Le Canada invite le prince héritier saoudien au G7

Olivia Carter
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La danse diplomatique entre le Canada et l’Arabie saoudite a pris un tournant significatif aujourd’hui alors que le premier ministre Justin Trudeau a confirmé qu’une invitation au prochain Sommet du G7 a été adressée au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Ce développement marque un changement notable dans des relations qui avaient été précédemment tendues jusqu’au point de rupture suite aux critiques canadiennes de 2018 concernant le bilan des droits de la personne du royaume.

“L’engagement avec des pays ayant des perspectives différentes est essentiel pour réaliser des progrès sur les défis mondiaux,” a déclaré Trudeau lors d’une conférence de presse à Ottawa. “La session de sensibilisation du G7 réunira diverses voix pour aborder des enjeux critiques, notamment le changement climatique, la stabilité économique et la sécurité régionale.”

Cette décision survient dans un contexte de pressions économiques croissantes et de réalités géopolitiques changeantes. Le Canada, qui assure la présidence du G7 cette année, s’efforce de reconstruire sa relation avec cette nation riche en pétrole depuis que les liens diplomatiques ont été effectivement rompus lorsque l’Arabie saoudite a expulsé l’ambassadeur canadien, rapatrié des milliers d’étudiants et suspendu de nouveaux accords commerciaux en réponse aux critiques canadiennes des pratiques saoudiennes en matière de droits de la personne.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a souligné que l’invitation représente une diplomatie pragmatique plutôt qu’une approbation. “Nous continuons d’avoir de sérieuses préoccupations concernant les droits de la personne en Arabie saoudite,” a-t-elle déclaré aux journalistes. “Mais résoudre les défis mondiaux nécessite un dialogue avec tous les acteurs majeurs, y compris ceux avec qui nous avons des désaccords.”

Le Sommet du G7, prévu pour juin dans la région de Charlevoix au Québec, réunira les dirigeants des économies les plus avancées du monde. L’invitation au prince héritier saoudien s’inscrit dans le cadre du volet de sensibilisation du sommet, qui inclut typiquement des dirigeants de nations non membres du G7 pour discuter de défis mondiaux spécifiques.

Des considérations économiques semblent influencer ce reset diplomatique. Les échanges commerciaux entre le Canada et l’Arabie saoudite, qui ont chuté après le différend de 2018, ont lentement commencé à se redresser. Les exportations canadiennes vers le royaume ont atteint 1,46 milliard de dollars en 2023, bien que toujours en dessous des niveaux d’environ 4 milliards de dollars annuels d’avant le différend.

Les experts en sécurité énergétique notent que le timing correspond aux efforts occidentaux plus larges pour engager l’Arabie saoudite dans un contexte de volatilité du marché énergétique mondial. “Le Canada reconnaît ce que d’autres nations occidentales ont déjà admis – que l’Arabie saoudite demeure un acteur indispensable dans les marchés énergétiques mondiaux et pour la stabilité du Moyen-Orient,” a déclaré Dr. Amira Hassan, directrice de l’Institut d’économie énergétique à l’Université de Toronto.

L’invitation a suscité des réactions mitigées dans les cercles politiques canadiens. Les critiques de l’opposition se demandent si le gouvernement a obtenu des engagements significatifs en matière de droits de la personne en échange de cette ouverture diplomatique. Le critique des affaires étrangères conservateur, Michael Chong, a soutenu que “la normalisation sans responsabilisation mine la crédibilité du Canada en matière de droits de la personne.”

Pendant ce temps, les organisations de défense des droits humains ont exprimé leur inquiétude. Amnistie internationale Canada a qualifié l’invitation de “profondément troublante compte tenu des exécutions continues, des détentions de dissidents et du manque de responsabilité pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.”

Le prince héritier, connu sous le nom de MBS, a poursuivi un programme de modernisation ambitieux en Arabie saoudite tout en faisant face à des critiques internationales concernant les droits de la personne, particulièrement suite à l’assassinat de Khashoggi en 2018 au consulat saoudien d’Istanbul. Un rapport des renseignements américains a conclu que MBS avait approuvé l’opération, une accusation que les responsables saoudiens ont constamment niée.

Pour le Canada, cette manœuvre diplomatique représente un exercice d’équilibre délicat entre plaidoyer de principe et engagement pragmatique. Le gouvernement Trudeau face au défi de maintenir son engagement déclaré envers les droits de la personne tout en poursuivant des intérêts économiques et stratégiques dans un paysage mondial de plus en plus complexe.

Alors que le Canada se prépare à accueillir les économies démocratiques les plus influentes du monde, cette invitation soulève une question fondamentale sur la diplomatie moderne : Peut-on réaliser des progrès significatifs sur les défis mondiaux en s’engageant avec des nations dont les valeurs divergent considérablement des nôtres, ou un tel engagement finit-il par miner les principes mêmes que nous prétendons défendre?

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