Le positionnement isolé du Canada sur les contre-tarifs et la politique commerciale vis-à-vis de la Chine parmi les nations occidentales

Olivia Carter
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Dans une démarche sans précédent qui a suscité des interrogations dans les cercles diplomatiques, le Canada se retrouve aujourd’hui comme la seule nation occidentale à mettre en œuvre des contre-tarifs extensifs sur les importations chinoises, reflétant les stratégies protectionnistes de Pékin. Cette position exceptionnelle a déclenché un débat parmi les experts commerciaux quant à savoir si Ottawa fait figure de pionnier avec une réponse nécessaire aux pratiques économiques chinoises ou s’isole potentiellement de ses alliés traditionnels.

La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a reconnu cette position distinctive lors de récentes discussions parlementaires, notant que “le Canada est le seul pays au monde, en dehors de la Chine, à imposer autant de contre-tarifs.” Ses remarques soulignent l’approche de plus en plus affirmée du gouvernement Trudeau envers Pékin dans un contexte de détérioration des relations bilatérales.

Ces contre-mesures, qui ciblent des exportations chinoises clés comme l’acier, l’aluminium et divers produits manufacturés, représentent la réponse d’Ottawa à ce qu’il qualifie de pratiques commerciales déloyales. Les analystes économiques soulignent un changement significatif dans l’approche de la politique commerciale canadienne, qui s’alignait auparavant plus étroitement sur les stratégies européennes et américaines d’engagement avec la Chine.

“Ce que nous observons, c’est essentiellement le Canada qui adopte le manuel de la Chine,” explique Dr. Margaret Chen, spécialiste du commerce international à l’Université de Toronto. “Alors que d’autres nations occidentales ont exprimé des préoccupations concernant les pratiques du marché chinois, elles ont généralement exercé des pressions multilatérales via des organisations comme l’OMC plutôt que d’appliquer des tarifs équivalents.”

Les implications économiques demeurent controversées. Les fabricants canadiens qui accueillent favorablement la protection contre la concurrence chinoise contrastent avec les détaillants et consommateurs préoccupés par l’augmentation des prix des biens importés. Des rapports gouvernementaux internes suggèrent que les contre-tarifs pourraient augmenter les prix à la consommation de 3 à 5 % dans les catégories concernées, tout en stimulant potentiellement la fabrication nationale de 2 à 3 %.

L’isolement diplomatique que crée cette approche présente des défis supplémentaires. Les alliés traditionnels, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, ont opté pour des mesures plus ciblées contre des industries chinoises spécifiques plutôt que des régimes larges de contre-tarifs. Cette divergence soulève des questions sur la coordination du Canada avec ses partenaires occidentaux concernant la stratégie envers la Chine.

“Ottawa semble tester si égaler le nationalisme économique de Pékin est plus efficace que l’approche prudente privilégiée par Washington et Bruxelles,” observe l’ancien diplomate Richard Stevenson. “Le risque est que le Canada pourrait se retrouver pris entre des blocs économiques concurrents sans le levier suffisant pour protéger ses intérêts.”

Les responsables chinois ont, sans surprise, condamné l’approche du Canada, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wei Feng déclarant que “les mesures provocatrices du Canada sapent le système commercial mondial et nuiront ultimement à sa propre économie.” Pékin a menacé de prendre des mesures de représailles supplémentaires si Ottawa maintient sa position actuelle.

Pour les Canadiens ordinaires, les implications vont au-delà de la politique commerciale abstraite. Des propriétaires de petites entreprises comme Sarah Williams, importatrice basée à Toronto, font face à des conséquences immédiates : “Nos marges étaient déjà serrées, et maintenant nous sommes forcés soit d’absorber ces nouveaux coûts, soit de les répercuter sur les clients qui font déjà face à l’inflation,” explique-t-elle.

Le gouvernement Trudeau défend son approche comme nécessaire pour protéger les industries et les travailleurs canadiens tout en encourageant la Chine à adopter des pratiques commerciales plus réciproques. Les critiques, cependant, se demandent si le Canada a un poids économique suffisant pour influencer le comportement chinois par des mesures bilatérales seules.

Alors que les tensions commerciales mondiales continuent d’évoluer dans le contexte de réalignement économique post-pandémique, la position isolée du Canada soulève une question cruciale : la volonté d’Ottawa d’égaler les mesures protectionnistes de la Chine est-elle une stratégie audacieuse que d’autres nations occidentales finiront par suivre, ou un pari économique risqué qui pourrait laisser le Canada vulnérable dans un marché mondial de plus en plus fragmenté?

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