Le symbolisme était impossible à manquer lorsque six chefs des Premières Nations se sont présentés devant le roi Charles III la semaine dernière, offrant au monarque une ceinture wampum traditionnelle tout en délivrant un message clair concernant les promesses de traités non tenues depuis des générations. Cette audience royale sans précédent au palais de Buckingham marque un moment crucial dans la lutte continue pour la reconnaissance de la souveraineté autochtone au Canada.
“Nous avons rappelé à Sa Majesté que l’honneur de la Couronne est en jeu,” a déclaré le Grand Chef Abram Benedict du Conseil mohawk d’Akwesasne, qui dirigeait la délégation. “Ces traités n’étaient pas simplement des accords entre parties—ils représentent des engagements sacrés conclus de nation à nation qui continuent de lier la Couronne aujourd’hui.”
La délégation, représentant des nations de l’Est du Canada, s’est rendue à Londres spécifiquement pour aborder ce qu’ils décrivent comme des échecs systémiques du gouvernement canadien à respecter les traités signés directement avec les monarques britanniques datant du 18e siècle. Leur mission souligne la position juridique unique que maintiennent de nombreuses Premières Nations—que leur relation principale existe avec la Couronne elle-même, et non avec le gouvernement canadien.
La rencontre historique a duré près d’une heure, dépassant largement la durée habituelle d’une audience royale. Des sources proches du palais ont décrit le Roi comme “profondément engagé” tout au long de la discussion, posant de nombreuses questions sur les dispositions spécifiques des traités et leurs défis de mise en œuvre.
“Sa Majesté a reconnu que ces traités ont été conclus à perpétuité et demeurent juridiquement contraignants,” a noté le Chef R. Donald Maracle des Mohawks de la baie de Quinte. “Bien que diplomatique dans son approche, le Roi a clairement reconnu la gravité de ces obligations non résolues.”
La délégation a présenté une documentation exhaustive détaillant les dispositions spécifiques des traités nécessitant l’attention royale, y compris les droits aux territoires de chasse et de pêche, les accords de partage des ressources, et la protection des sites sacrés qui ont été systématiquement érodés par les décisions politiques canadiennes au cours des décennies.
Les experts juridiques suggèrent que cet appel direct pourrait avoir des implications significatives. “En s’adressant directement au monarque, ces nations identifient correctement la Couronne comme le partenaire originel du traité,” a expliqué Dre Pamela Palmater, avocate mi’kmaw et professeure à l’Université métropolitaine de Toronto. “Cette stratégie contourne la tendance du gouvernement canadien à minimiser ces accords historiques et pourrait potentiellement faire pression sur le palais de Buckingham et Ottawa pour qu’ils abordent des griefs de longue date.”
Le gouvernement canadien a réagi avec prudence à cette rencontre. Dans une déclaration, le ministre des Relations Couronne-Autochtones Gary Anandasangaree a reconnu “l’importance historique” de l’audience tout en réaffirmant que “le gouvernement du Canada reste engagé à mettre en œuvre les obligations des traités par le biais des cadres de réconciliation établis.”
Cependant, les leaders autochtones demeurent sceptiques face à de telles assurances. “Nous avons entendu des promesses pendant des générations,” a déclaré le Chef Leroy Denny de la Première Nation d’Eskasoni. “Ce qui rend ce moment différent, c’est que nous avons maintenant directement rappelé à la Couronne son obligation personnelle d’honorer ces accords—des obligations qui ne peuvent être ni déléguées ni oubliées.”
Le moment de cette audience royale est particulièrement significatif, survenant au milieu de tensions croissantes concernant l’exploitation des ressources sur les territoires traditionnels et les batailles juridiques continues sur l’interprétation des traités. Le mois dernier, la Cour suprême du Canada a entendu les arguments dans une affaire historique qui pourrait radicalement redéfinir la façon dont les traités historiques sont interprétés dans les contextes économiques modernes.
Après la rencontre, des responsables du palais ont confirmé que le roi Charles a demandé un briefing complet sur toutes les obligations de traités en suspens entre la Couronne et les nations autochtones à travers le Canada—un geste que les observateurs suggèrent comme étant plus qu’une simple courtoisie diplomatique.
“Ce n’est pas simplement symbolique—c’est potentiellement transformateur,” a noté le Chef Benedict. “Le Roi a l’autorité personnelle d’influencer la façon dont le Canada aborde ces accords sacrés, et nous avons clairement fait comprendre que l’inaction n’est plus acceptable.”
Alors que la délégation retourne au Canada, la question demeure: cette audience royale comblera-t-elle enfin le fossé séculaire entre les promesses des traités et leur mise en œuvre, ou deviendra-t-elle une autre note de bas de page historique dans la longue lutte pour la justice autochtone?