Dans un changement rafraîchissant par rapport aux normes traditionnelles du milieu de travail, un nombre croissant d’employeurs canadiens choisissent de prolonger le congé de la fête du Canada, offrant aux employés un week-end de quatre jours en déclarant le lundi 1er juillet comme jour férié statutaire et en ajoutant le mardi 2 juillet comme jour de congé supplémentaire. Ce virage inattendu survient alors que les organisations reconnaissent de plus en plus la valeur du bien-être des employés et de l’équilibre travail-vie personnelle dans un marché du travail post-pandémique.
“C’était vraiment une évidence pour nous,” explique Melissa Warren, PDG de la société technologique Innovatech basée à Toronto. “Quand nous avons examiné les indicateurs de productivité par rapport à la satisfaction des employés, prolonger le congé avait parfaitement sens d’un point de vue commercial. La plupart de nos employés auraient de toute façon la tête ailleurs le mardi.”
Le sentiment de Warren fait écho dans plusieurs secteurs, les entreprises utilisant stratégiquement les pauses prolongées pour combattre l’épuisement professionnel et améliorer la rétention. Selon des données récentes du Congrès du travail du Canada, les organisations offrant des avantages de congés bonifiés rapportent des scores de satisfaction des employés 23% plus élevés et des taux de roulement nettement inférieurs aux moyennes du secteur.
Le phénomène s’étend au-delà du secteur privé. Plusieurs administrations municipales en Ontario et en Colombie-Britannique ont annoncé des arrangements similaires pour leurs employés, l’administration municipale de Calgary ayant rejoint la tendance la semaine dernière. “L’efficacité des services publics s’améliore réellement lorsque nous respectons le besoin de nos travailleurs de disposer d’un temps de récupération significatif,” note James Chen, directeur des ressources humaines de Calgary.
Pour les entreprises ayant des opérations directement avec le public, le calcul devient plus complexe. Le géant du commerce de détail La Baie d’Hudson maintiendra ses heures régulières mais offrira une rémunération majorée pour les quarts de travail du mardi, tandis que la chaîne de restaurants Le Keg a donné le pouvoir aux directeurs d’établissement individuels de prendre des décisions de planification en fonction des conditions du marché local.
Les analystes économiques de CO24 Business soulignent l’évolution des attentes en milieu de travail comme force motrice derrière ce changement. “La pandémie a fondamentalement modifié la façon dont les employeurs et les employés perçoivent le contrat de travail,” explique l’économiste du travail Dr. Sandeep Gill. “Les organisations qui ne s’adaptent pas à ces nouvelles attentes se retrouvent désavantagées sur le plan concurrentiel lorsqu’il s’agit de recruter les meilleurs talents.”
Toutes les entreprises canadiennes ne rejoignent pas le mouvement, cependant. Plusieurs grandes institutions financières et installations manufacturières ont maintenu leurs horaires traditionnels, citant les exigences opérationnelles et les attentes des clients.
Le débat soulève des questions importantes sur la façon dont nous structurons le travail dans une économie moderne. Si les indicateurs de productivité restent stables ou s’améliorent avec des horaires plus flexibles, verrons-nous un changement permanent par rapport à la semaine de travail rigide de cinq jours dans la politique canadienne et les affaires? Plus important encore, alors que les concurrents mondiaux expérimentent des semaines de travail de quatre jours et des politiques de congés améliorées, les entreprises canadiennes peuvent-elles se permettre de ne pas évoluer?