face à une incertitude continue. Bien que les prix du pétrole soient restés relativement stables, les perspectives à plus long terme pour le principal moteur économique de la province restent obscurcies par les initiatives mondiales de transition énergétique et la volatilité du marché.
L’économiste Trevor Tombe de l’Université de Calgary note que la dépendance de l’Alberta aux revenus des ressources crée des vulnérabilités inhérentes. “Ce surplus est une bonne nouvelle, mais il est important de se rappeler que la santé fiscale de l’Alberta reste étroitement liée aux marchés énergétiques mondiaux. La diversification des sources de revenus demeure un objectif critique à long terme.”
Le gouvernement prévoit d’allouer des portions du surplus au Fonds du patrimoine de la province, à l’investissement dans les infrastructures et à d’éventuelles mesures d’allègement fiscal, bien que les allocations spécifiques restent en discussion.
Le taux de chômage de l’Alberta se situe à 6,4 pour cent, légèrement au-dessus de la moyenne nationale mais montrant une amélioration par rapport aux trimestres précédents. Le taux de croissance du PIB de la province de 3,7 pour cent a dépassé celui de la plupart des autres juridictions canadiennes, soulignant l’élan économique qui a contribué au surplus fiscal.
Alors que l’Alberta navigue dans cette période de force fiscale, la question fondamentale demeure : comment la province peut-elle tirer parti du surplus d’aujourd’hui pour bâtir une résilience contre les fluctuations inévitables des revenus des ressources de demain? La réponse déterminera probablement la trajectoire économique de l’Alberta pour les années à venir.