Les Canadiens se rendent à Buffalo pour une IRM en raison des retards de soins de santé

Olivia Carter
6 Min Read
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Juste de l’autre côté de la frontière de Fort Erie en Ontario, un établissement médical dynamique à Buffalo est devenu une bouée de sauvetage inattendue pour les Canadiens pris dans les filets des délais de leur propre système de santé. Le Centre d’imagerie KMG, détenu et exploité par des Canadiens, a constaté une augmentation du nombre de patients prêts à échanger des dollars canadiens contre la rapidité médicale américaine.

“Nous voyons des Ontariens franchir nos portes quotidiennement,” explique Dr. Melissa Chen, directrice médicale chez KMG Imaging. “Beaucoup nous disent qu’ils attendent depuis des mois, parfois plus d’un an, pour une IRM que nous pouvons fournir en quelques jours.”

L’établissement, ouvert il y a trois ans, a vu sa clientèle canadienne croître jusqu’à représenter environ 40% de ses patients. La plupart viennent de la région du Golden Horseshoe en Ontario, poussés par des temps d’attente qui peuvent s’étendre jusqu’à 18 mois pour des IRM non urgentes dans le système de santé provincial.

Pour Sandra Winters, une résidente de Hamilton de 57 ans souffrant de douleurs chroniques au dos, la décision de traverser la frontière est venue après que son spécialiste lui ait suggéré qu’elle pourrait attendre jusqu’à neuf mois pour une imagerie. “J’étais constamment en douleur, incapable de travailler ou même de dormir correctement,” explique Winters. “Quand j’ai découvert que je pouvais obtenir une IRM à Buffalo en une semaine pour 600$, c’était une décision difficile mais nécessaire.”

Cette tendance croissante souligne l’état préoccupant du système de santé canadien, particulièrement en Ontario, où les données provinciales montrent des temps d’attente pour les IRM atteignant en moyenne 96 jours en août 2023. Cependant, de nombreux patients signalent des attentes nettement plus longues, surtout pour les affections non mortelles.

Le ministère de la Santé de l’Ontario a reconnu ces défis, soulignant un investissement de 30 millions de dollars en 2023 pour augmenter la capacité d’imagerie diagnostique dans toute la province. “Nous travaillons à réduire les temps d’attente grâce à un financement ciblé et des améliorations du système,” a déclaré un porte-parole du ministère, bien qu’il ait refusé de commenter spécifiquement sur les Canadiens cherchant des soins à l’étranger.

Les économistes de la santé notent que ce tourisme médical transfrontalier représente plus que des choix individuels – il signale des problèmes structurels plus profonds. Dr. Michael Decter, ancien sous-ministre de la santé pour l’Ontario et expert en politique de santé, le décrit comme “un symptôme d’un système sous pression.”

“Quand les gens qui peuvent se le permettre commencent à quitter le système public pour des soins plus rapides ailleurs, nous assistons à un échec à répondre aux attentes raisonnables,” dit Decter. “La préoccupation devient si cela crée un système à deux vitesses basé non pas sur les besoins médicaux mais sur la capacité de payer.”

Chez KMG Imaging, les patients paient généralement entre 500 et 900$ CAD pour une IRM, selon la complexité et la partie du corps examinée. Bien que cela représente une dépense importante non couverte par l’assurance maladie provinciale, de nombreux Canadiens comme Peter McLeod considèrent que cela en vaut la peine.

“J’avais besoin de réponses concernant mon genou avant de prendre des décisions sur une chirurgie,” explique McLeod, un gestionnaire de construction de Toronto. “Attendre huit mois signifiait potentiellement huit mois de plus de mobilité limitée et d’être en invalidité. Financièrement, le voyage à Buffalo m’a en fait fait économiser de l’argent à long terme.”

Le phénomène a suscité un débat dans les cercles politiques canadiens sur les priorités de financement des soins de santé et l’équilibre entre les options publiques et privées. Les critiques soutiennent que les Canadiens ne devraient pas avoir à quitter le pays pour des soins rapides, tandis que d’autres suggèrent d’adopter un modèle hybride qui maintient une couverture universelle tout en permettant plus de flexibilité.

Dr. Chen souligne que la plupart des patients arrivent avec des références de médecins canadiens qui sont tout aussi frustrés par les contraintes du système. “De nombreux médecins nous recommandent discrètement parce qu’ils veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs patients, même si cela signifie les envoyer de l’autre côté de la frontière.”

Pour les entrepreneurs canadiens qui ont établi KMG Imaging, l’opportunité commerciale est née d’une expérience personnelle avec les délais de soins de santé. “Nous avons vu un besoin et créé une solution,” dit Thomas Richardson, l’un des fondateurs de l’établissement. “Nous n’avions jamais anticipé la rapidité avec laquelle la demande augmenterait.”

Alors que les systèmes de santé provinciaux luttent contre les arriérés post-pandémiques et les pénuries chroniques de personnel, le flux de Canadiens vers Buffalo ne semble pas prêt de ralentir. Cela soulève une question fondamentale sur l’avenir des soins de santé canadiens : un système conçu sur des principes d’universalité et d’accès égal peut-il s’adapter aux demandes modernes sans forcer ses citoyens à chercher des solutions au-delà de ses frontières?

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