Dans une révélation frappante qui souligne la pression croissante sur le système de santé de la Colombie-Britannique, le ministre provincial de la Santé Adrian Dix a confirmé hier qu’environ 6 000 travailleurs de la santé sont actuellement en congé prolongé des postes de soins en santé mentale à travers la province. Ce manque important d’effectifs survient à un moment où les services de santé mentale font face à une demande sans précédent, créant ce que les experts décrivent comme une “tempête parfaite” dans le paysage des soins de santé de la province.
“Nous observons l’impact cumulatif de l’épuisement lié à la pandémie, des pénuries de personnel et des demandes croissantes de services,” a reconnu Dix lors d’une conférence de presse à l’Assemblée législative provinciale à Victoria. “Ces 6 000 personnes représentent des lacunes critiques dans notre infrastructure de santé mentale que nous travaillons avec diligence à combler.”
Cette révélation fait suite à des mois d’inquiétudes croissantes de la part des groupes de défense des soins de santé concernant la détérioration des conditions dans les établissements de santé mentale. Selon les données du Syndicat des infirmières de la Colombie-Britannique, les absences en milieu de travail dans les établissements de santé mentale ont augmenté de près de 37 % depuis 2021, les congés pour stress et les demandes d’invalidité atteignant des niveaux historiques.
La Dre Samantha Chen, chef des services psychiatriques à l’Hôpital général de Vancouver, a mis ces chiffres en contexte. “Ce que nous observons n’est pas simplement un problème de personnel—c’est un défi systémique qui reflète les pressions intenses que les travailleurs de la santé ont endurées ces dernières années,” a-t-elle expliqué. “Les professionnels de la santé mentale sont particulièrement vulnérables à la fatigue de compassion et aux traumatismes indirects lorsque les ressources sont limitées.”
La province a annoncé une stratégie de rétablissement complète qui comprend des processus d’embauche accélérés, des forfaits de rémunération accrus pour les professionnels de la santé mentale et des services de soutien élargis pour les travailleurs de la santé souffrant d’épuisement professionnel. L’initiative alloue 142 millions de dollars aux efforts de recrutement et de rétention ciblant spécifiquement les postes en santé mentale.
Les critiques se demandent toutefois si ces mesures permettront de résoudre les problèmes sous-jacents. La porte-parole de l’opposition en matière de santé, Shirley Bond, a qualifié la situation actuelle de “crise qui se prépare depuis des années” lors des débats législatifs de la semaine dernière. “Le gouvernement a constamment sous-investi dans l’infrastructure de santé mentale alors que la demande de services a explosé,” a déclaré Bond, citant des statistiques montrant une augmentation de 28 % des références en santé mentale dans toute la province depuis 2020.
Les syndicats de la santé ont également exprimé leur scepticisme. “Bien que nous accueillions favorablement des ressources supplémentaires, nous avons besoin de réformes fondamentales dans la façon dont les soins de santé mentale sont structurés et dispensés,” a déclaré Michael Sandler, directeur exécutif des Infirmières et infirmiers praticiens de la Colombie-Britannique. “Nos membres partent parce que le système lui-même est insoutenable.”
La pénurie de travailleurs a des impacts tangibles sur la prestation de services. Les temps d’attente pour les consultations non urgentes en santé mentale sont maintenant en moyenne de 11,3 semaines dans le Grand Vancouver et jusqu’à 16 semaines dans les communautés nordiques, selon les données du ministère de la Santé. Les visites aux urgences pour des crises de santé mentale ont augmenté de 22 % d’une année à l’autre, exerçant une pression supplémentaire sur les ressources hospitalières.
Le ministre Dix a souligné que relever ces défis demeure une priorité gouvernementale. “Nous mettons en œuvre à la fois des mesures de secours immédiates et des changements structurels à long terme,” a-t-il déclaré. “Cela comprend l’expansion des options de soins virtuels, l’intégration de plus de travailleurs de soutien par les pairs, et la création d’arrangements de travail plus flexibles pour nos professionnels de la santé mentale.”
Les experts en politique de santé notent que la situation de la Colombie-Britannique reflète des tendances nationales plus larges. “Partout au Canada, nous voyons des systèmes de santé qui luttent pour la rétention dans les services de santé mentale,” a observé la Dre Karen Urbanoski, chercheuse en politique de santé à l’Université de Victoria. “La différence en Colombie-Britannique est l’ampleur du défi et comment il s’entrecroise avec d’autres pressions sur les soins de santé comme l’abordabilité du logement et la crise continue de consommation de substances.”
Alors que le gouvernement et les dirigeants des soins de santé travaillent à mettre en œuvre des solutions, des questions fondamentales demeurent : Comment les services de santé mentale peuvent-ils être restructurés pour soutenir plus efficacement à la fois les patients et les fournisseurs? Et que faudra-t-il pour créer un environnement de soins de santé où les professionnels dévoués peuvent offrir durablement les soins dont les Britanno-Colombiens ont de plus en plus besoin?