Dans un changement de politique controversé qui a secoué le paysage de la gouvernance éducative en Ontario, les conseillers scolaires font désormais face à un renvoi automatique après avoir manqué trois réunions consécutives sans approbation formelle—une modification qui a déclenché un débat passionné sur la représentation démocratique et l’autonomie de la gouvernance locale.
Les amendements nouvellement mis en œuvre à la Loi sur l’éducation de l’Ontario, entrés en vigueur avec une consultation publique minimale, ont laissé de nombreux conseillers se démener pour comprendre les implications pour leurs rôles en tant qu’élus. Ces changements remplacent les règles précédentes qui permettaient aux conseillers de manquer trois mois consécutifs de réunions avant de risquer d’être démis de leurs fonctions.
“Cela représente un changement fondamental dans la façon dont l’assiduité est mesurée,” a expliqué Maria Santos, présidente du conseil scolaire du district de York, lors d’une récente réunion du conseil. “Selon les règles précédentes, un conseiller pouvait techniquement manquer plusieurs réunions sur trois mois si les réunions étaient espacées. Maintenant, trois absences consécutives—peu importe la période—déclenche un renvoi automatique.”
Le moment choisi pour ces changements a soulevé des questions parmi les experts en gouvernance éducative. Survenant peu après les élections municipales où de nombreux nouveaux conseillers ont été élus à travers la province, les amendements ont créé ce que certains décrivent comme un “piège de conformité” pour les nouveaux élus qui apprennent encore leurs responsabilités.
Au conseil scolaire du district du comté de Simcoe, les conseillers ont exprimé d’importantes préoccupations concernant l’approche du gouvernement provincial. La conseillère Sarah Miller a exprimé une forte opposition lors de leur réunion: “Nous sommes des élus choisis par nos communautés. La province dit effectivement aux électeurs locaux que leurs choix démocratiques peuvent être renversés sur la base d’exigences d’assiduité qui n’étaient pas en place lorsqu’ils ont voté.”
La nature mécanique de la règle s’est avérée particulièrement problématique. Selon le nouveau cadre, même les conseillers ayant des raisons légitimes d’absence—comme des urgences médicales ou des crises familiales—doivent obtenir l’approbation formelle de leurs collègues par un vote enregistré lors d’une réunion du conseil. Cela crée un défi procédural pour les absences imprévues qui peuvent survenir entre les réunions planifiées.
Peter Williams, analyste des politiques éducatives à l’Institut du leadership en éducation de l’Ontario, souligne des implications plus profondes: “Ce que nous voyons est un autre exemple de contrôle centralisé sur des questions de gouvernance traditionnellement gérées localement. La question devient de savoir si cela sert vraiment l’intérêt de la qualité éducative ou ajoute simplement une autre couche de conformité qui détourne l’attention des questions éducatives de fond.”
Le ministère de l’Éducation a défendu ces changements comme des mesures de responsabilisation nécessaires, la porte-parole Jennifer Roberts déclarant: “Les conseillers ont d’importantes responsabilités envers leurs communautés. Une présence régulière assure une représentation et une supervision constantes des questions éducatives qui touchent les élèves.”
Cependant, l’Association des conseils scolaires publics de l’Ontario a demandé au ministère de reconsidérer le calendrier de mise en œuvre, faisant valoir que les changements de règles en milieu de mandat créent des défis inutiles pour les conseils qui naviguent déjà dans des questions éducatives complexes après la pandémie.
Pour les conseillers à travers la province, la préoccupation immédiate est la conformité pratique. De nombreux conseils adoptent maintenant des procédures formelles de demande d’absence et développent des systèmes de suivi pour surveiller les absences consécutives. Certains sont allés plus loin, mettant en œuvre des protocoles d’alerte précoce pour avertir les conseillers qui approchent du seuil des trois absences.
Alors que les conseils scolaires sont aux prises avec ces nouvelles exigences, une question plus fondamentale émerge sur la relation entre la surveillance provinciale et l’autonomie démocratique locale : dans notre quête de mesures de responsabilisation standardisées, sommes-nous en train de saper les principes mêmes de la démocratie représentative que la gouvernance des conseils scolaires était censée défendre?