Le rituel familier de rapporter les contenants d’alcool vides à The Beer Store en Ontario se trouve à la croisée des chemins, alors que le gouvernement provincial explore des méthodes alternatives de collecte. Cette refonte potentielle, qui s’inscrit dans le cadre de l’expansion continue de la vente d’alcool par le premier ministre Doug Ford, a déclenché un débat intense parmi les parties prenantes, laissant les consommateurs se demander où ils rapporteront leurs contenants vides à l’avenir.
Selon des documents gouvernementaux obtenus par Global News, l’administration Ford envisage activement des options pour permettre le retour des bouteilles dans les épiceries qui vendront bientôt de la bière, du vin et des boissons prêtes à boire. Le système actuel, qui traite plus de 1,8 milliard de contenants chaque année via le réseau The Beer Store, fait face à une restructuration importante alors que l’accord de longue date de la province avec le détaillant expire en 2025.
“Le gouvernement examine les options pour gérer le retour des bouteilles lorsque la vente d’alcool s’étendra aux épiceries,” a déclaré Brett Weltman, porte-parole du ministre des Finances Peter Bethlenfalvy. Cet examen coïncide avec la transformation plus large de la vente au détail d’alcool dans la province, qui vise à accroître la commodité pour les consommateurs tout en maintenant la responsabilité environnementale.
The Beer Store, détenu conjointement par Molson, Labatt et Sleeman, gère le programme de consigne de l’Ontario depuis des décennies, obtenant des résultats environnementaux impressionnants avec un taux de récupération de 94% pour les bouteilles standard de l’industrie. Ces bouteilles sont réutilisées jusqu’à 15 fois avant d’être recyclées, représentant une pierre angulaire des initiatives d’économie circulaire de l’Ontario.
Cependant, la transition vers la vente d’alcool en épicerie présente des défis logistiques. Le monopole actuel de The Beer Store sur le retour des bouteilles existe parallèlement à ses opérations de vente au détail, créant un système intégré qui serait difficile à reproduire dans les environnements d’épicerie conventionnels.
“Il y a de nombreuses considérations complexes dans la conception d’un système de récupération des contenants qui fonctionne pour les consommateurs, protège l’environnement et maintient l’efficacité de notre modèle actuel,” a déclaré Ted Moroz, président de The Beer Store, lorsqu’il a été approché pour commentaire.
Les détaillants en alimentation ont exprimé des réactions variées à l’idée de potentiellement gérer les retours. Certaines grandes chaînes disposant d’un espace adéquat pourraient accueillir des systèmes de collecte, tandis que les magasins plus petits avec une surface limitée ont exprimé des préoccupations concernant l’hygiène et la mise en œuvre pratique.
“L’odeur, les besoins d’espace, le risque de nuisibles—ce sont des préoccupations opérationnelles sérieuses pour les environnements d’épicerie où la sécurité alimentaire est primordiale,” a expliqué un représentant de l’une des associations d’épiceries indépendantes de l’Ontario qui a demandé l’anonymat en attendant les annonces officielles de politique.
Les organisations environnementales suivent de près ces développements. Les défenseurs de la réduction des déchets soulignent que tout nouveau système doit maintenir ou améliorer les taux de récupération actuels de The Beer Store pour éviter un recul dans les progrès environnementaux de l’Ontario.
“Ce qui est en jeu ici est plus que la commodité—il s’agit de préserver un modèle d’économie circulaire qui garde des milliards de contenants hors des sites d’enfouissement chaque année,” a déclaré Ashley Davidson de l’Alliance environnementale de l’Ontario. “Toute transition doit prioriser les résultats environnementaux parallèlement à l’accès des consommateurs.”
La province fait face à des décisions difficiles sur la façon de structurer le retour des bouteilles dans ce nouveau paysage de vente au détail. Les options envisagées comprennent l’établissement de dépôts de collecte séparés, l’obligation pour les détaillants d’épicerie d’accepter les retours, la création de systèmes de retour automatisés similaires à ceux du Québec, ou le maintien du rôle de The Beer Store dans la collecte des contenants même si son exclusivité de vente au détail prend fin.
Ces délibérations se déroulent dans le contexte du calendrier ambitieux de la province pour mettre en œuvre l’expansion des ventes d’alcool d’ici fin 2026. Le groupe de travail technique qui aborde ces défis comprend des représentants de la Régie des alcools de l’Ontario, de The Beer Store, des chaînes d’épicerie et des agences environnementales.
Alors que l’Ontario navigue dans cette transition complexe, la question fondamentale demeure: la province peut-elle créer un système de retour des contenants qui maintient les normes environnementales tout en s’alignant sur les nouvelles réalités du commerce de détail? Pour les consommateurs habitués au modèle actuel, la réponse déterminera non seulement où ils achèteront leurs boissons, mais aussi où les bouteilles vides finiront par aboutir.