La serviette hygiénique a parcouru un long chemin depuis ses origines encombrantes et inconfortables. Aujourd’hui, en me promenant dans les allées des pharmacies de Montréal, je suis frappée par la révolution qui se déroule sous nos yeux dans le domaine des produits de santé et d’hygiène féminine—une révolution largement façonnée par les voix, les innovations et les exigences canadiennes.
Le paysage de l’hygiène féminine s’est transformé radicalement au cours de la dernière décennie. Ce qui était autrefois un marché dominé par quelques multinationales offrant des options limitées s’est transformé en un écosystème diversifié de produits répondant à des besoins dont de nombreuses consommatrices n’avaient même pas conscience. Des coupes menstruelles aux culottes menstruelles, des tampons en coton biologique aux baumes anti-crampes infusés au CBD, les options semblent infinies et de plus en plus personnalisées.
“Les consommatrices canadiennes figurent parmi les plus averties et exigeantes en matière de transparence des ingrédients,” note Dr. Maya Feldman, chercheuse en santé des femmes à l’Université McGill. “Elles posent des questions que leurs mères n’auraient jamais pensé à poser, et les entreprises sont obligées d’y répondre.”
Ce changement s’inscrit dans un mouvement culturel plus large qui brise les tabous autour des menstruations et de la santé féminine. Alors que les générations précédentes chuchotaient à propos de “cette période du mois,” les consommatrices d’aujourd’hui ont des conversations franches et publiques sur l’équité menstruelle, l’impact environnemental et les préoccupations liées à l’exposition aux produits chimiques. Les Canadiennes, en particulier, sont à l’avant-garde pour exiger des produits qui correspondent à la fois à leurs valeurs et à leurs priorités de santé.
Les statistiques racontent une histoire convaincante. Selon des études de marché récentes, près de 68% des Canadiennes âgées de 18 à 35 ans ont essayé au moins un produit menstruel alternatif au-delà des serviettes et tampons conventionnels au cours des deux dernières années. Parallèlement, les ventes de produits affichant les mentions “biologique,” “sans produits chimiques” ou “durable” ont augmenté de 37% depuis 2020.
L’entreprise vancouvéroise Aisle (anciennement Lunapads) représente parfaitement ce leadership canadien. L’un des premiers fabricants mondiaux de serviettes réutilisables, ils remettent en question les normes de l’industrie depuis 1993. Ce qui était autrefois considéré comme un produit marginal est maintenant entré dans le courant dominant, avec des détaillants majeurs comme Shoppers Drug Mart et London Drugs qui élargissent leur offre pour inclure des options réutilisables.
“Il y a eu un changement fondamental dans la conscience des consommateurs,” explique Madeleine Shaw, fondatrice d’Aisle. “Les femmes n’acceptent plus les produits contenant des produits chimiques non divulgués ou créant des déchets inutiles. Elles votent avec leur portefeuille pour de meilleures options.”
L’impact économique est considérable. Le marché canadien des produits d’hygiène féminine devrait atteindre 1,02 milliard de dollars d’ici 2026, les segments durables et biologiques croissant deux fois plus vite que les produits conventionnels. Cette croissance est en partie due à l’élimination de la “taxe tampon” en 2015, rendant ces produits essentiels plus accessibles tout en créant simultanément un espace pour que les consommatrices envisagent des alternatives premium.
Mais il ne s’agit pas seulement des menstruations. Toute la catégorie des produits de santé féminine est en pleine réinvention. Des probiotiques pour la santé vaginale aux dispositifs de suivi de fertilité, des produits autrefois relégués aux cabinets médicaux ou aux conversations chuchotées sont maintenant fièrement exposés sur les étagères des magasins et dans le marketing en ligne.
L’entrepreneure montréalaise Sophie Verrier a lancé sa société BioFemme après avoir souffert d’infections récurrentes et trouvé peu de produits sans produits chimiques agressifs. “Je voulais quelque chose qui travaille avec mon corps plutôt que contre lui,” me confie-t-elle autour d’un café. “Et j’ai découvert que des milliers de Canadiennes cherchaient la même chose.”
Sa gamme de produits de soins intimes à pH équilibré a connu une croissance de 300% d’une année à l’autre, principalement grâce au bouche-à-oreille. “Les femmes parlent. Quand elles trouvent quelque chose qui fonctionne réellement et ne cause pas plus de problèmes, elles le disent à tout le monde.”
Cette révolution menée par les consommatrices s’étend au-delà des produits eux-mêmes pour inclure leur commercialisation et la façon dont on en parle. Finis les jours du mystérieux liquide bleu et des femmes jouant au tennis en shorts blancs. La publicité d’aujourd’hui reconnaît la réalité des menstruations, de l’inconfort et des besoins divers des corps à différentes étapes de la vie.
Les implications dépassent la santé individuelle pour toucher aux préoccupations environnementales. Une personne menstruée utilisera environ 11 000 produits menstruels jetables au cours de sa vie. Les consommatrices canadiennes sont de plus en plus conscientes de cet impact environnemental, poussant les entreprises vers des options biodégradables, des emballages réduits et des produits à usage prolongé.
La grande question demeure : s’agit-il d’une tendance passagère ou d’un changement fondamental dans notre approche de la santé des femmes? Les experts de l’industrie suggèrent cette dernière option, pointant vers des mouvements similaires dans les soins de la peau et l’alimentation qui ont commencé comme des préoccupations de niche avant de transformer définitivement leurs marchés respectifs.
À mesure que nous avançons, la relation entre les consommatrices canadiennes et ces catégories de produits en évolution va probablement s’approfondir. Les femmes exigent des produits conçus pour leurs besoins réels plutôt que ce que les services marketing pensent qu’elles devraient vouloir. Elles lisent les ingrédients, comparent les impacts environnementaux et partagent des avis honnêtes en ligne.
Pour les entreprises, le message est clair : la transparence, la durabilité et l’innovation authentique comptent. Pour les consommatrices, le pouvoir de façonner toute une industrie n’a jamais été aussi évident. Et pour nous tous, ces changements représentent quelque chose de plus profond—un changement culturel vers une prise au sérieux de la santé des femmes, sans honte ni secret.
À quoi ressembleront les produits d’hygiène dans une décennie reste à voir. Mais une chose semble certaine : les Canadiennes continueront à mener la conversation, à exiger mieux et à refuser de se contenter de produits qui ne servent ni leur corps ni leurs valeurs.
Pour plus d’analyses sur les changements culturels dans le comportement des consommateurs, visitez notre section CO24 Tendances, ou explorez notre couverture approfondie des innovations en santé des femmes dans CO24 Culture.