Dans une conclusion déchirante à une affaire qui a exposé les failles critiques de notre système judiciaire, Gérald Ouellet, emprisonné injustement pendant près de deux décennies, est décédé d’un cancer quelques mois seulement après avoir obtenu sa réhabilitation. L’homme de 65 ans du Nouveau-Brunswick est mort mardi matin entouré des membres de sa famille qui s’étaient battus sans relâche pour sa liberté et sa réhabilitation.
Ouellet a passé 18 ans derrière les barreaux pour une condamnation d’agression sexuelle qui a finalement été annulée en janvier, marquant l’un des dénis de justice les plus flagrants du Canada atlantique. Son cas a renouvelé les appels à une réforme judiciaire et a mis en lumière le coût humain dévastateur des condamnations injustifiées.
“Gérald n’a jamais pu vraiment profiter de la liberté qu’il méritait,” a déclaré Emma Collins, la sœur d’Ouellet qui a maintenu son innocence tout au long de son incarcération. “Le système lui a volé près de vingt ans, et puis le cancer lui a volé le peu de temps qu’il lui restait pour reconstruire sa vie.”
La condamnation de 2003 a été annulée après que de nouvelles preuves ADN et des témoignages aient contredit la thèse de l’accusation. Les documents judiciaires ont révélé de graves lacunes dans l’enquête, notamment des preuves négligées et des procédures d’identification des témoins problématiques qui ont contribué au verdict injuste.
Pendant son emprisonnement, Ouellet a maintenu son innocence tout en développant des relations avec des groupes de défense comme Innocence Canada, dont l’équipe juridique a finalement contribué à obtenir sa réhabilitation. Son avocat, Martin Davidson, a noté que le diagnostic de cancer terminal d’Ouellet est arrivé quelques semaines seulement après sa libération.
“La tragédie ici va au-delà de l’injustice évidente,” a déclaré Davidson. “Gérald a reçu un diagnostic de cancer de stade quatre peu après sa libération. Les soins médicaux qu’il a reçus pendant son incarcération n’ont pas détecté son état jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour un traitement efficace.”
Le ministère de la Justice du Nouveau-Brunswick a présenté des excuses officielles et a entamé des procédures d’indemnisation, bien que la résolution profitera maintenant à la succession d’Ouellet plutôt qu’à l’homme lui-même. La ministre de la Justice, Patricia Monroe, a reconnu le “préjudice irréparable” causé par cette condamnation injustifiée, mais a refusé de commenter d’éventuels changements systémiques.
Les experts en justice pénale considèrent le cas d’Ouellet comme emblématique de problèmes plus profonds au sein du système juridique canadien. Le professeur Ryan Thompson de la faculté de droit de l’Université Dalhousie a déclaré : “Nous observons une tendance inquiétante où les réhabilitations arrivent souvent trop tard pour une restitution significative. La personne injustement condamnée passe en moyenne 13 ans incarcérée avant d’être réhabilitée.”
Les groupes de défense réclament des réformes substantielles, notamment une surveillance médico-légale renforcée, des mécanismes de révision obligatoires pour les condamnations fondées principalement sur des témoignages et des cadres d’indemnisation améliorés pour les personnes réhabilitées.
Un service commémoratif pour Ouellet est prévu vendredi dans sa ville natale de Moncton, où les membres de la communauté prévoient d’honorer non seulement sa vie, mais aussi sa quête inébranlable de justice. Sa sœur Emma espère que son histoire catalysera un changement significatif : “Gérald a toujours dit qu’il ne voulait pas que ce qui lui est arrivé arrive à quelqu’un d’autre.”
Alors que le Canada est aux prises avec ce dernier cas de condamnation injustifiée, la question demeure : combien d’autres innocents devront perdre des années irremplaçables — ou dans le cas d’Ouellet, leur vie entière après leur réhabilitation — avant que nous mettions en œuvre les réformes nécessaires pour prévenir de telles injustices profondes?