L’ombre du passé industriel continue de planer sur l’ouest de Calgary alors que les responsables municipaux confirment qu’il n’y a pas de plans immédiats pour traiter la contamination à la créosote vieille de plusieurs décennies sous le quartier. Cette décision survient malgré l’inquiétude croissante des résidents et des défenseurs de l’environnement qui s’inquiètent des impacts potentiels à long terme sur la santé de ce produit toxique de préservation du bois qui persiste dans le sol depuis la fermeture d’une usine de traitement il y a près de 60 ans.
“Nous surveillons la situation, mais il n’y a actuellement aucune stratégie active d’assainissement pour le secteur ouest,” a expliqué Sarah Martinez, coordinatrice d’évaluation environnementale de Calgary, lors de la réunion du conseil municipal de lundi. “Notre priorité reste d’assurer la sécurité publique pendant que nous évaluons l’approche la plus efficace face à ce scénario de contamination complexe.”
La contamination de l’ouest provient d’une installation de traitement du bois Canada Créosote qui a fonctionné le long de la rivière Bow de 1924 à 1962. Pendant des décennies, l’usine a utilisé de la créosote—un mélange de centaines de produits chimiques connus pour inclure des cancérigènes—pour préserver les traverses de chemin de fer et les poteaux électriques. Après la fermeture de l’usine, l’héritage toxique est resté enfoui sous ce qui deviendrait plus tard un quartier résidentiel et commercial dynamique.
Santé Canada classe la créosote comme “cancérigène probable pour l’homme”, avec des liens potentiels avec les cancers de la peau, du système respiratoire et digestif en cas d’exposition prolongée. La zone de contamination s’étend sur des portions d’Eau Claire, du centre-ouest, et des sections le long du réseau de sentiers de la rivière Bow—zones où habitent maintenant des milliers de Calgariens.
Ce n’est pas la première fois que Calgary affronte son problème de créosote. En 2018, le gouvernement provincial a alloué 45 millions de dollars pour traiter la contamination sur la bordure est de la zone touchée, y compris l’assainissement près du développement prévu pour l’aréna des Flames de Calgary. Cependant, la zone ouest plus large est restée largement non traitée.
L’ingénieure environnementale Dr. Eliza Thornton de l’Université de Calgary note que bien que les risques immédiats pour la santé semblent minimes en raison de la profondeur de la contamination, des questions demeurent sur les modèles d’exposition à long terme. “Sans tests complets et assainissement, nous menons essentiellement une étude de santé multigénérationnelle non intentionnelle sur les résidents de l’ouest,” a-t-elle déclaré.
La position actuelle de la ville repose sur une stratégie de confinement plutôt que d’élimination. Les responsables maintiennent que la plupart de la contamination se trouve sous la nappe phréatique et sous plusieurs mètres de remblai propre, créant ce qu’ils décrivent comme une barrière naturelle entre les résidents et les toxines. La surveillance régulière des eaux souterraines montre que le panache de contamination ne se propage pas activement, selon les documents municipaux.
Des résidents comme Marcus Hendricks, qui vit dans l’ouest depuis plus d’une décennie, expriment leur frustration face au manque d’action. “Tous les quelques années, ce problème refait surface, on parle du problème, puis il disparaît à nouveau de la conversation publique,” a déclaré Hendricks. “Pendant ce temps, nous élevons des familles ici avec cette menace invisible potentiellement sous nos pieds.”
La réalité financière d’un assainissement complet présente un obstacle important. Les spécialistes de l’évaluation environnementale estiment qu’un nettoyage complet pourrait coûter plus de 300 millions de dollars—des fonds que la ville dit ne pas être actuellement disponibles compte tenu des priorités concurrentes en infrastructure. Un financement provincial et fédéral serait probablement nécessaire pour tout effort d’assainissement à grande échelle.
La situation met en évidence un défi croissant pour les villes canadiennes aux prises avec des héritages de contamination industrielle alors que le développement urbain s’étend dans des zones autrefois industrielles. Des scénarios similaires se sont déroulés à Hamilton, Ontario et Saint John, Nouveau-Brunswick, où des installations de créosote ont autrefois fonctionné.
Alors que Calgary continue de développer ses zones riveraines et son centre-ville, la question devient de plus en plus urgente : à quel moment le coût potentiel pour la santé de l’inaction dépasse-t-il le coût financier de l’assainissement pour un problème de contamination qui persiste déjà depuis plus d’un demi-siècle?