Alors que le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entrait dans sa deuxième journée, des milliers de Palestiniens déplacés sont prudemment retournés dans le nord de Gaza samedi, confrontés à un paysage de dévastation où des quartiers familiers ont été réduits à des ruines méconnaissables. Parallèlement, des militaires américains sont arrivés en Israël pour établir un quai temporaire destiné à l’acheminement de l’aide humanitaire, créant une juxtaposition saisissante entre destruction et potentiel soulagement.
La pause de quatre jours dans les hostilités, négociée grâce à d’intenses efforts diplomatiques, a ouvert une brève fenêtre pour que l’aide humanitaire atteigne les 2,3 millions d’habitants de Gaza qui ont enduré sept semaines de bombardements incessants et des conditions de plus en plus désastreuses. L’accord a également permis la libération de 24 otages des mains du Hamas vendredi, avec d’autres libérations attendues dans les prochains jours.
“Je n’ai pas pu reconnaître ma propre rue,” a déclaré Mahmoud al-Masri, un père de trois enfants de 43 ans qui est retourné au camp de réfugiés de Shati à Gaza. “Tout est détruit. Mes enfants n’arrêtaient pas de demander où étaient leurs jouets, leurs livres, mais il ne reste rien à sauver.”
L’accord de cessez-le-feu stipule l’entrée quotidienne de 200 camions d’aide et de carburant à Gaza, répondant aux pénuries critiques qui ont paralysé les hôpitaux et les installations de traitement d’eau. Selon des responsables des Nations Unies, environ 300 camions transportant de la nourriture, des médicaments et des fournitures d’urgence sont entrés à Gaza vendredi et samedi, bien que les travailleurs humanitaires soulignent que cela reste insuffisant étant donné l’ampleur de la crise.
Dans le nord de Gaza, les résidents ont décrit des scènes de dévastation totale à leur retour. Des immeubles entiers ont été réduits à des squelettes de béton, tandis que les infrastructures essentielles sont en ruines. L’Organisation mondiale de la Santé rapporte que 22 des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent plus, les établissements restants opérant bien au-delà de leur capacité.
“Nous avons soigné des milliers de civils blessés, dont beaucoup d’enfants souffrant de traumatismes nécessitant des chirurgies complexes,” a déclaré Dr. Sarah Bennett, médecin de Médecins Sans Frontières travaillant à Gaza. “Le système médical était déjà sous tension avant ce conflit. Maintenant, il est complètement débordé.”
Pendant ce temps, des militaires américains sont arrivés en Israël pour commencer la construction d’un quai flottant temporaire qui faciliterait la livraison maritime de fournitures humanitaires. L’administration Biden a annoncé que cette initiative établirait une route d’approvisionnement alternative, indépendante des passages terrestres congestionnés qui ont sévèrement restreint le flux d’aide.
Le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral Daniel Hagari, a confirmé qu’environ 500 soldats américains seraient impliqués dans l’opération, soulignant qu’ils resteraient au large et n’entreraient pas à Gaza. “Ce quai temporaire augmentera considérablement la capacité de livraison de l’aide humanitaire,” a déclaré Hagari. “Il représente une composante d’une stratégie plus large pour répondre à l’urgence humanitaire à Gaza.”
Le cessez-le-feu a également créé un espace pour l’engagement diplomatique, les médiateurs qataris et égyptiens travaillant à prolonger la pause au-delà de sa durée initiale de quatre jours. Selon des sources familières avec les négociations, le Hamas a exprimé sa volonté de prolonger la trêve si davantage de prisonniers palestiniens sont libérés des centres de détention israéliens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a rendu visite aux troupes près de Gaza vendredi, réaffirmant que les opérations militaires reprendraient après la fin du cessez-le-feu. “C’est une brève pause,” a dit Netanyahou aux soldats. “Nous continuerons avec toute notre force à démanteler les capacités militaires du Hamas.”
Le conflit, qui a débuté avec l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre ayant tué environ 1 200 personnes et pris 240 otages, a entraîné plus de 15 000 morts palestiniens selon les autorités sanitaires de Gaza, bien que ces chiffres ne puissent être vérifiés de façon indépendante.
Alors que la nuit tombait sur Gaza, des familles se blottissaient dans des bâtiments endommagés ou des abris de fortune, leur avenir suspendu entre le répit temporaire du cessez-le-feu et la menace imminente d’une reprise des hostilités. La question demeure: cette brève pause dans la violence créera-t-elle un élan pour une résolution plus durable, ou ne représentera-t-elle qu’une pause momentanée dans ce qui est déjà devenu l’un des chapitres les plus meurtriers de ce conflit vieux de plusieurs décennies?