Face à la diminution du nombre de candidatures et à l’augmentation des départs à la retraite, les services de police de l’Ontario se sont unis dans une initiative de recrutement sans précédent visant à revitaliser leurs rangs. La campagne, dévoilée cette semaine dans toute la province, représente le premier effort coordonné de ce genre pour répondre à ce que les responsables décrivent comme un “défi critique en matière de personnel” affectant les forces de l’ordre dans tout l’Ontario.
“Nous assistons à un véritable concours de circonstances qui ont mené à cette situation,” explique Thomas Carrique, commissaire de la Police provinciale de l’Ontario. “Une génération d’agents approche de l’âge de la retraite, tandis que la perception du public concernant le métier de policier a considérablement évolué, rendant plus difficile l’attraction de candidats qualifiés qui auraient traditionnellement envisagé cette carrière.”
La campagne multiplateforme, intitulée “Plus qu’un uniforme,” cible spécifiquement les communautés diverses et les groupes démographiques qui ont historiquement été sous-représentés dans les forces policières. Des publicités numériques apparaîtront sur les réseaux sociaux, dans les transports en commun et dans les médias traditionnels, mettant en valeur les divers cheminements de carrière et les spécialisations disponibles au sein des services de police modernes.
Selon les données de l’Association des chefs de police de l’Ontario, les taux de candidature ont diminué d’environ 23% depuis 2018, tandis que près d’un tiers des agents actuels seront admissibles à la retraite dans les cinq prochaines années. Cette réalité démographique a créé une urgence autour des efforts de recrutement, particulièrement dans les communautés du nord et rurales où les pénuries de personnel sont devenues de plus en plus apparentes.
“Les policiers d’aujourd’hui ont besoin de compétences différentes par rapport aux générations précédentes,” souligne Myron Demkiw, chef du Service de police de Toronto. “Nous recherchons des résolveurs de problèmes, des bâtisseurs communautaires et des personnes qui apportent des perspectives diverses et des aptitudes technologiques. Le métier a énormément évolué.”
La campagne met l’accent sur les avantages professionnels au-delà des rôles policiers traditionnels, en soulignant les unités spécialisées se concentrant sur la cybercriminalité, la traite des personnes, les crimes financiers et le travail communautaire. Les salaires de départ pour les agents en Ontario se situent généralement entre 65 000 $ et 75 000 $, avec des possibilités d’avancement et de formation spécialisée.
Les efforts de recrutement ont fait face à des vents contraires ces dernières années, au milieu des débats publics sur les modèles de police et les appels à la réforme. La campagne aborde directement ces conversations, en soulignant les changements en cours dans les protocoles de formation et les approches opérationnelles visant à établir des relations communautaires plus solides.
“Nous comprenons que le travail policier doit évoluer, et c’est exactement pourquoi nous avons besoin de nouvelles voix et perspectives au sein de nos organisations,” affirme Nishan Duraiappah, chef de la Police régionale de Peel. “Les agents que nous recrutons aujourd’hui façonneront l’avenir du travail policier pour les décennies à venir.”
L’initiative propose également des séances d’information virtuelles où les candidats potentiels peuvent dialoguer directement avec des agents actuels issus de divers milieux. Ces séances visent à démystifier le processus de candidature et à fournir un aperçu réaliste du quotidien des carrières policières modernes.
Pour les petites communautés confrontées à des défis particuliers de recrutement, la campagne comprend des actions ciblées auprès des programmes de fondements policiers dans les collèges de la province, avec des incitatifs spéciaux pour les diplômés disposés à servir dans les détachements du nord et des régions rurales.
Cette initiative pluriannuelle représente un investissement important, avec un financement provenant des ressources provinciales ainsi que des services de police individuels. Les responsables espèrent que cette approche coordonnée donnera des résultats plus efficaces que les efforts de recrutement autonomes antérieurs.
Alors que les communautés ontariennes continuent d’évoluer sur le plan démographique et technologique, cette audacieuse initiative de recrutement réussira-t-elle à attirer la prochaine génération d’agents capables de répondre à ces besoins changeants en matière de sécurité publique?