Dans une initiative ambitieuse pour résoudre les pénuries critiques de personnel, la Colombie-Britannique a réussi à recruter près de 800 professionnels de la santé en provenance des États-Unis au cours des deux dernières années, transformant le paysage du recrutement des soins de santé canadien dans un contexte de concurrence croissante pour le talent médical.
Le ministre de la Santé de la province, Adrian Dix, a annoncé cette étape importante cette semaine, révélant que 797 travailleurs de la santé américains ont été embauchés depuis janvier 2022 dans le cadre de la stratégie agressive de recrutement transfrontalier de la C.-B. Cette initiative représente un changement significatif dans la façon dont les provinces canadiennes abordent les défis de dotation en personnel de santé.
“Ces professionnels ont apporté des compétences et une expérience précieuses à notre système de santé,” a déclaré Dix lors d’une conférence de presse à Victoria. “Leurs contributions se font déjà sentir dans les communautés à travers la province où les pénuries de personnel sont les plus aiguës.”
Les recrues américaines couvrent plusieurs disciplines, les infirmières constituant le groupe le plus important avec 422 professionnels. De plus, la C.-B. a attiré 100 médecins, 150 professionnels paramédicaux et 125 assistants de soins de santé de l’autre côté de la frontière. Ces professionnels ont été déployés stratégiquement dans les régions confrontées aux défis de personnel les plus graves, y compris les communautés rurales et éloignées.
Les experts de l’industrie soulignent plusieurs facteurs qui motivent cette migration vers le nord du talent médical. Sandra Nelson, spécialiste du recrutement en soins de santé, note que “de nombreux travailleurs de la santé américains sont attirés par l’équilibre travail-vie personnelle du Canada, son système de santé public complet et ses forfaits de rémunération compétitifs lorsqu’on considère l’ensemble des avantages.”
Cette campagne de recrutement arrive à un moment critique pour le système de santé de la Colombie-Britannique, qui a lutté contre des pénuries de personnel exacerbées par la pandémie de COVID-19 et une main-d’œuvre vieillissante. Les temps d’attente pour les procédures et la surpopulation des services d’urgence ont été des défis persistants ces dernières années.
Cependant, l’initiative n’a pas été sans controverse. Certains défenseurs des soins de santé ont soulevé des préoccupations éthiques concernant le recrutement de professionnels des États-Unis, qui fait face à ses propres défis de dotation en personnel de santé. Les critiques soutiennent que cette approche pourrait simplement redistribuer les pénuries plutôt que d’aborder les problèmes sous-jacents de développement de la main-d’œuvre.
Dr. Michael Thompson, analyste des politiques de santé à l’Université de la Colombie-Britannique, souligne la nécessité d’approches durables: “Bien que le recrutement international offre un soulagement immédiat, les solutions à long terme doivent inclure des programmes de formation nationale élargis et des stratégies améliorées de rétention du personnel existant.”
Le gouvernement provincial a défendu ses pratiques de recrutement, soulignant que l’initiative n’est qu’une composante d’une stratégie globale de main-d’œuvre de soins de santé qui comprend un financement accru pour l’éducation médicale, l’amélioration des conditions de travail et des innovations technologiques pour améliorer l’efficacité.
Les implications financières de cette campagne de recrutement sont substantielles. La province a alloué plus de 12 millions de dollars spécifiquement pour les efforts de recrutement international, y compris l’aide à la relocalisation, le soutien à l’obtention de licences et les programmes d’orientation. Les responsables maintiennent que cet investissement offre des rendements substantiels en réduisant les heures supplémentaires coûteuses, le personnel d’agence et les interruptions de service.
Pour l’avenir, les autorités sanitaires de la C.-B. prévoient de poursuivre leurs efforts de recrutement international tout en développant simultanément des programmes de formation nationaux. La province a annoncé une augmentation de 25% des places dans les facultés de médecine et une expansion de 15% de la capacité des programmes de soins infirmiers au cours des cinq prochaines années.
Alors que la concurrence mondiale pour le talent en soins de santé s’intensifie, comment les provinces canadiennes équilibreront-elles les besoins immédiats en personnel avec des stratégies durables de développement de la main-d’œuvre sans contribuer aux inégalités internationales en matière de soins de santé?