Dans un élan majeur pour le secteur aérospatial canadien, Bombardier, basée à Montréal, a obtenu une commande historique de 1,7 milliard $US pour 50 avions d’affaires, accompagnée d’un accord de service complet qui pourrait transformer les perspectives financières de l’entreprise pour les années à venir.
L’entente, annoncée hier au siège social de Bombardier, représente l’un des plus importants achats d’avions d’affaires depuis que la pandémie a perturbé l’industrie aéronautique en 2020. L’acheteur, dont l’identité demeure confidentielle en raison d’obligations contractuelles, s’est engagé pour une flotte mixte d’appareils des séries Challenger et Global, avec des livraisons prévues dès le début de 2026.
“Cette commande reflète la confiance croissante dans le voyage d’affaires haut de gamme et la position de Bombardier comme chef de file de l’industrie,” a déclaré Éric Martel, président et chef de la direction de Bombardier. “Plus important encore, elle valide notre virage stratégique pour nous concentrer exclusivement sur les avions d’affaires suite à la cession de nos divisions d’avions commerciaux et ferroviaires.”
La transaction comprend un accord de service de 10 ans évalué à environ 400 millions $US, offrant à Bombardier un flux de revenus stable au-delà de la livraison initiale des appareils. Les analystes de l’industrie soulignent que cette composante de service après-vente est devenue de plus en plus cruciale pour la rentabilité à long terme des constructeurs aérospatiaux.
“L’accord de service est peut-être l’aspect le plus significatif de cette entente,” a expliqué Maria Thompson, analyste en aviation. “Il transforme Bombardier d’un simple fabricant en un partenaire à vie pour ses clients, assurant des revenus récurrents qui aident à lisser la nature cyclique des ventes d’avions.”
Cette commande arrive à un moment critique pour le constructeur canadien, qui a subi une transformation dramatique depuis 2020. Après avoir vendu son activité d’aviation commerciale à Airbus et sa division ferroviaire à Alstom, Bombardier a concentré ses efforts sur le marché des jets d’affaires à forte marge, où elle fait face à une concurrence féroce de Gulfstream et Dassault Aviation.
Les marchés financiers ont réagi positivement à l’annonce, avec les actions de Bombardier en hausse de 6,8 % à la Bourse de Toronto. La capitalisation boursière de l’entreprise a maintenant retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, reflétant la confiance des investisseurs dans son modèle d’affaires spécialisé.
L’entente souligne également la remarquable résilience du marché des jets d’affaires haut de gamme. Alors que l’aviation commerciale poursuit sa reprise graduelle après les restrictions de voyage liées à la pandémie, l’aviation privée a rebondi plus rapidement, portée par les particuliers fortunés et les entreprises cherchant à éviter les aéroports bondés et à maintenir des horaires de voyage flexibles.
Selon les données sectorielles de la General Aviation Manufacturers Association, les livraisons de jets d’affaires ont augmenté de 11 % en 2024 par rapport à l’année précédente, le segment des très longs courriers montrant une force particulière.
Pour l’industrie aérospatiale canadienne, qui emploie plus de 200 000 personnes et contribue annuellement à hauteur d’environ 28 milliards de dollars à l’économie nationale, le succès de Bombardier représente un signe bienvenu de stabilité après des années d’incertitude.
“Cette commande démontre que l’innovation aérospatiale canadienne demeure mondialement compétitive,” a déclaré le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. “Le succès de Bombardier se traduit directement par des emplois de qualité et une croissance économique à travers le Québec et le Canada.”
Alors que Bombardier se prépare à honorer cette commande substantielle, des questions demeurent quant à savoir si cela signale le début d’une reprise plus large de l’industrie ou représente simplement une demande refoulée après plusieurs années de comportement d’achat prudent. Ce qui est certain, c’est que le fleuron aérospatial canadien a sécurisé sa position dans le segment premium de l’aviation mondiale pour l’avenir prévisible.
Bombardier profitera-t-elle de cet élan pour accélérer le développement de technologies aéronautiques plus durables? Cela reste le prochain défi crucial pour une entreprise qui a traversé des turbulences importantes mais semble maintenant avoir trouvé un ciel dégagé devant elle.