Dans une convergence diplomatique sans précédent, le Canada s’est aligné avec 24 autres nations pour émettre une déclaration commune vigoureuse appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, marquant la pression internationale la plus unifiée sur Israël depuis le début du conflit il y a près de 10 mois. La déclaration, publiée jeudi soir, représente un changement significatif dans le positionnement du Canada face à la crise humanitaire en cours qui a coûté la vie à plus de 38 000 Palestiniens.
“Nous ne pouvons rester les bras croisés alors que le bilan des morts s’alourdit et que les conditions humanitaires se détériorent au-delà de l’imaginable,” peut-on lire dans la déclaration commune, que la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly a personnellement approuvée après des jours d’intenses négociations en coulisses. “Le temps des politesses diplomatiques est révolu. Nous exigeons une cessation immédiate des hostilités.”
Cette évolution survient alors que la réponse humanitaire du Canada fait l’objet d’un examen minutieux, les critiques soutenant que les efforts diplomatiques précédents manquaient d’impact substantiel. La déclaration condamne explicitement la “situation humanitaire catastrophique” et appelle à un “accès sans restriction de l’aide” aux 2,3 millions d’habitants de Gaza, dont beaucoup sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et à des soins médicaux limités.
Le premier ministre Justin Trudeau, s’exprimant depuis Ottawa, a souligné l’engagement du Canada envers des solutions multilatérales. “Cette déclaration commune reflète notre conviction inébranlable que seule une pression internationale coordonnée peut nous permettre d’atteindre une paix durable,” a déclaré Trudeau. “Nous avons atteint un point de rupture où les impératifs humanitaires doivent transcender toutes les autres considérations.”
La coalition de nations—incluant des alliés traditionnels comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, aux côtés de partenaires inattendus comme le Qatar et l’Égypte—représente une réalisation diplomatique remarquable dans un paysage international profondément polarisé. Les États-Unis et Israël sont notamment absents des signataires.
Dr Amira Hassan, directrice de l’Institut d’études sur le Moyen-Orient à l’Université de Toronto, a décrit la déclaration comme un “moment charnière potentiel” dans les relations internationales. “La participation du Canada signale une recalibration de son approche traditionnellement prudente du conflit israélo-palestinien,” a confié Hassan à CO24. “Cela pourrait marquer le début d’une politique étrangère canadienne plus affirmée face aux crises humanitaires.”
La déclaration expose des demandes concrètes : des pauses humanitaires immédiates, une livraison d’aide sans restriction, la protection des infrastructures civiles et un engagement envers une solution viable à deux États. Elle appelle également à la libération immédiate de tous les otages détenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 qui a déclenché le conflit.
Les réactions au sein des cercles politiques canadiens ont été, comme on pouvait s’y attendre, divisées. Le chef de l’opposition Pierre Poilievre a critiqué le gouvernement pour ce qu’il a qualifié de “gesticulation sans politique de fond,” tandis que le chef du NPD Jagmeet Singh a salué cette initiative comme étant “attendue depuis longtemps” mais a appelé à des mesures plus fortes, y compris des sanctions.
Pendant ce temps, les organisations humanitaires ont prudemment accueilli cette évolution. La directrice de Médecins Sans Frontières Canada, Sophie Lambert, l’a qualifiée de “première étape cruciale” mais a souligné que “les paroles doivent être suivies d’actions concrètes pour soulager les souffrances.”
Cette déclaration survient alors que les préoccupations économiques concernant l’impact mondial du conflit s’intensifient. Une analyse récente du Conference Board du Canada suggère qu’une instabilité régionale prolongée pourrait affecter négativement les routes commerciales internationales, les prix de l’énergie et la confiance des investisseurs, ce qui pourrait coûter jusqu’à 3,7 milliards de dollars par an à l’économie canadienne.
Alors que les détails de mise en œuvre restent à venir, le véritable test sera de savoir si cette coalition diplomatique peut transformer des paroles fortes en résultats tangibles. Avec l’infrastructure de Gaza décimée et sa population confrontée à des conditions humanitaires catastrophiques, l’urgence ne peut être surestimée.
Alors que l’attention internationale se tourne maintenant vers la réponse d’Israël, une question cruciale se pose : cette démonstration sans précédent d’unité diplomatique parviendra-t-elle enfin à briser le cycle de la violence, ou rejoindra-t-elle la longue liste des déclarations bien intentionnées qui n’ont pas réussi à changer la réalité sur le terrain?