Les exportations canadiennes vers les États-Unis ont augmenté de 3,2 % en juin, marquant le troisième mois consécutif de croissance dans cette relation commerciale transfrontalière cruciale. Pourtant, malgré cette trajectoire positive, les volumes d’échanges globaux demeurent 5,7 % en dessous des projections pour l’exercice financier, selon les données publiées hier par Statistique Canada.
Les chiffres de juin révèlent une image complexe du plus important partenariat commercial du Canada. Les exportations automobiles ont mené la hausse avec une augmentation de 4,6 %, principalement tirée par les composants de véhicules électriques, les fabricants américains accélérant leur production pour répondre aux nouvelles normes fédérales d’émissions. Les exportations d’énergie ont suivi de près avec une croissance de 3,9 %, bien que cela représente une modération par rapport à l’augmentation de 5,2 % en mai.
“Nous constatons une résilience dans le corridor commercial malgré des vents contraires persistants,” a déclaré Mariana Chen, économiste en chef à l’Institut du commerce de Toronto. “La question clé n’est pas de savoir si nous croissons d’un mois à l’autre, mais si ce rythme est suffisant pour maintenir la position concurrentielle du Canada dans un marché mondial de plus en plus fragmenté.”
Les données mettent en évidence des tendances préoccupantes sous la surface. Bien que la valeur absolue en dollars des exportations ait atteint 36,2 milliards de dollars en juin, les volumes d’importations en provenance des États-Unis ont augmenté plus rapidement, à un taux de 4,1 %, élargissant le déficit commercial du Canada à 3,8 milliards de dollars – l’écart le plus important depuis février 2024.
Les fabricants canadiens sont aux prises avec des défis de productivité qui précèdent la pandémie mais se sont intensifiés depuis 2023. Le secteur des machines industrielles a vu ses exportations diminuer de 2,3 % malgré une demande croissante, suggérant des contraintes de capacité plutôt qu’une faiblesse du marché.
“Nous atteignons des plafonds de production dans plusieurs secteurs clés,” a déclaré Paul Lejeune, vice-président des opérations chez Quantum Industries, basée à Montréal. “Le marché du travail reste tendu, particulièrement pour les rôles manufacturiers spécialisés, ce qui limite notre capacité à capitaliser sur la demande américaine.”
Les exportations agricoles ont constitué un point positif, avec une augmentation de 6,8 % stimulée par les expéditions de cultures spécialisées vers les États du nord confrontés à des conditions météorologiques inhabituelles. Cependant, les analystes préviennent que cela pourrait représenter une opportunité temporaire plutôt qu’une tendance durable.
Les dispositions révisées “Buy American” de l’administration Biden-Harris ont créé une complexité supplémentaire pour les exportateurs canadiens, avec de nouvelles exigences de certification ajoutant des coûts administratifs. Ces barrières non tarifaires ont particulièrement affecté les entreprises de taille moyenne sans départements de conformité dédiés.
La relation bilatérale fait face à des tests supplémentaires dans les mois à venir, alors que la Commission du commerce international devrait se prononcer sur les différends contentieux concernant le bois d’œuvre d’ici septembre. Une décision défavorable aux producteurs canadiens pourrait davantage éroder les volumes d’échanges dans un secteur déjà opérant en deçà de son potentiel.
Les données provinciales révèlent des disparités régionales, l’Ontario et le Québec affichant de meilleures performances à l’exportation (+4,1 % et +3,8 % respectivement) par rapport aux provinces de l’Ouest (+2,7 %). Cette division est-ouest a suscité des appels pour des politiques commerciales fédérales plus ciblées régionalement.
Les économistes prévoient une croissance modérée au cours du troisième trimestre, mais avertissent que l’inflation persistante dans les deux pays pourrait freiner les dépenses de consommation et finalement réduire les volumes d’échanges d’ici la fin de l’année si les banques centrales maintiennent des positions monétaires restrictives.
Les derniers chiffres arrivent alors que les représentants commerciaux des deux nations se préparent à des discussions préliminaires sur la mise à jour de dispositions spécifiques de l’accord ACEUM, qui contient des mécanismes d’examen intégrés qui s’activeront en 2026.
Alors que le commerce transfrontalier continue d’évoluer, les entreprises canadiennes font face à un défi fondamental : s’adapter aux politiques industrielles américaines changeantes tout en naviguant à travers les contraintes nationales. Les chiffres de juin suggèrent des progrès, mais le chemin pour atteindre les objectifs annuels reste escarpé.